Ecrit le 8 juillet 2015
Maurice Marchand
Maurice Marchand vient de nous quitter, après de longues années d’hospitalisation. Il avait dit à plusieurs camarades de la CGT « Je ne souhaite pas avoir les honneurs, vous apprendrez mon décès plus tard, j’ai fait don de mon corps à la médecine ». Malgré cette volonté, voici quelques lignes sur la vie bien remplie de Maurice.
Maurice a connu la période de la deuxième guerre mondiale très mouvementée, en étant réfractaire au STO (travail obligatoire en Allemagne). Pour y échapper, il s’était caché dans une ferme, mais hélas s’étant blessé gravement au genou, il en garda une infirmité. Son passage prolongé à l’hôpital lui a permis de lire et d’avoir une culture et une écriture d’un écrivain.
Maurice a fait sa carrière à l’entreprise Huard, passant par l’apprentissage, mais vu son handicap, il intégrera le bureau d’études. Il prit vite des responsabilités syndicales, il côtoiera de grands militants CGT locaux (Auguste Barrat, Roger Ridel, Guy Fraslin, Paul Rabel), il sera secrétaire du comité d’entreprise .
Maurice, comme beaucoup de salariés de l’entreprise Huard, a été licencié, mais avant de partir il publiera un tract sous un titre bien connu « j’accuse » relatant la mauvaise gestion de l’entreprise.
Maurice a participé avec deux autres camarades de la CGT (René Cloteau, René Adry) au financement de la grange, rue de la gare à Châteaubriant, qui est devenue le siège de l’union locale CGT de Châteaubriant .
Beaucoup de Castelbriantais ont eu besoin de Maurice, pour les renseigner sur leurs droits, pour les défendre devant le tribunal d’instance à Châteaubriant, mais aussi sur Nantes. Il préparait ses interventions comme un avocat, souvent le soir après son travail, mais aussi pendant les week-end, un militant qui ne comptait pas son temps, qui prenait beaucoup sur son temps de vie privée .
Maurice a été plus de 20 ans secrétaire de l’union locale CGT, soucieux de transmettre les valeurs de notre organisation syndicale (transmission du savoir, de l’histoire, de la formation de jeunes militants).
Je me souviens de mes premiers pas au sein de la section syndicale CGT de Huard dans les années 1980, où il me disait : il faut lire la presse syndicale pour pouvoir informer les travailleurs, pour écrire un tract. Maurice m’a appris comment le rédiger : « les trois outils sont une feuille de papier, un crayon de bois, une gomme ».
J’ai participé à plusieurs Congrès de la CGt à Paris, on partait souvent pour une semaine, on avait peu de finances, Maurice était très économe, le soir notre repas était un sandwich, et après il me faisait connaître les rues de Paris à pied.
Qui n’a pas connu Maurice sur son vélo bleu, équipé d’un pédalier spécial du fait de son handicap. Ce militant nous quitte mais le souvenir d’un homme digne, respectueux, convivial, restera dans les mémoires de la population castelbriantaise et des syndiqués CGT .
Signé : Serge Adry