Ecrit le 29 juin 2011
Une religieuse correctrice du bac
LaCroix.fr du 22/06 : Une inspectrice d’académie a réuni lundi 20 juin, au lycée Carnot, à Paris, 300 professeurs du public et du privé chargés de corriger l’épreuve écrite de philosophie. Parmi ces correcteurs, une enseignante, qui se trouve être aussi une religieuse. Elle s’est présentée et a pris part à la réunion avec « un voile, un habit couvrant les chevilles et un gros crucifix en métal », selon le témoignage d’une autre participante. « A la pause, j’ai alerté l’inspectrice, qui ne savait pas vraiment comment réagir », raconte-t-elle. []
Pour le Snes, c’est la tenue que portait la professeur qui est en cause, et non le fait qu’elle soit religieuse : « Quand on participe à la délivrance d’un diplôme d’État, on doit respecter le principe de neutralité ». Ce qui l’inquiète, surtout, c’est que cette enseignante puisse faire passer des oraux de rattrapage, le 6 juillet, et qu’elle continue alors d’’arborer’ ces signes religieux face aux candidats.
Selon Henri Pena-Ruiz, spécialiste de la laïcité à l’école, la loi est sans ambiguïté. « En l’espèce, cette enseignante n’était pas seulement une religieuse, mais elle était investie d’une mission par l’État républicain. Elle se devait par conséquent de respecter le principe de neutralité. Elle n’aurait pas dû porter son habit, elle n’aurait même pas dû porter de crucifix », assure celui qui a été membre de la commission Stasi en 2003 (chargée de réfléchir au principe de laïcité).
Une circulaire du ministère de l’éducation, en date de 2004, stipule ainsi : « Les agents contribuant au service public de l’éducation, quels que soient leur fonction et leur statut, sont soumis à un strict devoir de neutralité qui leur interdit le port de tout signe d’appartenance religieuse, même discret. Ils doivent également s’abstenir de toute attitude qui pourrait être interprétée comme une marque d’adhésion ou au contraire comme une critique à l’égard d’une croyance particulière. » []
Affaire Tapie-Lagarde
L’Expansion.com du 22/06 : Le Parquet de Paris a ouvert mi-juin une enquête préliminaire sur d’éventuels « abus de pouvoirs sociaux » dans l’affaire Tapie-Lagarde visant les décisions prises par des hauts fonctionnaires. Cette enquête est distincte de la procédure devant la Cour de Justice de la République (CJR) qui doit décider le 8 juillet si elle ouvre une enquête pour abus d’autorité visant explicitement Christine Lagarde, ministre de l’Economie et des Finances et candidate à la direction du Fonds monétaire international (FMI).
L’enquête préliminaire du Parquet vise implicitement les décisions prises par Jean-François Rocchi, qui présidait le Consortium de réalisations (CDR), la structure publique où étaient cantonnés les actifs douteux de l’ex-Crédit Lyonnais. Elle fait suite à un signalement du procureur général de la Cour des Comptes qui a réalisé récemment un rapport sur l’arbitrage rendu en faveur de Bernard Tapie dans la vente litigieuse d’Adidas, anciennement propriété de l’homme d’affaires, par le Crédit lyonnais en 1993. []
En juillet 2008, le tribunal arbitral avait condamné le Consortium de réalisation à verser 240 millions d’euros de réparation à M. Tapie, auxquels s’ajoutaient une centaine de millions d’euros d’intérêts et 45 millions d’euros pour préjudice moral.
Le coût de la peine de mort en procès
Le NouvelObservateur.com du 23/06 : Une étude de la revue juridique Loyola of Los Angeles Law Review aboutit à un chiffre stupéfiant : la peine de mort dans l’Etat de Californie a coûté 4 milliards de dollars depuis sa mise en place en 1978, soit 184 millions de dollars par an et 308 millions de dollars par personne exécutée (13 en 32 ans). En 2010, aux Etats-Unis, 46 personnes ont été exécutées dans les 34 Etats (sur 50) où la peine de mort est autorisée. 3.200 détenus attendent aujourd’hui dans les couloirs de la mort.
Cette étude précise également qu’une procédure requérant la peine de mort coûte en moyenne 20 fois plus qu’une autre procédure. La moins coûteuse des procédures requérant la peine de mort coûte 1.1 million de dollars de plus que la procédure la plus coûteuse qui requiert la prison à vie.[]
Le coût de la peine de mort, en tant qu’argument pragmatique avancé par les partisans de son abolition, est réitéré à un moment opportun. Cela a été une des raisons principales de l’abolition de la peine du mort dans l’Etat du Nouveau-Mexique en 2009 ; l’Illinois a aboli la peine de mort cette année. En ces temps de disette budgétaire, les Etats pourraient se voir reprocher une utilisation inefficiente des deniers des contribuables américains.[]
La motivation économique pour défendre l’abolition de la peine de mort semble ne pas peser beaucoup pour l’instant dans l’opinion. D’après un sondage de l’institut Gallup, parmi les 64% d’Américains qui se prononcent en faveur de la peine de mort, seulement 11% d’entre eux prennent l’argument économique en considération.
députés de l’étranger
Marianne.fr du 22/06 : Au cours d’une audition par la commission des finances de l’assemblée nationale, Stéphane Romatet, directeur général de la modernisation du quai d’Orsay, a révélé que l’élection des 11 nouveaux députés français de l’étranger coûterait près de 15 millions d’euros ! Dix fois plus cher qu’un député métropolitain. Pas de quoi angoisser la majorité qui s’offre la garantie d’une dizaine de sièges à l’assemblée à un coût prohibitif. [] 33 circonscriptions ont été supprimées en métropole, remplacées par 33 autres dont 11 pour représenter les Français de l’étranger : cinq élus pour l’Europe occidentale (dont un pour la Suisse), deux pour l’Amérique et l’Afrique et un pour l’Europe de l’Est et le Proche-Orient. Chaque zone regroupe entre 100.000 et 120.000 électeurs inscrits, ce qui correspond au nombre moyen d’électeurs pour un député métropolitain.
Pour la droite, l’expatrié relève presque du vote captif selon le PS. Aux dernières élections présidentielles, ces Français ont voté à 54% pour Nicolas Sarkozy. A peine 1% de plus que dans l’Hexagone mais le « charcutage » électoral est contesté à gauche : « sur onze circonscriptions créées, neuf auraient un député UMP », a déclaré le député PS Jean-Jacques Urvoas qui évoque une « manipulation ».
Lutte contre la corruption
Lexpress.fr du 22/06 : La branche française de l’organisation anticorruption Transparency International publie un rapport très critique sur l’état de la justice financière en France. Ce document de 43 pages, rédigé par cinq spécialistes, dénonce - chiffres à l’appui - un « manque criant de moyens ». Selon les auteurs, la police et la justice sont sous-équipées, leurs effectifs insuffisants et trop souvent inexpérimentés. « La lutte contre la grande corruption ne figure plus parmi les priorités », regrettent les enquêteurs, parmi lesquels l’ex-magistrate Catherine Pierce, qui eut à juger Alain Juppé à Nanterre à propos des emplois fictifs du RPR.
TI France reproche au pouvoir politique d’exercer des « pressions accrues » sur certains dossiers et d’avoir abusé du « secret défense » dans des affaires telles que les frégates de Taïwan ou l’attentat de Karachi. L’organisation regrette aussi que la Cour de justice de la République, appelée à juger les ministres, se soit « très rarement illustrée par sa sévérité ».
Pour les rapporteurs, l’accès aux chiffres a été très difficile, surtout au ministère de la Justice : « Nous n’avons pas pu obtenir ceux que nous cherchions à propos des poursuites et des condamnations concernant les délits liés à la corruption. En fait, nous pensons tout simplement que ce chiffre n’existe pas, ce qui est révélateur de la situation actuelle ». « Le manque de moyens relève d’une volonté politique liée à la nature très sensible de ces affaires ».
(Sélection faite par R. le Gall)
Mention « très bouée »
Faute d’avoir une piscine à leur disposition, des collégiens de Castillon-la-Bataile devront valider leur épreuve de « savoir nager »... sur gazon. Le quotidien Sud-Ouest du 23/06 explique que l’épreuve de natation se déroulera « dans le parc jouxtant la piscine municipale », où les élèves « sauteront des plots et feront la brasse dans des couloirs tracés sur l’herbe en passant sous des cerceaux ».
Pour cette épreuve à sec, au moins, pas de risque de fuite !
Travail dissimulé
L’Expansion.com du 01/07 : Le parquet de Cherbourg a ouvert une enquête préliminaire pour travail dissimulé sur le chantier du réacteur nucléaire EPR en construction à Flamanville touchant notamment Bouygues. « Il y des soupçons de la part de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) et de l’Urssaf de travail dissimulé. L’enquête est confiée à l’Office central de lutte contre le travail illégal. Une centaine de salariés sur le chantier sont concernés dont a priori 80 Polonais ». Un prestataire, Atlanco, est soupçonné « d’avoir détaché illégalement ces intérimaires sur le chantier pour Bouygues », qui pilote le génie civil du chantier, et « pour le groupement d’entreprises GFA Armatures ».
Le 27 juin l’ASN avait annoncé avoir constaté qu’il y avait des irrégularités dans l’emploi des salariés d’Atlanco sur le chantier et que Bouygues avait en conséquence rompu son contrat avec cette société de travail temporaire basée à Chypre. Sur son site internet, Atlanco se présente comme un expert en « solution de main d’œuvre éprouvée pour les projets européens » grâce notamment à « de nouvelles capacités de recrutement dans des pays tels que la Bulgarie, la République Tchèque, Chypre, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie ».
C’est la quatrième enquête préliminaire en cours menée par le parquet de Cherbourg sur le chantier de l’EPR. La première a été ouverte pour homicide involontaire suite au décès d’un intérimaire de 37 ans employé par Normetal (métallurgie) après une chute le 24 janvier. La deuxième a débuté après le décès d’un manager de 32 ans, salarié de Endel (maintenance). La troisième a été ouverte la semaine dernière après le constat par l’ASN qu’un accident du travail sur quatre n’avait pas été déclaré en 2010 sur le site.
Travailler plus pour gagner plus
Latribune.fr du 01/07 : Dans un rapport rendu public le 30/06 Jean-Pierre Gorges (UMP) et Jean Mallot (PS) ont livré un bilan critique d’une mesure-phare de Nicolas Sarkozy, la défiscalisation des heures supplémentaires, dans un rapport qui va alimenter la campagne électorale en 2012, cinq ans après le célèbre « travailler plus pour gagner plus ».
« La mesure coûte 4,5 milliards d’euros par an », a rappelé Jean-Pierre Gorges. Une somme qui se découpe de la manière suivante : 3,2 milliards au bénéfice des salariés (exonération d’impôt sur les heures supplémentaires) et 1,3 milliard au bénéfice des employeurs (réduction de cotisations sociales sur la rémunération des heures supplémentaires).
Malgré leur divergence, les deux députés « recommandent la suppression des avantages bénéficiant aux employeurs au titre des heures supplémentaires ». Et suggèrent à la place d’encourager les embauches supplémentaires. « Dans un contexte de sous-emploi persistant, plutôt que de subventionner la dernière heure, ne conviendrait-il pas de faciliter l’embauche de salariés supplémentaires, la première heure ? », relèvent-ils.
En revanche, Jean-Pierre Gorges veut maintenir les avantages fiscaux pour les salariés qui font des heures supplémentaires : « on ne peut pas reprendre (cet avantage) à ces neuf millions de salariés qui n’ont pas profité des 35 heures ».
Baroin fait du Sarko
Marianne du 01/07 : François Baroin a finalement été désigné pour succéder à Christine Lagarde à Bercy. Le fils spirituel de Chirac, d’habitude si obéissant, a semble-t-il bien intégré le fonctionnement de la Sarkozye : exiger pour obtenir. Quitte à écraser ses petits camarades. Alors que Bruno Le Maire jubile, mardi 28 juin, convaincu d’avoir empoché l’un des plus gros portefeuilles ministériels (Bercy), François Baroin, de son côté, crie au scandale. Qui mieux que lui, ministre du Budget, peut remplacer Christine Lagarde à l’Economie ?
Pas question pour l’ambitieux de se faire voler sa promotion. Privé de poste pendant les trois premières années du règne de Sarkozy, le maire de Troyes entend bien rattraper le temps perdu, même si cela signifie marcher sur les plates-bandes des autres. Furieux, il aurait demandé un rendez-vous à François Fillon pour lui jouer, en direct, son numéro de chantage.
« L’échange » peut se résumer de la façon suivante : « Donnez-moi Bercy ou je démissionne ! ». Certaines mauvaises langues affirmant même que le ministre du Budget serait allé jusqu’Ã menacer de rejoindre le camp borlooïste que Sarkozy cherche, en vain, à dépouiller de ses figures de proue. Devant ce rapport de force imposé par le jusqu’Ã présent si discret ministre du Budget, Fillon et Sarkozy auraient cédé.
Le ministre de l’agriculture, déchu avant même d’être nommé, refuse de remplacer son désormais ex-copain au Budget.
Bref, pour la deuxième fois, le chef de l’Etat se laisse imposer son nouveau gouvernement. Même le plus chiraquien des ministres aura fini par « faire du Sarkozy », transposant ce dernier dans la peau de Chirac, qui en 2005, avait cédé aux menaces du patron de l’UMP en le nommant ministre de l’Intérieur. Sarkozy fait des petits. Pour son plus grand malheur.
Burqa tricolore
Libération.fr du 01/07 : Un slameur de 34 ans est poursuivi pour « utilisation dégradante du drapeau » pour avoir porté en public une burqa tricolore, un costume de scène créé pour dénoncer la loi sur le voile intégral comme une incitation à la xénophobie.
Convoqué devant le tribunal de police de Caen le 30 septembre prochain, Yohan Leforestier encourt une amende de 1.500 euros en vertu d’un décret paru le 23 juillet 2010 et depuis contesté devant le Conseil d’Etat par la Ligue des droits de l’homme.
L’artiste, qui a reçu le soutien de centaines de personnes, voit là une menace pour son métier d’artiste de rue —« interpeller pour faire réfléchir »— et pour « l’humour, même de mauvais goût ».
Pour lui, l’outrage au drapeau est surtout « dans les valeurs qu’une Marine Le Pen peut mettre dans une flamme tricolore » ou dans une photo de Laetitia Casta enveloppée dans un drapeau pour vendre une marque.
Il sera jugé en vertu d’un texte qui sanctionne le fait de « détruire, détériorer ou utiliser de manière dégradante » le drapeau « dans un lieu ouvert au public », « dans des conditions de nature à troubler l’ordre public et dans l’intention d’outrager le drapeau tricolore ». [...]
Une pétition de soutien a été signée notamment par la fédération PS du Calvados et Europe Écologie les Verts de Basse-Normandie.
Les bravos du labo
Le Canard enchaîné du 29/06 : tous les salariés du laboratoire Takeda ont reçu, le 15 juin, une étrange déclaration d’amour de leur pédégé. Lequel tenait à saluer leur dévouement et un sens commercial très développé, juste avant que l’Actos, son médicament antidiabétique, ne soit suspendu, le 9 juin, pour cause de risque aggravé de cancer de la vessie. L’industriel avait tout fait pour doper les ventes et liquider ses stocks, avec, pour motiver les visiteurs médicaux chargés de fourguer la camelote, des primes exceptionnelles.
Interrogé par le Canard, le ministère s’est réveillé, les autorités sanitaires ont contacté le labo, et une lettre de Xavier Bertrand à l’adresse de son directeur est en partance, avec demande d’explication. Au moment où le ministre de la santé décide de sauver la profession de visiteur médical, Takeda ne pouvait offrir meilleure illustration de son utilité pour la santé publique !
(Sélection faite par R.Le Gall)