Ecrit le 10 mai 2017
René
Le 30 avril 2017, René Philippot disait : j’ai commencé à écrire l’histoire de ma vie, je ne sais pas si j’aurai le temps de finir. Le 6 mai, après un malaise auprès de sa ruche, il décédait. Un malheur trop vite arrivé.
Fils de paysans de Treffieux, il avait 9 ans en 1940. Il se souvient de la Kommandantur à Treffieux et du passage des prisonniers de guerre quittant Châteaubriant à pieds pour prendre le train à Savenay en direction des stalags. Il se souvient d’être allé à Oradour sur Glane en 1946. « Comment imaginer la mort de 642 personnes, dont beaucoup d’enfants ?... Cette visite m’a marqué pour la vie et au cours des années m’a fait comprendre combien nos démocraties sont fragiles. Souvenons-nous qu’Hitler à été élu démocratiquement et a instauré le fascisme le plus horrible, provoquant des millions de morts, au nom du racisme et de l’antisémitisme ».
René s’engage, jeune, dans la JAC, pas pour parler de religion, mais pour rencontrer d’autres jeunes et réfléchir sur l’engagement professionnel, le rôle du crédit, la place des femmes en agriculture, la dépendance du fermier par rapport au propriétaire. Il est déjà membre d’une coopérative de viande avec Bernard Lambert. Avec Antoinette, épousée en 1959, il est de tous les combats, à la création d’une CUMA (Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole), plus tard à la constitution d’un GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun). Jusqu’en 1963, il est président du CDJA (Centre départemental des Jeunes Agriculteurs) : « Nous ne pratiquions pas le syndicalisme d’élite : nous préférions le syndicalisme de masse. Il y avait encore du travail à faire pour faire évoluer les esprits » dit-il.
On ne s’étonne pas de le voir actif en 1967-1968, au sein du Groupe d’Etudes Socialistes qui se réunit régulièrement à Châteaubriant, avec notamment Jean Gilois, Bernard Lambert, Henri Baron, André Roul. En 1968, dans la foulée des événements de mai, il se présente comme suppléant de Louis Dubosq, favorable « aux trois pouvoirs, le pouvoir ouvrier, le pouvoir paysan, le pouvoir étudiant », allant même jusqu’Ã rencontrer Pierre Mendès-France le 30 mai 1968 à Paris, et proposant un système de « quantum » : maîtrise de la production avec des prix garantis, répartition des profits et des rémunéra-
tions du travail sur toute la filière : production, transformation, distribution. Ce système n’a malheureusement pas été adopté par le Parti Socialiste.
Dans son milieu agricole, resté très traditionnel, René explique que l’agriculture est dominée par le capitalisme. Il lui faut aussi faire admettre « que nous pouvons être de bons agriculteurs, et de bon chrétiens, mais aussi de gauche ».
Devenu maire de Treffieux, René Philippot s’est battu pendant des mois pour que sa commune aménage le site de Gruellau qu’apprécient tant les habitants de la région. Il s’est dépensé aussi pendant des années pour son aménagement avec toute une équipe de gens aussi déterminés que lui, n’hésitant pas à retrousser les manches et effectuer les travaux nécessaires. Sa fibre écologiste l’a poussé à proposer un centre d’enfouissement technique au lieu-dit Les Brieulles à Treffieux, non sans rencontrer l’opposition de ceux qui préféraient déposer leurs déchets chez les voisins. Ce Centre d’enfouissement, qui s’est doublé d’un centre de tri, toujours dans l’innovation, apporte en outre des subsides à la commune.
René Philippot s’est battu encore dès 1996 pour obtenir la déviation de Treffieux. Celle-ci sera terminée en 2017.
On peut rappeler l’engagement de René dans la Fête de la Solidarité qui se tient à Gruellau chaque année. Rappeler son engagement à Une Famille Un Toit, manifestant sa volonté d’aider les plus démunis. Redire aussi que René, avec son épouse, et même après son décès, tenait maison ouverte pour les amis, pour tous ceux qui venaient parler de leurs projets, mais aussi pour tous les stagiaires de passage, d’Allemagne, du Brésil, du Pays Basque.
Ces derniers temps, malgré ses 86 ans, il n’hésitait pas à aller à Nantes, pour écouter les candidats à la présidentielle et se faire sa propre opinion. C’était quelqu’un, René, il nous manque déjà .
Une longue histoire avec Échanges et Solidarité 44
Parmi les fondateurs de la Fête de la Solidarité,, avec Antoinette son épouse, René accompagna les premiers pas de notre association. c’est lui, en tant que maire de Treffieux, qui proposa le site de Gruellau pour la première Fête de la Solidarité.
Avec les pionniers d’ES44, dont Roland Drouard, Paul Cadorel et d’autres, il fut un visionnaire. Entre autres, son soutien fut décisif pour l’achat effectué en commun de bâtiments des ardoisières de Trélazé. En 1998, durant plus de 3 mois, un grand nombre de bénévoles ont assuré la dépose, le transfert et le remontage de l’actuelle Halle de Gruellau.
d’autre part, tous les aménagements réalisés sur le site de Gruellau : les passerelles, la maison du Bénin, la Maison du Nicaragua, l’implantation du « petit train » avec le concours de l’aCEMFO, et bien d’autres, ont été effectués avec l’accord et le soutien de René et de son Conseil municipal.
c’est lui, également qui, très activement, s’employa à la collecte de ferraille et en parallèle permit la réalisation de la collection de matériels agricoles anciens du C.I.C.P.R.
René, maire et adhérent à ES44, nous a toujours accompagnés et soutenus jusqu’au bout. Son enthousiasme, son optimisme, sa disponibilité, nous ont beaucoup aidés dans la période de lancement de l’association et de son implantation sur le site de Gruellau.
A Échanges et Solidarité 44, nous souhaitons que l’ambiance conviviale et fraternelle, dont il a été l’un des initiateurs à Gruellau, perdure et se développe avec la relève des nouveaux adhérents.
(Communiqué de ESS44, août 2017)