(écrit le 8 Octobre 2003)
Manifestation ambiguë , ce jeudi 3 octobre 2003 à la Halle de Béré : le groupe local « SOS Femmes et enfants maltraités » a invité 200 personnes pour un cocktail dînatoire financé par Philip Morris. Cela n’a pas manqué de gêner certaines personnes : « le tabac tue nos jeunes et finance SOS femmes ! » ont dit un certain nombre de personnes, tandis que d’autres ne se posaient pas de problème : « l’argent est toujours bon à prendre ».
Les grandes sociétés ont en effet un budget « communication-action sociale » qui leur permet d’avoir bonne conscience tout en faisant leur publicité. Le groupe Philip Morris qui compte quelque 40 000 collaborateurs, exerce ses activités dans plusieurs secteurs : le tabac (Philip Morris), le secteur alimentaire (Kraft Foods), la brasserie (Miller) et les services financiers (Philip Morris Capital Corporation). Il affichait 78 milliards de chiffre d’affaires en 1999. La somme de 15 000 € qu’il a donnée à SOS Femmes représente donc 0,00002 % de son chiffre d’affaires. Une petite goutte d’eau pour une grosse compromission avec une industrie qui est responsable de 4 millions de décès annuels dus au tabac dans le monde.
Selon la loi 91-32 du 10 janvier 1991, en son article 3 (loi publiée au journal officiel du 12 janvier 1991 page 615) :
EST PROHIBÉE TOUTE PROPAGANDE OU PUBLICITÉ, DIRECTE OU INDIRECTE, (...), DE MÊME QUE TOUTE OPÉRATION DE PARRAINAGE DÈS LORS QU’ELLE INDUIT UN DES TYPES DE PUBLICITÉS VISÉS PLUS HAUT.
Ainsi, le cocktail du 3 octobre, au cours duquel il a été fait mention du soutien de la société Philip Morris, est totalement illégal.
Avec ces modestes 15 000 € (1), l’association SOS Femmes entend salarier une secrétaire à mi-temps et étendre un peu son action vers le milieu rural. (2)
L’association tourne avec 8 bénévoles, gère un logement d’urgence (pour 3 femmes et 5 enfants) généreusement mis à disposition par des castelbriantais, et peut compter sur un hôtel castelbriantais qui, avec discrétion, accueille les femmes qui quittent le domicile conjugal en situation d’urgence.
L’association concerne les femmes, mais Michel Machard, médecin, a rappelé que la violence touche tout le monde, et qu’il y a aussi des hommes battus. « La maltraitance fait partie de l’être humain. Il importe de réagir rapidement ».
Ecrit le 15 octobre 2003 :
Shirin Ebadi,
Nobel de la Paix
L’Iranienne Shirin Ebadi, qui a reçu, le 10 octobre 2003, le prix Nobel de la paix, est une militante des droits de l’Homme, de la Femme et de l’Enfant, une avocate qui s’est fait une spécialité des causes ardues dans un pays où une femme vaut la moitié d’un homme.
Première femme juge en Iran pendant la période du Shah, elle a été contrainte de changer de profession avec l’instauration de la République islamique et l’interdiction faite aux femmes de juger.
Militant pour la reconnaissance d’un statut des femmes en Iran, Shirin Ebadi, 56 ans, est la cible de prédilection des ultra-conservateurs de son pays.
Elle a alors été condamnée à huis clos, en même temps qu’un autre avocat défenseur des droits de l’Homme, à une peine de prison et cinq années d’interdiction d’exercer , pour avoir défendu un militant qui avait osé révéler comment son groupe d’extrémistes islamistes avait reçu instruction de briser les manifestations et toute contestation.
Voir articles page 1588, et pages 1592 et suivantes