Communiqué d’ATTAC - 25 mai 2010
La retraite : une affaire de jeunes !
Le gouvernement s’est engagé dans une nouvelle réforme à marche forcée du système de retraites. Une nouvelle fois, ce qui est mis en place au nom des jeunes se fait sans eux, et surtout contre eux.
En limitant le débat à l’acceptation pure et simple d’un nouvel allongement de la durée de cotisation, le gouvernement adresse aux jeunes un message implicite, mais clair : la retraite ce n’est plus pour vous !
Attachés à la solidarité entre les générations, nous souhaitons financer un système de retraite par répartition de haut niveau qui garantisse un niveau de pension permettant de vivre pleinement le temps de la retraite. Nous refusons que la retraite par répartition devienne un « filet de sécurité » a minima, insuffisant pour vivre.
Nous refusons la logique d’une retraite basée sur la capitalisation individuelle, inefficace économiquement et inégalitaire socialement.
Nous dénonçons la double peine que nous imposerait un nouvel allongement de la durée de cotisation ou un recul de l’âge légal de départ en retraite :
Nous finançons les pensions d’aujourd’hui, nous refusons d’avoir à épargner en plus pour nos vieux jours dans des fonds de pension qui peuvent être ruinés du jour au lendemain !
Parce que l’âge moyen du premier emploi stable est passé à 27 ans.
Parce que le gouvernement devrait fixer comme priorité de lutter contre le chômage des jeunes et des plus vieux.
Parce qu’Ã la guerre entre les générations nous opposons une société de solidarité.
défendons la retraite à 60 ans pour tous !
Ne laissons pas le gouvernement décider en notre nom !
Manifestons le 27 mai à 10h à Châteaubriant, place de la Relance Sociale (devant la mairie)
Ecrit dans La Mée - 26 mai 2010
Mensonges, manipulations et mauvaise foi : la réforme des retraites en trois dimensions. Voici l’analyse du « Document d’orientation sur la réforme des retraites » faite par ATTAC. 18 mai 2010
Le gouvernement vient d’adresser aux syndicats et au patronat son « Document d’orientation sur la réforme des retraites ».
Il persiste et signe dans son intention d’aggraver encore les conditions de travail des salariés et celles dans lesquelles ils pourront prendre leur retraite. Trois dimensions caractérisent ce projet : le gouvernement ment, il manipule l’opinion et il fait preuve d’une mauvaise foi sans pareille.
Mensonges
Le gouvernement affirme que « la véritable cause du déséquilibre de nos régimes de retraites est la démographie ». c’est doublement faux. Le Conseil d’orientation des retraites a indiqué dans son rapport d’avril 2010 que la principale raison de l’aggravation des déficits sociaux était la crise financière : en 2006, donc avant la crise, le déficit de l’ensemble du système de retraite était de 2,2 milliards d’euros ; en 2008, il atteignait 10,9 milliards et il devrait être de 32,2 milliards en 2010.
d’autre part, l’allongement de l’espérance de vie ne devient une catastrophe que si on refuse de mettre en débat la richesse produite, sa nature, son évolution et la manière dont elle est répartie.
Par ailleurs on veut nous faire croire qu’il faut faire travailler les gens jusqu’au-delà de 60 ans, alors que la situation de crise contraint des millions de personnes à travailler moins que ce qu’elles souhaitent.
Et si on permettait aux jeunes, enfin,
de trouver du travail ?
Manipulations
Le gouvernement affirme s’engager à « écarter toute solution qui baisserait le niveau de vie des Français ou augmenterait le chômage ». Or, prétendre inciter les salariés à travailler plus longtemps, que ce soit en reculant l’âge légal de la retraite ou en augmentant la durée de cotisation, entraîne inéluctablement une baisse du niveau des pensions, malgré tous les serments qui prétendent le contraire. c’est déjà le résultat des contre-réformes de 1993 et de 2003, ce sera le cas avec celle de 2010 si elle est effective.
Alors que le chômage continue d’augmenter, le travail forcé des seniors se substituera à l’emploi des jeunes. Le « travailler plus » des uns se traduira par l’exclusion et la précarité des autres, jeunes, femmes, non diplômés. La reconnaissance de la pénibilité du travail semble se limiter pour le gouvernement aux salariés déjà « cassés » par leur travail, qu’on ne contraindra (peut-être) pas à travailler plus longtemps
Toute alternative au « travailler plus » est a priori exclue sans possibilité de discussion : toute augmentation des cotisations est interdite. On nous dit que les déficits des régimes de retraite se chiffreront par dizaines de milliards d’euros, voire plus de 100 milliards en 2050 : mais on refuse d’accompagner l’évolution démographique par une augmentation des cotisations au fur et à mesure que la richesse s’accroît.
Pourtant la seule application du taux de cotisation patronale aux dividendes distribués comblerait immédiatement tout le déficit actuel de la Caisse nationale d’assurance vieillesse, le régime général de la sécurité sociale.
Quant à la « contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital sans restitution au titre du bouclier fiscal », elle restera largement symbolique au regard des sommes nécessaires. Le flou règne sur ces nouveaux financements, mais le choix de reculer l’âge légal de la retraite et/ou de rallonger la durée de cotisation est présenté comme ferme et définitif.
Mauvaise foi
Le gouvernement réaffirme l’impératif de solidarité et sa confiance dans le système par répartition. Mais il organise en même temps la baisse inéluctable du niveau des pensions parce que de moins en moins de salariés pourront satisfaire aux nouvelles obligations de travailler plus longtemps. Il ouvre ainsi la voie à tous ceux qui, comme le Medef ou les compagnies d’assurance, veulent élargir le champ des retraites complémentaires par capitalisation auxquelles pourront souscrire les titulaires de hauts revenus ou de hauts salaires. Les inégalités sociales en seront encore aggravées, dans la société et au sein même du salariat.
Loin de consolider la solidarité du système par répartition, le document gouvernemental met au programme des prochaines années une « réforme systémique » pour transformer notre système en un système « par points » ou « par comptes notionnels ».
Le Conseil d’orientation des retraites, dans son rapport de janvier 2010, a montré comment une logique individualiste viderait alors de tout son sens le système par répartition. Les pensions seraient calquées sur les contributions personnelles de chaque salarié cotisant : adieu au principe de solidarité qui inspire les fondements de la sécurité sociale. Alors même que : comme le reconnaît le Conseil d’orientation des retraites - cette réforme systémique n’aurait aucune efficacité face à un choc économique ou démographique.
La logique profonde de la réforme annoncée des retraites n’est donc pas de préserver la solidarité mais au contraire de rassurer les marchés financiers. (encore eux).
A l’image de ce qui se passe en Grèce, en Espagne et maintenant partout en Europe, le gouvernement veut montrer sa détermination à faire payer la réduction des déficits publics aux salariés et à la population, en laissant intacts les revenus et le pouvoir de la finance.
l’association Attac est initiatrice, avec la Fondation Copernic, d’un appel pour « Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites » qui se traduit aujourd’hui par de multiples actions de sensibilisation de la population
Ecrit le 26 mai 2010
Modestes pensions
Selon le Canard Enchaïné qui a lu les documents sociaux de la Société Générale, soumis au vote des actionnaires le 25 mai 2010, deux hauts dirigeants ont fait valoir leurs droits à la retraite, en 2009. En plus de leurs pensions de cadres supérieurs, ils toucheront annuellement des retraites-chapeau :
– â–º 351 637 € pour Philippe Citerne
– â–º 359 916 € pour Didier Alix.
En supposant que le bouclier fiscal s’applique à ces revenus, chacun d’eux percevra donc, net, 180 000 € par an, soit 15 000 euros par mois.
En plus, au nom d’une clause de non-concurrence, Philippe Citerne va encaisser une prime de 1 125 000 €.
Quant à Daniel Bouton, qui a dû quitter la banque en mai 2009, sa retraite-chapeau, payée par la Société Générale, atteint 725 000 €.
De plus, ces pensions sont réversibles à hauteur de 60 % à leur épouse en cas de décès.
Diminuer les pensions des riches n’enrichirait pas les pauvres mais ce serait au moins un geste de justice sociale !
Ecrit le 26 mai 2010
Crier avant de se laisser bouffer
Le gouvernement français s’apprête à engager une nouvelle réforme qui risque de porter un coup fatal au système de retraite par répartition tout en jurant une fois de plus que c’est pour le sauver.
Face à cela, jusqu’Ã maintenant, les Français font preuve d’une grande passivité et d’un fatalisme certain comme si les « solutions » proposées par le gouvernement étaient inéluctables. Le train de la destruction des avantages sociaux s’accélère. Dans quelques années les plus jeunes diront : « comment avez-vous pu laisser faire cela ? ». c’est donc le moment, pour les militants, de crier « casse cou ! » même s’ils ont l’impression de crier dans le désert
Baisse des pensions : 20 %
Le bilan des réformes menées depuis 1993 est déjà catastrophique car toutes les dispositions prises (calcul sur les 25 meilleures années, indexation sur les prix et non plus sur les salaires des actifs, allongement de la durée de cotisation sous peine de décote) ont déjà fait baisser le niveau des pensions d’environ 20 %. Elles ont aggravé les inégalités déjà fortes entre les pensions des hommes et des femmes. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) prévoit que le taux de remplacement moyen : niveau de la retraite par rapport au salaire, passerait de 72 % en 2007 à 59 % en 2050. Cette dégradation continuera donc de frapper les actuels retraités et touchera également les générations suivantes.
Malgré ce bilan désastreux, le gouvernement veut aller encore plus loin en supprimant l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans - Le gouvernement et le patronat persistent à vouloir durcir les conditions de départ en retraite alors même que les entreprises continuent de se débarrasser des salariés âgés avant qu’ils aient acquis la totalité de leurs droits.
La retraite à points
Le danger ne s’arrête pas là . Le COR dessine les contours d’une réforme pour remplacer notre système par un autre « par points » ou « par comptes notionnels ».
La question des retraites est liée au chômage, à la récession et donc à la flambée des déficits publics. Les États continuent benoîtement à financer leurs déficits en empruntant sur ces mêmes marchés financiers qui ont provoqué la crise ! Le financement des retraites est possible à condition d’en finir avec l’actuel partage éhonté de la richesse au bénéfice des revenus financiers ! c’est pourquoi les organisations syndicales appellent à manifester une nouvelle fois le 27 mai 2010
Appel de la CFDT
Pour la CFDT, les effets de la crise continuent à se faire sentir durement pour beaucoup de salariés, dans le secteur privé comme dans le secteur public. Dans cette période où rigueur et réforme des retraites sont à l’ordre du jour, c’est une exigence de justice sociale qu’il faut exprimer massivement en se mobilisant le 27 mai 2010 -
– Exigence de justice sociale en matière d’emploi - La journée d’action du 23 mars 2010 a permis que les mesures de soutien à l’emploi obtenues grâce aux mobilisations de 2009 soient reconduites, voire améliorées, pour l’essentiel.
La mobilisation reste nécessaire pour concrétiser ces mesures :
– "¢ Les salariés et les demandeurs d’emploi doivent bénéficier d’actions de formation leur permettant d’élever leur niveau de qualification et de se préparer aux emplois de demain.
– "¢ Les entreprises doivent privilégier l’embauche plutôt que le recours aux heures supplémentaires.
– "¢ Les jeunes qui arrivent sur le marché du travail doivent se voir proposer une insertion dans l’emploi.
– "¢ Les moyens nécessaires à l’accompagnement des demandeurs d’emploi doivent être apportés à Pôle Emploi.
– "¢ Dans la fonction publique, il faut mettre un terme aux suppressions d’emplois aveugles et à une conduite de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) qui provoquent désorganisation et mise en cause des services publics.
– Exigence de justice sociale face à une rigueur annoncée : Le maintien de la défiscalisation des heures supplémentaires joue contre l’emploi, tire les salaires de base vers le bas et provoque la dégradation des conditions de travail.
La loi Tepa (bouclier fiscal notamment) prive l’Etat et la sécurité sociale de ressources nécessaires pour financer les politiques en faveur de l’emploi et de la cohésion sociale.
« l’annonce d’une contribution supplémentaire sur les hauts revenus et les revenus du capital dans le cadre de la réforme des retraites est un signe positif. Mais cette mesure ne doit pas rester symbolique. La réduction des déficits publics rend plus que jamais nécessaire une refonte de la politique fiscale pour la rendre plus juste et plus redistributive » dit encore la CFDT
Réforme des retraites :
Le document d’orientation sur la réforme des retraites qui vient d’être rendu public par le gouvernement :
– "¢ laisse entrevoir des solutions injustes, en particulier un recul de l’âge légal de départ en retraite qui pénaliserait ceux qui ont commencé à travailler jeunes et ceux qui sont hors de l’emploi au moment où ils prennent leur retraite ;
– « ¢ pointe des situations inégalitaires dans notre système de retraite : salariés ayant cotisé à plusieurs régimes, pénibilité, carrières féminines, » Il est urgent d’agir pour aboutir à une réforme qui réduise ces inégalités et assure aux générations futures le financement de leur retraite. "
Appel de la CGT
Pour la CGT, « le gouvernement confirme ses orientations néfastes : il a urgence à mobiliser ». La CGT a la confirmation que le gouvernement va agir sur deux leviers
– disparition de la retraite à 60 ans
– allongement de la durée de cotisation pour l’ensemble des salariés .
« Concernant l’emploi, les salaires, sur notre localité beaucoup d’entreprises sont au rouge » .
Du côté de la Confédération Paysanne
La Confédération paysanne appelle à manifester pour contester les orientations de réforme des retraites.
En effet « le Gouvernement a remis ses orientations pour la Réforme des retraites 2010 aux partenaires sociaux : elles ne font que confirmer les orientations déjà connues : augmentation de la durée d’activité et maintien des seniors en emploi le plus longtemps possible sans développer les solidarités entre les différents travailleurs ».
Nos revendications concernant les paysans restent l’amélioration significative du niveau de leur retraite. Nous demandons une retraite minimum égale à 85 % du SMIC pour une carrière complète, comme déjà mis en œuvre pour les salariés depuis 2003.
Nous demandons également que tous les revenus participent à égalité au financement du régime des retraites (revenus du travail et du capital). Les paysans sont soumis à des conditions de travail et d’astreinte qui doivent être prises en compte. La confédération appelle donc à la manifestation du 27 mai.
Souvenirs : les grandes étapes concernant les retraites : http://tempsreel.nouvelobs.com/dossier/la-reforme-des-retraites/20100527.OBS4584/flash-back-les-grandes-mesures-sur-les-retraites-depuis-1982.html