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POUANCE
(écrit le 9 mai 2001)
Six semaines après les élections municipales, maintenant que les esprits se sont un peu calmés, il est temps de revenir sur ce qui s’est passé à Pouancé. L’équipe en place depuis 6 ans, sous la direction de son maire Serge Trosvalet, a gagné les élections des 11-18 mars 2001. emportant 14 sièges sur 23, ce qui est une belle victoire, compte-tenu de la personnalité de l’adversaire. Mais cela ne s’est pas fait sans laisser des plumes : la perte de 3 adjoints importants.
L’agresseur
Face à Serge Trovaslet se présentait Jacques Béline, Vice-président du Conseil Général, Conseiller Régional R.P.R., Maire de Chazé-Henry et président de la communauté de Communes Pouancé-Combrée. Touché par la loi sur le cumul des mandats, il avait décidé d’abandonner son poste de Conseiller Régional et de s’attaquer à la plus grosse mairie du canton, celle de Pouancé.
Au mépris de toute convenance entre élus, il n’avait pas prévenu les deux vice-présidents de la Communauté de Communes. Les 2 ou 3 maires qu’il avait mis dans la confidence l’avaient mis en garde contre cette manœuvre, mais il a décidé de lancer tout de même la bagarre, sûrde gagner : il s’est engagé dans cette opposition à la liste Trosvalet dans son seul intérêt personnel. Il faut dire que ce n’est pas tout-Ã -fait une surprise : Jacques Béline a mené tout seul la Communauté de Communes ces 6 dernières années, se gardant bien de déléguer, ni même de se faire remplacer par ses vice-présidents ou quelque autre membre, quand il ne pouvait se rendre à une réunion.
résultat des courses : dans un premier temps Jacques Béline a cassé le fonctionnement de la communauté de communes ; en même temps il a essayé de casser la Municipalité de Pouancé.
Retour de bâton
Et tout s’est retourné contre lui. A la Communauté de Communes les maires n’ont plus voulu de lui, et n’ont surtout pas fait pression sur Pouancé pour qu’il soit désigné comme délégué. Cet échec l’a conduit à démissionner de son poste de conseiller municipal à Pouancé non sans se plaindre d’avoir été « agressé ». C’est plutôt l’histoire de l’arroseur arrosé !
Donc à Pouancé, à l’issue du 2e tour :
Liste Serge Trovaslet = 14 sièges dont 8 sortants
Liste Béline = 8 sièges dont 6 sortants
Cette opération est l’échec d’un homme hyper-cumulard face à un maire sortant disponible et à l’écoute de ses administrés.
Mais si la victoire est restée à Serge Trosvalet, ce n’est pas sans amertume, étant donné la disparition de 3 adjoints importants : Patrick Pascal (économie, commerce, artisanat et Formation Professionnelle), Jean-Louis Gillier (Urbanisme, logement, environnement et communication), Jean-Claude Roger (Culture, Patrimoine et Tourisme ), qui ont été battus après un travail de sape et des rumeurs entretenues par leurs adversaires. Le mot d’ordre était : le Maire est très bien mais ses adjoints c’est autre chose. Dans une petite commune de 3400 habitants, le vote par panachage a été très clair : sur de nombreux bulletins « la bande des trois » était rayée systématiquement.
Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont rien fait ? Au contraire, ils ont peut-être trop fait (si l’on peut dire qu’on fait trop dans une municipalité).
A son arrivée en 1995, la nouvelle équipe (succédant au clan Beaumond) a eu besoin d’un an et demi pour lancer les projets qu’elle avait en tête. C’est que les choses ne vont jamais aussi vite qu’on le souhaite. Les procédures administratives sont lourdes (surtout lorsqu’il faut passer par l’architecte des Bâtiments de France, les services de la préfecture, de la DATAR, et d’autres). Au niveau du financement, c’est encore plus long, surtout quand il y a des fonds européens à décrocher. L’individu qui souhaite réaliser un projet décroche facilement un crédit bancaire en moins d’un mois. Pour une commune il faut des mois et des mois, avec interdiction de commencer les travaux tant que le financement n’est pas accordé (sous peine de perdre ce financement).
Donc, selon les rumeurs entretenues par l’ancienne équipe (Beaumond), le maire était bien, les adjoints ne l’étaient pas. On peut constater pourtant que la politique municipale a toujours été menée dans le cadre de l’équipe municipale et les projets soutenus par la majorité adoptés souvent à l’unanimité du conseil.
Patrick Pascal
Patrick PASCAL, a toujours été un défenseur de l’école publique. Dans le passé il a milité pour obtenir la construction du collège de Pouancé qui se trouvait dans des baraques préfabriquées depuis son origine. Son combat fut difficile : il avait face à lui le Conseiller Général du Canton, qui était professeur au collège catholique de Combrée ! Pas facile d’obtenir des crédits dans ce cas ! Cette image « laïque » ne l’a pas toujours servi dans un pays angevin traditionnellement très catholique
Au sein de la municipalité, il était chargé du développement économique. En plus de l’accompagnement des entreprises (Trioplast qui a doublé sa production et créé 60 emplois, la fonderie Gargam qui va s’implanter avec 10 emplois, et un transporteur lié à l’entreprise péguform qui a créé 12 emplois), il s’est attaché à la revitalisation du commerce en Centre-Ville, notamment avec la création d’une nouvelle place, la place de la République : il y avait un terrain à vendre, un Ecomarché a été créé, ainsi qu’un bâtiment neuf pour La Poste, un cabinet médical, des logements sociaux et bientôt une halte-garderie. L’ensemble a peu coûté à la commune, grâce aux fonds européens, mais les gens disaient que la commune avait payé le cabinet médical (ce qui est impossible) et oubliaient qu’en cas de construction de logements, c’est le constructeur qui prend en charge la voirie correspondante. Et puis d’autres commerçants se sont plaints, ceux de la Rue St Aubin et de la Place Duguesclin à qui la nouvelle place a fait quelque concurrence. La deuxième phase, concernant la revitalisation de cette rue et de cette place était prévue pour la période 2001-2007. Elle se fera, mais sans Patrick Pascal, balayé par le suffrage universel.
Jean-Louis GILLIER
Jean-Louis GILLIER, lui, est un centriste qui avait souhaité travailler avec l’équipe pour faire bouger Pouancé. Il s’est occupé d’urbanisme et de logement et notamment d’aménagement du pourtour de l’étang de St Aubin. Cet étang, qui donne de l’attrait touristique à la commune, n’était guère accessible.
La volonté de l’adjoint, en plein accord avec la municipalité, a été de permettre d’en faire le tour, y compris avec des poussettes d’enfants et des fauteuils roulants (il y a un centre de handicapés à Pouancé) avec même des pontons pour pêcheurs handicapés.
Avec un point d’accueil jeunes, et divers équipements nautiques, cela fait de cet étang de St Aubin une base de loisirs appréciable pour la région. Mais les vieux Pouancéens ont dû changer leurs habitudes. Cela n’a pas plu .
Jean-Claude ROGER
Jean-Claude ROGER était plutôt le « Monsieur Culture » puisqu’il était animateur de l’Amicale laïque, et créateur du festival « Graine de curieux ». Il a créé à Pouancé une vraie Bibliothèque Municipale , de 220 m2, aux normes de la DRAC (direction des affaires culturelles), avec environ 70 % de subventions.
Il a réalisé aussi l’« Atelier Legault », une salle d’exposition située Place de la République qui n’a coûté que 1 million de francs à la commune, et qui a généré déjà 4500 visiteurs en 10 mois, c’est un lieu culturel dont la dynamique s’étend au delà de Pouancé.
C’était une volonté très forte de toucher tous ceux qui, essentiellement dans le milieu populaire, pensent que la culture c’est pas fait pour eux. Ils sont encore nombreux ceux qui, parlant du théâtre de Verre à Châteaubriant, pensent « ce n’est pas fait pour nous, alors on vote contre » même quand il y a des spectacles gratuits ! Jean-Claude ROGER a donc été victime de ce rejet de la culture « qui coûte trop cher » disait-on, même si c’est faux.
sur Jean-Claude Roger voir aussi page 2093
L’ouverture et les sectaires
D’autres explications peuvent être avancées à la victoire réduite de Serge Trosvalet. Voilà une équipe qui, il y a 6 ans, a fait l’ouverture notamment vers l’enseignement privé. Cela a peut-être rebuté un certain nombre de militants de gauche.
De plus, côté syndical, l’équipe de Trosvalet avait une bon relais en la personne d’un délégué CGT de l’entreprise Peguform, hélas trop tôt décédé. Il a donc manqué un relais avec le milieu ouvrier.
Et voilà comment les dernières élections à Pouancé ont été très destructrices pour les personnes. La démocratie en a pris un coup.
Dans un souci d’ouverture, l’équipe Trosvalet a sollicité une personne de l’équipe Béline pour un poste d’adjoint et proposé de plus un poste de Conseiller délégué.
L’équipe Béline a refusé et Béline lui-même a démissionné (il demeure cependant Conseiller Régional et Conseiller Général).
Il reste à souhaiter que le travail commun se poursuive, dans l’intérêt général.