Ecrit le 9 janvier 2013
Comptes de l’agriculture :
des inégalités de plus en plus insupportables
D’une année à l’autre, les comptes de l’agriculture mettent à nu les inégalités criantes et croissantes des revenus au sein du milieu paysan. (voir les résultats publiés par l’INSEE)
En effet, les céréaliers, particulièrement dans les régions favorisées, voient leur revenu atteindre des sommets presque indécents lorsqu’on sait qu’ils sont abondés par les subventions européennes.
En revanche, les producteurs de fruits et légumes et surtout les horticulteurs souffrent de revenus souvent faibles. Le secteur viticole rassemble des producteurs avec des très bons résultats (Champagne) et des résultats faibles voire négatifs dans certains vignobles.
Les éleveurs de ruminants restent en queue de peloton pour leur revenu. Si la production laitière a connu une légère embellie depuis 2009, le prix du lait en 2012 est à la baisse, contrairement aux intrants (engrais, aliments, énergie) qui subissent une nouvelle hausse de plus de 5 %.
L’agriculture française perd encore près de 3 % de ses paysans et le nombre de salariés diminue également.
La situation est mauvaise ; la politique actuelle conduit à l’élimination des actifs agricoles et à l’augmentation du nombre de paysans avec peu ou pas de revenu. Les chiffres publiés par le Centre d’Etudes et de Prospective prévoient 300 000 paysans à l’horizon 2020 (au lieu de 604 000 actuellement)
Cette situation est difficilement soutenable au moment du débat sur la nécessaire réorientation des aides de la PAC (politique agricole commune). Si le Ministère en semble persuadé, la Confédération Paysanne entend soulever le problème en demandant plus de justice et de partage au sein même de la profession.
Il faut changer de politique ; la politique agricole libérale orchestrée par l’Union Européenne et le gouvernement français doit s’arrêter. La Confédération paysanne propose aux paysans un autre choix à travers les prochaines élections « Chambre d’Agriculture ».
Ecrit le 9 janvier 2013
Sauver l’élevage français
En France, le nombre d’éleveurs est en chute libre et de nombreux éleveurs se détournent de l’élevage pour les grandes cultures. Il y a ainsi des craintes pour la pérennité de l’élevage français. Demain, manquerons-nous de lait et de viande ? ,
A l’appel de la Confédération paysanne, 700 personnes ont manifesté à Nantes le 4 janvier pour interpeller les pouvoirs publics et présenter des propositions.
La Confédération paysanne demande au gouvernement français de peser de tout son poids lors des négociations sur la réforme de la Politique agricole commune pour que « les aides européennes soient massivement réorientées vers les éleveurs ». Elle demande aussi une prime de maintien des troupeaux ruminants, la mise en place d’un plan « protéines » et un fonds pour faciliter le remplacement des agriculteurs et alléger leur temps de travail.
Mis en ligne le 28 février 2013
Suicides
Bretagne : un suicide d’agriculteur tous les 15 jours (élue)
PARIS, 28 fév 2013 (AFP) - Entre le porc, le lait et la volaille, la
Bretagne, première région agricole de France, particulièrement concernée par
ces trois filières en grande difficulté, enregistre "un suicide d’agriculteur
toutes les deux semaines", a indiqué jeudi à l’AFP Agnès Le Brun, élue de la
région au Parlement européen.
"Quand on parle de désespoir des agriculteurs, on n’exagère pas : dans le
Finistère, on compte un suicide toutes les deux semaines", a déclaré Mme Le
Brun, également maire de Morlaix, à 60 km de Brest.
Mme Le Brun l’a également écrit, dans une lettre ouverte au président
François Hollande, dont elle a donné copie à l’AFP : "Depuis le début de
l’année un agriculteur se suicide toutes les deux semaines en Bretagne", la
situation est d’une « extrême gravité ».
La région a connu ces deux dernières semaines de violentes manifestations
qui ont pris pour cible des hypermarchés du Morbihan et du Finistère, ainsi
que la maison du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, dans le Finistère.
"Même si personne ne cautionne ces actes, ils traduisent une forme de
désespoir : il arrive un moment où les agriculteurs n’ont tout simplement plus
un rond« , relève l’élue. »Je vois passer de plus en plus de demandes d’aides
de RSA ", le revenu minimum social.
Pour Olivier Billon, président des Jeunes agriculteurs (JA) du Finistère et
éleveur de porc près de Landivisiau, qui confirme la fréquence des suicides
dans sa région, la détresse « ne touche pas que les jeunes, mais tous les âges ».
"On voit des plus de 50 ans qui avaient mis de côté l’argent de leur
retraite et qui ont été contraints de réinjecter du liquide dans leur
exploitation : ils arrivent en fin de carrière, ils n’ont plus rien", a-t-il
insisté : "Aujourd’hui, les vrais patrons sur les exploitations, ce n’est pas
l’agriculteur, c’est la banque."
Selon les JA, un quart des agriculteurs de Bretagne a plus de 55 ans et 18%
moins de 40 ans.
La Bretagne produit 55% des porcs français et 20% du lait. Ces deux
filières sont particulièrement frappées par la hausse des coûts de production
due à la flambée des cours de l’alimentation animale. "Produire un kilo de
porc coûte un euro, rien qu’en nourriture. Ensuite, il reste les charges à
payer", a souligné le président des JA du Finistère.
L’agriculture représente 39% du chiffre d’affaires de la région Bretagne,
tandis qu’un tiers des emplois bretons sont liés à l’agriculture ou à
l’agroalimentaire.
Récemment, deux grandes entreprises agroalimentaires ont déposé le bilan
dans la région, le volailler Doux l’été dernier et, cette semaine, Gad SAS
pour le porc.