Ecrit le 19 décembre 2018
Rosa, une petite fille de 9 ans, vivait avec ses parents très très loin de notre région, dans un petit village de Laponie, près de l’endroit où, dit-on, est installé l’atelier du Père Noë l. Rosa était curieuse, très curieuse : elle voulait interroger les lutins qui travaillaient toute l’année dans cet atelier magique pour leur demander comment ils s’y prenaient pour fabriquer autant de jouets et de friandises qu’il y avait d’enfants dans le monde. Elle aurait aussi aimé savoir comment le Père Noë l arrivait à charger tous les cadeaux dans sa hotte car ses parents lui avaient dit qu’il les déposait tous en même temps au cours de la nuit de Noë l en un seul voyage !
Elle voulait aussi s’assurer que la lettre qu’elle s’était appliquée à écrire à la main le premier jour de l’avent avait bien été lue par la secrétaire du Père Noë l : elle avait demandé une mallette de jeux de société en bois, deux livres de contes chinois illustrés et une petite trottinette pliable, pour qu’elle ne prenne pas trop de place dans la hotte.
Comme ses parents refusaient depuis plusieurs jours de la conduire en traîneau jusqu’à la maison du Père Noë l, prétextant qu’il ne fallait à aucun prix déranger les lutins en plein travail, ni le Père Noë l qui, peut-être, la priverait de cadeaux s’il la voyait, elle décida de leur désobéir : ce n’était pas la première fois !- et d’y aller seule à pied. Mais elle ne savait pas exactement où se trouvait la maison et ne pouvait pas espérer rencontrer quiconque à qui demander son chemin ! L’endroit était désert. Tant pis, elle se débrouillerait !
Sans rien dire à ses parents, ni à Erick, son frère jumeau, ni à Sonia, sa petite soeur, elle s’habilla chaudement : elle enfila son manteau de laine blanc, le bonnet de fourrure blanche qu’elle avait reçu le jour de ses 9 ans, chaussa ses bottes blanches fourrées, mit les moufles blanches que sa grand-mère lui avait tricotées pour l’hiver et partit sur la pointe des pieds juste après le déjeuner. Toute habillée de blanc, elle ne se ferait pas remarquer dehors : il avait tant neigé la veille de son départ !
Rosa marcha, marcha, marcha et marcha encore, la neige crissait sous ses pas. Il commençait à faire nuit, à faire froid, très froid. Elle sentit deux larmes couler sur ses joues et les vit tomber dans la neige. Quelle surprise ! Les larmes s’étaient instantanément métamorphosées en fleurs aux larges pétales rose clair auréolés de gris perle. Les pleurs de Rose redoublèrent et autant de fleurs que de larmes jaillirent du sol tout blanc ! Au bout d’une bonne dizaine de minutes, elle cessa de pleurer et cueillit toutes les fleurs dont elle fit un gros bouquet. Miracle ! les fleurs parlaient et ce sont elles qui d’une voix cristalline la guidèrent jusqu’à la maison du Père Noë l.
l’atelier était immense, les lutins, groupés devant un grand orgue de Barbarie aux couleurs chatoyantes, chantaient à tue-tête tout en travaillant et déposaient les jouets au fur et à mesure qu’ils étaient fabriqués dans la grande hotte et dans le traîneau du Père Noë l. Derrière l’atelier, se trouvait l’écurie des rennes : Rosa en compta neuf, quatre femelles, quatre mâles et le chef, le grand renne aux andouillers dorés à l’or fin ; elle installa son bouquet de roses de Noë l sur le front de ce dernier au moment même où l’équipage s’apprêtait à s’envoler dans la nuit étoilée.
c’est alors que Rosa entendit derrière elle la voix grave du Père Noë l : « Que fais-tu là , Rosa ? Allez, monte vite à côté de moi, je sais où tu habites, je te déposerai devant la maison de tes parents avant de passer par la cheminée pour déposer les cadeaux sous le sapin, mais promets-moi de ne raconter ton aventure à personne ! »
Rosa promit et tint sa promesse. Le lendemain matin, sous le sapin orné de guirlandes argentées, de bougies étincelantes, de clémentines, de rubans multicolores et de toutes sortes de belles décorations de Noë l, se trouvaient... une mallette de jeux en bois, deux livres de contes chinois et une belle trottinette bleue. Et une simple fleur aux larges pétales rose clair auréolés de gris perle.
E.Catala
Chanson pour les enfants l’hiver
Dans la nuit de l’hiver
galope un grand homme blanc
c’est un bonhomme de neige
avec une pipe en terre
un grand bonhomme de neige
poursuivi par le froid
il arrive au village
voyant de la lumière
le voilà rassuré.
Dans une petite maison
il entre sans frapper
et pour se réchauffer
s’assoit sur le poêle rouge
et d’un coup disparait
ne laissant que sa pipe
au milieu d’une flaque d’eau
ne laissant que sa pipe
et puis son vieux chapeau
Jacques prévert
Les vieux
Que se passe-t-il dans la têt’ d’un vieux ?
Il est encombré de tout’ sa jeunesse
Et revoit sans cesse la beauté des cieux
Et tous ceux partis sans laisser d’adresse
Il rêve encore de vivre avec eux
De retrouver joie et grande liesse
De partager des repas heureux
De plonger toujours dans les jours d’ivresse
Relire les poètes pour se sentir mieux
Chanter à tue-tête sa grande détresse
Parcourir encore tous les anciens lieux
Pour sentir la vie rebattre sans cesse !
Ainsi passent les jours, tous lieux et tous dieux
Attendant le temps où enfin s’affaissent
Les épaules bien sûret la tête du vieux
Contemplant le ciel, assis sur ses fesses !
Hervé Drouard
Fêtes de fin d’année
Avec toute la maisonnée
Avec chat, poules et tortue
On vous souhait’ Bonne Année
Noë l où on s’évertue
A partager sans compter
A donner sans retenue
A offrir de la bonté
Pour grandir dans la vertu
Que cherche l’humanité
Fêtant encore la venue
D’un enfançon nouveau-né
Pour un monde qui ne croit plus
Qu’Ã l’amour intéressé
Au pouvoir des parvenus
Et au chant des fortunés.
Joyeux Noë l et Bonne Année !
Le monde est en ordre
Les morts dessous, les vivants dessus.
Les morts me visitent,
Le monde est en ordre
Les morts dessous, les vivants dessus.
Les morts m’ennuient,
Les vivants me tuent.
J’ai allumé deux fleurs tremblantes,
J’ai pris mes yeux dans mes mains
Comme des pierres d’eau
Et j’ai dansé les gestes des fous
Autour de mes larmes, en guise de fête.
Anne Hébert