Ecrit le 13 octobre 2004
Diplômés en 2003 : 1 diplômé sur 2 a un emploi en 2004
Formation, formation : c’est le remède miracle au chômage. La réalité est plus dure. Selon l’APEC (association pour l’emploi des cadres) « en avril 2004, un diplômé sur deux de la promotion 2003 est en emploi (51%), 43 % sont à la recherche d’un premier emploi, les 6 % restants sont à la recherche d’un nouvel emploi ».
Pourtant 80 % des diplômés étaient prêts à une mobilité pour obtenir un emploi qui correspondrait à leurs attentes.
La moitié des embauchés a été recruté sur un poste cadre, un tiers n’a que le statut d’employé.
Ecrit le 13 octobre 2004
France : rechute du marché de l’emploi en août 2004
Le chômage en France a augmenté de 0,5 % en août 2004, selon les chiffres du ministère de l’emploi. 12 000 demandeurs d’emploi supplémentaires, 2 453 100 au total (uniquement pour les demandeurs de catégorie 1). Cette hausse annule la baisse enregistrée en juillet. Le taux de chômage au sens du Bureau International du Travail, repasse à 9,9 % en août, après sa baisse à 9,8 % au mois précédent.
dégradation du chômage des jeunes (+ 0,4 % sur un mois), des 50 ans et plus (+ 0,9 %) et de longue durée (+ 0,2 %). La France est, comme les Etats-Unis, confrontée à une « croissance sans emplois ».
Et pourtant le moral des ménages bondit en septembre, selon l’Insee. L’annonce de l’augmentation du chômage pourrait tempérer l’élan d’optimisme des ménages.
Ecrit le 26 octobre 2004 :
Le rapport Camdessus
Vous pouvez lire le rapport Camdessus à l’adresse suivante :
http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/044000498/0000.pdf
Ce rapport Camdessus comporte un certain nombre de phrases comme celle-ci : « Les branches professionnelles devraient entreprendre un programme de revalorisation du travail manuel incluant les conditions de travail, la formation, la qualification et le développement de carrière et la rémunération » ou celle-ci :
« Protéger les personnes et non pas les emplois existants ». Voeu pieux ...
Mais surtout le rapport Camdessus propose de précariser les contrats de travail en CDI : « suppression du CDD et création d’un contrat unique à durée indéterminée dans lequel les droits relatifs à la protection d’emploi et à l’indemnisation se renforceraient progressivement. » (...) « nouvelle souplesse (...) ». « Les procédures de licenciement connaîtraient une progressivité comparable, permettant à l’entreprise de gérer son personnel en fonction de ses besoins réels ». Le patronat applaudit !
Le rapport Camdessus propose de décharger les entreprises de leurs responsabilités sociales et de reporter la charge sur l’Etat : « faire reposer cette protection des salariés sur la collectivité [au lieu de] sur des entreprises qui licencient » (...) « la responsabilité de ces entreprises en matière de chômage doit s’exprimer vis-Ã -vis de la société, qui aura à faire face aux problèmes des personnes licenciées si elles ne sont pas convenablement traitées au niveau de l’entreprise. ». On peut faire confiance à la Droite pour dédouaner l’entreprise de toute responsabilité !
Le rapport estime que le SMIC est trop élevé : « Il est à l’heure actuelle de 7,61 € de l’heure y compris les charges salariales, ce qui se monte à 11 € charges employeurs comprises avant allégement. Après allègement, le coût est ramené à 9,2 €. » - « Le salaire minimum garantit un revenu décent à ceux qui ont un travail, mais empêche les moins qualifiés qui n’en ont pas d’en trouver un. ». Un salaire décent, le SMIC ?
Il propose donc « que l’évolution du SMIC ne soit plus accentuée par des » coups de pouce " et que la Prime pour l’emploi serve à revaloriser le niveau de vie des salariés ayant de faibles revenus. Tout bénéfice pour le patron puisque la dite-prime est versée par l’Etat ! M. Camdessus le reconnaît lui-même : pour un montant global de 2,4 milliards d’€, elle bénéficie à plus de 8 millions de ménages qui touchent à ce titre en moyenne 250 € par an en réduction (ou remboursement) d’impôt à partir de l’année qui suit la reprise de l’emploi. Juste un petit calcul : cela équivaut à 0,15 € de l’heure soit 2 % du SMIC. La fortune !
M. Camdessus propose de cibler cette prime sur les salariés qui, au chômage, prennent un emploi à temps partiel. Cela veut-il dire la suppression de la prime pour tous les salariés à bas revenus, et à temps complet ?
Taxis, pharmacies, commerce
Le rapport Camdessus veut mettre fin à un certain nombre de monopoles (taxis parisiens, pharmacies) et donner de nouvelles règles au commerce (ouverture tous les jours de la semaine), autoriser les banques à rémunérer les dépôts et à faire payer les chèques.
Admirons enfin le vocabulaire de ce rapport : « notre économie et les économies environnantes auront connu des évolutions qui ne feraient plus des 35 heures un obstacle dirimant à l’optimisation de notre croissance. »
« Dirimant = qui annule » . L’expression aurait été plus simple ... mais trop parlante sans doute !
Ecrit le 3 novembre 2004
Pourquoi enterrer si vite le rapport Camdessus ?
Selon Eric Le Boucher, journaliste économique au Monde , « l’important rapport de Michel Camdessus sur la croissance française a été remisé en deux jours ». Il le déplore.
Le riche M. Seillière, patron du Medef, a affirmé qu’il y avait « énormément de similitudes » entre ses propres revendications et les conclusions du rapport . Le journaliste, cependant, s’interroge : « Est-il »libéral« de réaffirmer que le chômage reste la plaie principale de la France ? Que cela prive d’avenir les jeunes les moins qualifiés ? Qu’il faut taxer les entreprises qui licencient ? Qu’il faut développer la participation des salariés ? Qu’il faut limiter les rémunérations des hauts dirigeants ? Qu’il faut aider au développement de la vie associative ? ».
Le journaliste s’interroge ... mais il ne pose pas les vraies questions, il ne connaît pas la réalité du terrain. Il ne sait pas ce que sont les « travailleurs pauvres » étranglés entre un salaire qui stagne autour du SMIC et des dépenses obligatoires qui progressent sans cesse (essence, chauffage, etc). Il ne sait pas la différence qu’il y a entre les grands principes, souvent généreux, et la réalité concrète des choses.
Trois exemples frappants
Un exemple : cela fait des années qu’on dit qu’il faut permettre aux seniors de travailler jusqu’Ã l’âge de la retraite. Les patrons ne le faisant pas, il a été créé en 1987 une « contribution Delalande » obligeant les entreprises qui licencient des travailleurs de plus de 50 ans à verser une contribution supplémentaire à l’UNEDIC. résultat : les patrons ont contourné la loi en freinant les embauches des travailleurs de plus de 45 ans.
Un deuxième exemple : le rapport Camdessus aborde la question des heures supplémentaires, qui permettraient individuellement aux salariés de travailler plus, et de gagner effectivement plus. « Le salarié ayant toute latitude pour accepter ou refuser ». Dans la réalité, des salariées tenaient des stands devant les Galeries Lafayette à Paris. 39 heures par semaine, payées 35, donc 4 heures de travail gratuites. Elles réclament le paiement. L’em-ployeur régularise, puis mute 35 salariées dans trois entreprises concurrentes, en ne conservant que les salariées qui avaient demandé le paiement des heures supplémentaires. Et puis, il déclare son entreprise en cessation de paiement.... Licenciement collectif .
(info de l’Humanité du 29.10.04)
Un troisième exemple : Airbus Saint Nazaire.
D’abord Airbus va bien. Pour le premier semestre 2004, EADS, groupe auquel appartient Airbus, enregistre un résultat net de 387 millions d’euros (en hausse de 119 % par rapport au même semestre de 2003). Pour la branche Airbus le chiffre d’affaires est en hausse de 14 % à 10 027 millions d’euros. La charge de travail à venir est considérable avec une augmentation conséquente des livraisons dès 2005. En 2003, 305 avions ont été livrés. Pour 2004 la prévision est de 323, pour 2005 : 372 et en 2006 : 435.
Comme disent les grands Dirigeants d’Airbus : « Lorsqu’on a un carnet de commande bien rempli il faut augmenter les embauches » . HEIN ? VOUS AVEZ DIT QUOI ? Les embauches ? MAIS NON, IL FAUT AUGMENTER LES-CA-DEN-CES et la précarité.
En décembre 2003, il y avait 2223 salariés. En octobre 2004 il n’y en a plus que 2203. Mais l’intérim a explosé : 0 salarié en 2002 et 250 en août 2004 (chiffre donné au comité d’entreprise). « Airbus fait le choix d’une gestion sur le long terme par la création d’un vivier d’intérimaires renouvelables plutôt que d’embaucher en contrat à durée indéterminée » dit la CGT qui considère que « la plupart des marchands de bonhommes sont des tricheurs » qui violent les lois sur l’intérim
Comme disent les grands Dirigeants d’Airbus, « Il faut travailler à moindre coût et à haute flexibilité » . Pour la CGT le recours à la sous-traitance et à l’intérim n’a qu’un but « l’accroissement de la marge financière pour satisfaire les exigences des actionnaires. Il faut savoir que les dividendes versés aux actionnaires s’élèvent à 325 millions d’euros, soit une hausse de 30 % et on leur promet encore mieux les prochaines années » (Communiqué CGT)
On pourrait multiplier les exemples de « patrons voyous » qui contournent les lois en toute impunité. Dans le rapport Camdessus, le patronat n’appliquera que les réformes qui l’arrangent et contournera le reste.
Alors toutes les belles paroles ... non merci ... on sait qu’elles seront lettre morte !
Ecrit le 3 novembre 2004 :
Lu dans la revue Acrimed
« Rapport Camdessus » : Renvoi d’ascenseur entre un économiste et lui-même.
Dans le numéro 233 de Challenges - qui s’appelle lui-même « le news de l’économie » - (édition du 21/10 /2004), on trouve en page 42 un article de « l’économiste de Challenges », Patrick Artus (qui est aussi « Economiste en chef de la Caisse des dépôts et Consignations » ). Titre de l’article : « Réforme du marché du travail. Les bonnes réponses du rapport Camdessus » .
Challenges s’inscrit ainsi dans le concert de louanges des médias dominants sur l’effrayant inventaire néolibéral à quoi se résume ce rapport (« travailler plus » , « travailler plus longtemps » , supprimer le contrat de travail à durée indéterminée, lutter contre les « trappes à inactivité » , ne plus augmenter le SMIC, « supprimer les réglementations qui visent essentiellement à protéger des situations acquises » , « agiliser l’Etat » (sic), « maîtriser la dépense publique » , « [généraliser] à l’ensemble de la sphère publique [...] la contrainte budgétaire et financière » , etc.).
« Nos valeurs sont de bonnes valeurs ! »
Ce qui est original dans la démarche de Challenges, c’est que l’auteur de l’article qui trouve « bonnes » les réponses du rapport Camdessus était... l’un des vingt membres de la commission qui a rédigé le rapport ! Mais ce petit « détail » n’est mentionné à aucun moment...
En matière de « pensée unique », Challenges franchit donc un ultime palier : plus besoin de « connivence » puisque le renvoi d’ascenseur se fait désormais directement de soi à soi !
La main droite écrit le rapport qui préconise la régression de l’Etat social tandis que la main gauche célèbre la lucidité et la clairvoyance de la main droite !
La boucle est bouclée. Le pouvoir économique tente une fois de plus de contrôler l’opinion publique
D’après Philippe Monti, dans la revue Acrimed