Ecrit le 07 octobre 2015
158 000 infections à bactéries multirésistantes en France, 12 500 décès liés à une infection à bactéries multirésistantes en France. Entre 71 et 441 millions d’euros de surconsommation d’antibiotiques en France. l’augmentation des résistances est liée en grande partie à la pollution et aux activités humaines. Tel est le constat dressé par un groupe de travail de 120 personnalités qualifiées issues d’horizons différents, autour du professeur Jean Carlet, qui a remis son rapport en septembre 2015 . Le rapport est ici :
Aujourd’hui, la résistance bactérienne aux antibiotiques (antibiorésistance) est un grave problème de santé publique. Malgré la mobilisation de l’Organisation Mondiale de Santé, le nombre de victimes (mortalité, morbidité) ne cesse d’augmenter, avec des prévisions de plus en plus pessimistes.
En 2013, 97,6 millions de boites d’anti-biotiques ont été remboursées par l’assurance Maladie en France. Cependant, entre 30 et 50% des antibiothérapies sont prescrites inutilement en France. A la surconsommation en médecine humaine et animale, ou dans des usages non-sanitaires comme dans l’élevage intensif, s’ajoutent des effets écologiques liés à la dispersion de résidus d’antibiotiques dans l’environnement. Effluents domestiques, activités hospitalières, élevages ou épandages à proximité d’un cours d’eau, toutes ces actions exposent l’environnement dans son ensemble aux antibiotiques. La pollution des différents réservoirs de vie par les activités humaines (anti-infectieux, métaux lourds, intrants agricoles chimiques, etc.) favorise la sélection des résistances dans les milieux naturels agressés. Par ailleurs, l’utilisation immodérée des désinfectants et biocides, y compris par les particuliers, pourrait participer à la sélection croisée des résistances.
Enfin, les industriels font face à une situation paradoxale : les antibiotiques sont des produits de haute technologie mais leur prix est peu élevé et leur utilisation doit être limitée. Aujourd’hui, investir dans l’innovation antibactérienne n’est plus rentable. Il est donc nécessaire de trouver un nouveau modèle médico-économique permettant un retour sur investissement suffisant, afin d’encourager à nouveau l’investissement dans le développement de nouveaux produits luttant contre l’antibiorésistance.
Quatre axes majeurs ont été identifiés par le groupe de travail :
â—˜ axe 1 : approfondir les recherches de nouveaux produits
â—˜ axe 2 : mieux suivre l’évolution globale de l’antibiorésistance
â—˜ axe 3 : mieux utiliser les antibiotiques
â—˜ axe 4 : accroître la sensibilisation des populations.
En effet, si rien ne change rapidement, la résistance bactérienne paralysera notre système de santé, encore fondé sur le ’’miracle des antibiotiques’’. n’attendons pas une aggravation brutale de la situation pour agir. Il est temps de mobiliser l’ensemble de la société si nous ne voulons pas revenir vers un monde sans antibiotique, soit un retour en arrière de 70 ans, avec des effets sur les systèmes de santé pires que si les antibiotiques n’avaient jamais existé.
" Des traitements à fort risque infectieux, des interventions chirurgicales complexes, des greffes d’organes, des séjours en néonatologie ou en réanimation, deviendraient impossibles car trop risqués. La résistance aux antibiotiques menace donc le mode de vie actuel de l’espèce humaine à court terme de façon frontale et globale, et compromet indirectement d’autres avancées médicales déjà acquises.
La promotion de l’hygiène et de la vaccination sont également un volet essentiel de la lutte contre les résistances bactériennes aux antibiotiques " dit le rapport du Professeur Carlet.