Ecrit le 16 mars 2011
Un homme politique qui choisit, tranquillement, de passer la main par temps calme, c’est assez rare !
Patrick Mareschal, président du Conseil Général de Loire-Atlantique depuis 2004, va donc cesser ses fonctions juste après le 27 mars (deuxième tour des Cantonales) après 34 ans de vie politique publique puisque sa première élection date de 1977 (il est alors adjoint à la mairie de Nantes). Son engagement est bien entendu plus ancien encore et n’est sans doute pas terminé : l’homme n’hésitera pas à donner un coup de main pour d’ultérieures distributions de tracts dans son quartier de Nantes.
A la veille de ses 72 ans, alors qu’il est encore en pleine forme physique et intellectuelle, pourquoi donc prendre le large ? « En matière électorale, la période de 2011 est encore assez calme. Et le rapport de forces fait que la Loire-Atlantique devrait rester à gauche. Et puis ma non-candidature permet de laisser la place à une candidate femme » dit-il.
Et puis, c’est évident, P.Mareschal souhaite (enfin ?) mener une vie plus calme. « Quand j’ai été élu président en 2004, je prenais la suite de deux présidents-sénateurs, qui montaient à Paris trois jours par semaine, j’espérais donc avoir au moins un jour pour moi ... » En fait P.Mareschal a consacré tout son temps à la gestion du Conseil Général. « c’est un homme de dossiers » disent ceux qui travaillent avec lui. « De plus il a une mémoire phénoménale, il est capable de nous rappeler, des années après, quand nous étudions un dossier : j’avais écrit une note dans la marge sur tel aspect ». Il ne faut donc pas s’étonner, lorsqu’on le rencontre, de voir à quel point il connaît les sujets sur lesquels on l’interroge.
Patrick Mareschal est aussi un homme de dialogue. Il ne faut pas compter sur lui pour des discours de tribun : ce n’est pas son genre. Mais il sait être accessible aux personnes qu’il rencontre, avec une grande simplicité et une écoute qui n’est pas feinte. Et, lorsqu’il rentre au Conseil Général, il essaie de répondre aux préoccupations ou suggestions exprimées.
Enfin Patrick Mareschal est caractérisé par un très grand calme, y compris dans les discussions avec ses adversaires politiques [Est-ce la pipe (éteinte) qui fait cela ? ]. « Toute personne a le droit de s’exprimer. Je ne considère pas mes adversaires politiques comme des ennemis. Il n’y a donc pas de raisons de mettre dans le débat trop de passion inutile ».
On dit cependant que ce grand calme a parfois des colères, rares. « Il devient tout blanc à ce moment-là . On sait alors que ça chauffe » disent ses assistants.
Sept ans de solidarités
« Sept ans de bonheur » pourrait-on dire. l’arrivée de la gauche au Conseil Général en 2004 s’est fait sentir tout de suite dans les pratiques et dans les orientations.
« Avant 2004, on avait l’impression que les questions sociales étaient des contraintes. Le travail était assuré par les fonctionnaires. Une preuve ? Il y avait un seul vice-président pour ce vaste secteur qui concerne plus de 50 % du budget » explique P. Mareschal. « Nous avons donc décidé, collectivement, trois choses » :
– "1) mettre davantage d’élus en responsabilité sur la politique sociale
– 2) définir des éléments de réflexion et de prospective, pour ne pas faire du coup par coup.
– 3) Instaurer une méthode de préparation et de concertation avec les citoyens « Sur le premier point, on sait que les élus ont réinvesti politiquement le social, avec des vice-présidents chargés de : enfance-famille — économie-emploi — personnes âgées dépendance et handicap — transports collectifs et équilibres territoriaux — habitat et logement social. » Les fonctionnaires constatent que les élus s’intéressent et travaillent concrètement ".
Des changements notables
Sur le second point, les élus ont mené, avec les services, une réflexion prospective qui a conduit à l’élaboration d’un programme de construction des collèges — d’un référentiel mobilité — d’une charte de la parité en Loire-Atlantique — d’un plan d’élimination des déchets, etc. Ces réflexions ne sont pas restées théoriques puisqu’elles ont débouché sur des changements notables :
En matière de transport, par exemple, a été mis en place le service LILA avec toutes ses déclinaisons et notamment le service de cars à 2 € le trajet. (et même moins pour ceux qui prennent un carnet de 10 tickets). Le transport collectif a fait un bond de fréquentation dans le département !
En matière de handicap, le Conseil Général a réussi à atteindre le quota de 6 % d’agents en situation de handicap.
En ce qui concerne les femmes, une charte a été élaborée pour la période 2010-2012, pour que la parité et l’égalité des femmes et des hommes soit effective et concerne tous les aspects de la vie. Cela passe parfois par des mesures symboliques : par exemple tous les nouveaux collèges du département porteront des noms de femmes.
Coup de jeune
En ce qui concerne les jeunes, le Conseil Général a lancé le CSAJ (prononcez : c’est sage !) : Contrat de Soutien à l’autonomie des Jeunes. Une aide spécifique, propre au département, pour les jeunes ne bénéficiant pas de ressources personnelles et familiales suffisantes afin de les aider ponctuellement à réaliser un projet (logement, santé, formation, emploi....).
Et puis le Conseil Général a innové dès 2006 en embauchant, dans ses services, 150 jeunes issus de milieux défavorisés (1249 jeunes s’étaient portés candidats) avec priorité aux jeunes peu qualifiés et d’un niveau inférieur au BEP. Avec, bien sûr, une formation à faire ! « Il y a eu des réticences du côté du personnel au départ. Finalement nous sommes contents ! A un certain moment la Loire-Atlantique représentait 70 % des embauches de jeunes en France ».
Contrats territoriaux
Solidarité, péréquation : le Conseil Général a voulu mettre fin au clientélisme, en mettant en place les contrats territoriaux. « Nous avons voulu que chaque territoire soit en réflexion avec nous, dans un dialogue pluriannuel » explique Patrick Mareschal. La somme consacrée aux territoires a été augmentée - et répartie autrement : la somme par habitant a été liée au potentiel fiscal du territoire, avec instauration d’un coefficient de solidarité pour que les territoires les plus défavorisés reçoivent davantage que les autres. Par exemple, (chiffres de 2006), la Com’Com’ de Derval recevait 299 €/hab. quand Nantes recevait 44 €/hab. Chaque territoire, ensuite, pouvait faire ses choix de répartition des fonds.
De même, dans l’attribution des crédits du « Fonds d’Aménagement Communal », le Conseil Général attribue des bonifications aux petites communes.
Dialogue
Sous la houlette de P.Mareschal, le Conseil Général a lancé les rencontres du département, ouvertes à la population, pour permettre aux citoyens de poser des questions et de faire des suggestions.
Le stand à la Foire de Béré jouaient d’ailleurs le même rôle, avec présence effective des élus. Cela s’est fait toujours dans une atmosphère de liberté de parole et de confiance.
Le stand à la Foire de Béré jouait d’ailleurs le même rôle, avec présence effective des élus. Cela s’est fait toujours dans une atmosphère de liberté de parole et de confiance.
« Le dialogue, nous l’avons instauré aussi dans le secteur de l’enfance en danger, entre les services du Conseil Général et les magistrats. Dans le secteur des personnes âgées, nous avons créé des liens plus étroits avec le CODERPA. Dans le secteur de l’insertion, nous avons ouvert les commissions locales d’insertion, d’abord aux associations intervenant dans ce domaine, et maintenant aux bénéficiaires du RSA » dit encore Patrick Mareschal. c’est sans doute pour cela que le Conseil Général paraît plus proche qu’autrefois.
Clause d’insertion
En même temps qu’il investit dans l’économie, le Conseil Général investit aussi dans le social. Solidaire, il a décidé d’inscrire dans certains de ses marchés publics une clause dite « d’insertion ». Elle implique que les entreprises retenues à l’issue des marchés embauchent des personnes en parcours d’insertion ou en situation de handicap. Cela s’est fait pour la rocade sud de Châteaubriant, c’est en cours pour le Tram-Train, et pour la salle polyvalente de Mouais. Cela s’est fait aussi à Nantes, St Herblain, Ste Pazanne, Bouguenais, St Nazaire, Pontchateau, mais pas encore sur les Com’Com’ du Castelbriantais et de Nozay. [Espérons ...]
En plus de ses aides économiques (soutien aux apprentis, aux agriculteurs, à l’investissement des entreprises), le Conseil Général apporte des financements spécifiques pour l’embauche de salariés en insertion.
Une idée
Autre initiative de Conseil Général : le soutien aux projets des habitants. Le Conseil Général en effet n’est pas une forteresse, ni une chasse gardée, il ne pense pas que seuls ses élus et ses services sont capables de réfléchir et d’agir. c’est pourquoi il impulse ou soutient les opérations innovantes comme « Moi aussi j’agis » ou « Une idée pour plus de solidarité » : 110 projets venus des citoyens ont ainsi bénéficié de crédits. Parmi eux : 34 du nord du département !
Le Conseil Général, dans ses délégations territoriales, a aussi mis en place des animateurs chargés d’appuyer les initiatives locales. Est-ce pour cela que le Conseil Général est ressenti comme un partenaire proche, accueillant, favorisant les initiatives sans volonté d’accaparement ?
Et autres ...
A part ça, on ne peut qu’être d’accord avec le coup de pouce donné au tram-train Nantes-Châteaubriant qui, sans le Conseil Général, n’aurait été réouvert que jusqu’Ã Nort sur Erdre.
On ne peut qu’être d’accord avec les positions de Patrick Mareschal sur la réunification de la Bretagne, et approuver le travail commun commencé avec la région Bretagne, notamment sur les Marches de Bretagne.
On peut être plus réservé sur certains choix politiques comme le soutien à ségolène Royal. On peut même être hostile au choix de réalisation d’un aéroport à Notre Dame des Landes. On ne peut être d’accord avec tout sinon il n’y aurait pas de débat démocratique !
Alors, demain ?
Patrick Mareschal s’en va. Nous allons le regretter. d’autant plus que les années à venir sont pleines d’incertitudes. Bien sûren raison de la crise économique. Bien sûren raison de la gestion abracadabrantesque de la France. Bien sûren raison de la présidentielle en 2012. Mais aussi en raison de l’instabilité créée par la réforme des collectivités locales pour 2014. « Raison de plus pour mettre en place, tout de suite, un homme expérimenté, bien au courant des réalités locales. Il s’agit de Philippe Grosvalet, si du moins il est réélu le 27 mars prochain. De plus c’est un élu de St Nazaire, qui sera donc attentif à ne pas laisser la métropole nantaise effectuer une main-mise sur le département. Conscient aussi des questions de mobilité, il saura éviter une gouvernance trop centralisée » dit P. Mareschal. Il y aura sans doute un autre mode de fonctionnement à expérimenter...
Dans l’immédiat, au revoir, M. Mareschal et merci et rendez-vous
à la prochaine foire de Béré ?