Ecrit le 9 mars 2016
M. Jouve, directeur commercial de Biolait, est venu parler de ce groupement de producteurs né en 1994, pour gérer la filière lait bio sans être dépendant des grands entreprises transformatrices. Au départ Biolat collectait le lait des vaches, chèvres, brebis mais s’est spécialisé sur le lait de vache.
Autrefois les producteurs de lait bio étaient collectés par les laiteries, dans les mêmes citernes que les producteurs non-bio. De ce fait les laits étaient mélangés et les laits-bio n’étaient pas valorisés. L’originalité de Biolait, c’est de ne collecter que du lait bio.
Le siège social de Biolat est à Saffré mais la capacité logistique est importante puisqu’il y a collecte sur 65 départements avec livraison aux laiteries des environs. Cela peut être 1000 litres par semaine, comme 500 à 800 000 litres par semaine, en fonction des demandes. Biolait collecte ainsi 145 millions de litres de lait par an. Les camions appartiennent à Biolait, qui a ses propres chauffeurs. La traçabilité des achats à l’extérieur est totale : pas de produits venant du Chine, pas de produits contenant des OGM.
Avec la fin des quotas laitiers, décidée par l’Union Européenne, les industriels ont incité les agriculteurs à produire davantage, ceux-ci ont investi et se sont endettés. Les éleveurs produisent à 350 € les 1000 litres, mais la plupart des industriels achètent leur lait à 280 € d’où une perte très importante. De son côté, Biolait a incité ses 1200 producteurs à produire moins et leur achète le lait à 400-450 €. Et en bio ! Avec un prix uniforme qui ne dépend pas des coûts de collecte.
Biolait a une gestion très démocratique : une voix par exploitation, quelle que soit la taille de l’exploitation. Objectif : inciter les producteurs à être plus autonomes.
C’est donc une belle aventure que retrace le film :
à regarder pour avoir le moral !
C’est l’histoire d’une poignée de producteurs de l’Ouest refusant l’agriculture conventionnelle (que l’un d’entre eux appelle : un drame collectif), qui se sont lancés dans la collecte du lait bio, un coup de folie sûrement car ce fut difficile. Les laiteries ne voulaient pas perdre leurs producteurs et ont multiplié les bâtons dans les roues de ce projet ’’subversif’’. Par exemple l’achat du premier tank à lait a été annulé car le vendeur avait peur de se mettre les laiteries à dos.
La crise de la vache folle et la sécheresse ont donné un coup de pouce à la production de lait bio. Donc à Biolait. Mais Biolait a failli périr lors de la crise du lait en 2002, avec importante baisse mondiale du prix donné aux producteurs. Ce fut l’occasion pour les industriels laitiers d’accentuer la pression pour ’’faire la peau’’ à Biolait. Il a fallu parer au plus pressé, supprimer les collectes trop onéreuses, licencier des salariés. Les producteurs ont commencé à douter. L’assemblée générale de cette année-là était décisive : on arrête tout, ou on continue ? « Il a fallu se serrer les coudes et serrer les dents. Mais à 85 % les producteurs ont dit : on continue’’. Biolait était sauvée ». L’entreprise compte maintenant 58 salariés et 1200 producteurs.