Ecrit le 10 décembre 2014
« Burn-out » ça fait savant ! C’est tout simplement le mot anglais désignant l’épuisement professionnel. Une étude de 142 pages, faite par le cabinet Technologia, a étudié divers causes et symptômes : le travail excessif, le travail compulsif, l’épuisement émotionnel pour diverses catégories professionnelles : agriculteurs, ouvriers, employés, cadres, patrons, artisans, etc.
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Selon l’étude, quelque 3,2 millions de travailleurs, soit plus de 12% de la population active française, seraient sous la menace d’un épuisement. Pour 60 % des personnes ayant répondu au questionnaire de Technologia, leur vie professionnelle est devenue plus difficile en raison de l’intensification du travail. Ces chiffres viennent contredire l’idée selon laquelle l’expérience profes-sionnelle facilite le quotidien, puisqu’on voit bien que l’intensité du travail prime sur l’expérience.
Les grandes enquêtes régulières lancées depuis 1978 par le ministère du Travail vont dans ce sens montrant que le travail a beaucoup changé et que ses nouveaux modes d’organisation peuvent être pathogènes. Ce phénomène résulterait en bonne partie de la transformation de l’organisation du travail depuis 1980, qui s’est accompagnée de la diffusion des diverses formes d’intensité du travail (globalisation des marchés, compétitivité, développement des technologies de l’information, précarité d’emploi, évolution des modes de gestion et de management, essor des métiers de service, etc).
Dans ce contexte, les conditions de travail sont perçues comme lourdes émotionnellement : 44% des salariés en contact avec le public vivent des situations de tension ; 42 % déclarent devoir cacher leurs émotions ; 42 % doivent faire face à des ordres contradictoires ; 38 % disposent d’une faible autonomie pour les pauses. Ces tensions s’inscrivent dans un contexte conjoncturel particulier qui alourdit considérablement la pression ressentie et met à mal la solidarité des équipes. Dans les entretiens, un contexte de restriction budgétaire est très souvent évoqué, il s’agit de faire le travail des absents, en temps et en heure.
En deuxième position, les réorganisations du travail dues aux plans sociaux ou aux changements de stratégie, perturbent le sens mis au travail. En bousculant les acquis, par définition rassurants, les changements empêchent l’individu de consolider son savoir-faire et de sécuriser son identité professionnelle. Mal ou insuffisamment expliqués, ils obscurcissent l’avenir, qui devient source d’angoisse et d’insécurité. d’une manière générale, ce n’est pas tant la charge physique, mais davantage la charge émotionnelle, de nature peu prévisible, qui qualifie la survenue du syndrome d’épuisement professionnel. Même si tous ont une surcharge objective de travail, ils s’engagent à faire vite et bien, malgré le poids des responsabilités.
Les conséquences de cette pathologie ont un fort impact économique. « Beaucoup de ces salariés sont traités contre l’anxiété, la dépression, les troubles du sommeil. Ils rencontrent de gros problèmes pour leur retour dans le monde professionnel ; nombreux sont ceux qui ne veulent plus réintégrer leur entreprise », avertissent les médecins du travail.
Le risque serait particulièrement élevé chez les agriculteurs (24 %), devant les artisans, commerçants et chefs d’entreprise (20 %) et les cadres (19 %). D’après une évaluation de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), reprise par Technologia, « l’estimation du coût social du stress professionnel est de 2 à 3 milliards d’euros, soit 10 à 20 % des dépenses de la branche accidents du travail et maladies professionnelles de la sécurité sociale ».
Ecrit le 17 décembre 2014
Allo, maman, bobo
bfmtv.com 08/12 : Une trentaine de parlementaires, tous issus de la majorité, ont signé une tribune exigeant que les conséquences pathologiques du stress au travail soient indemnisés par le patronat, et non pas par la collectivité.
Le « burn out », sentiment d’épuisement psychique à cause des conditions de travail, touche un salarié sur quatre pendant sa carrière aujourd’hui en France, un chiffre alarmant. « Nous demandons la reconnaissance de l’épuisement comme maladie professionnelle », indiquent ainsi les élus signataires. « Cette reconnaissance est indispensable pour faire que les effets de l’épuisement nerveux au travail soient à la charge de ceux qui en sont responsables, c’est-Ã -dire les employeurs », expliquent-ils. Pour eux ; il s’agirait de faire « basculer le financement » de ce syndrome d’épuisement professionnel sur la branche Accident du travail et maladies professionnelles - financée par les cotisations patronales à 97%. Les députés proposent l’inscription de deux nouveaux éléments au tableau des maladies professionnelles : la dépression consécutive à un épuisement profond et le stress post-traumatique au travail.
Pour l’heure, une personne souffrant de stress au travail a droit à un congé maladie ou un temps partiel thérapeutique financés par le régime général de la sécurité sociale et donc par l’ensemble de la collectivité. Et la définition clinique de ce syndrome « d’épuisement professionnel » est très floue.