Ecrit le 18 mai 2005
Un Arlequin d’argent
« A moins d’être un inconditionnel du comique patoisant, on pouvait s’attendre au pire » a écrit un journaliste de Ouest-France qui, l’an dernier, n’avait pas aimé les Fables de la Fontaine en parler gallo (comme si le gallo était du patois !) .
« Avec Des nouvelles de Lubray, on a eu le mieux. Oui les récits se situent à la campagne. Oui, ils sont teintés de nostalgie. Oui, les comédiens savent se faire mime ou prendre l’accent paysan. Mais c’est sans jamais sombrer dans la caricature facile »..
- Failli_Gueurzillon
Sur la photo ci-contre : Sur la photo ci-dessus :
Guy Lebris (l’auteur)
Michel Dunay (Décors)
Jacques Feuillet et Jean-Marc Lépicier
(les deux Gueurzillons)
Alexis Chevalier (metteur en scène)
Et, accroupi, Gilbert Massard (éclairage)
qui tient l’Arlequin d’Argent gagné par la Troupe du Failli Gueuzillon au Festival des Arlequins qui s’est tenu à Cholet du 19 au 23 avril 2005.
Trente troupes étaient en compétition, 15 ont été sélectionnées. Le Failli Gueurzillon a remporté le deuxième prix.
L’Arlequin d’argent récompense à la fois les deux comédiens (Jacques Feuillet et Jean-Marc Lépicier) et l’auteur Guy Le Bris, mais aussi tous ceux qui ont contribué à la mise en scène, aux décors et aux éclairages. Des textes tout en finesse et en émotion contenue, un jeu à la fois naturel et dépouillé.
L’Arlequin d’or a récompensé, avec « PPA m’a suicider », des comédiens maori, originaires de Mayotte, qui se produisaient pour la première fois en métropole. L’Arlequin de bronze a été décerné à la compagnie Les Atellanes pour « Un figuier au pied des terrils » : l’histoire d’une communauté et de ses émigrants déracinés. « Nous sommes des passeurs de mémoire » ont dit les lauréats.
Ecrit le 14 février 2007
Le Fâilli Gueurzillon ressuscite Gaston Coüté
Poète libertaire et chansonnier français, Gaston Coûté a des textes très forts écrits en patois de sa Beauce natale. « Ce petit gars maigriot, aux regards de flamme, aux lèvres pincées, était un grand poète. Il allait chantant les gueux des villes et des champs, dans son jargon savoureux, avec son inimitable accent du terroir. Il flagellait les tartuferies, magnifiait les misères, pleurait sur les réprouvés et sonnait le tocsin des révoltes » a dit Victor Méric quand il mourut, à l’âge de 31 ans.
J’ai trop voulu fére à ma têteEt ça m’a point porté bounheur ;J’ai trop aimé voulouér ét’ lib’eCoumm’ du temps qu’ j’étais écoyier ;J’ai pâs pu t’ni’ en équilib’eDans eun’plac’, dans un atéyier,Dans un burieau... ben qu’on n’y foutePâs grand chous’ de tout’ la journée...J’ai enfilé la mauvais’ route !Moué ! j’sés un gâs qu’a mal tourné !
Le foin qui presse, le gâs qu’a mal tourné, Grand-mère Gatiaux, le champ d’naviots : 23 textes seront repris par « Le Fâilli Gueurzillon » dans leur prochain spectacle.
Après “La Fontaine au gallo” (2000) et “Les rimiaux de Guémené” (2001), deux spectacles en patois gallo qui sont encore joués de temps à autre, Le Fâilli Gueurzillon a présenté “Des nouvelles de Lubray”, portant à la scène des textes de l’écrivain Guy Le Bris. Ce dernier spectacle a été joué depuis 35 fois, obtenant au passage l’Arlequin d’argent au festival francophone de Cholet en 2005, et une sélection au festival national de Narbonne (juillet 2006). Le lycée de
Blain, où l’on travaille actuellement sur les nouvelles de Guy Le Bris, accueillera le spectacle en mai prochain.
La compagnie totalise actuellement 125 représentations dans des lieux les plus divers (chez l’habitant, en
plein air, dans un atelier, pour un repas-spectacle...), devant des publics allant de 30 à 600 personnes (Narbonne) et au fil des festivals amateurs de l’Ouest : La Baule, Lizio, Chartres, Lanester, La Roche sur Yon, Pontivy (kan ar bobl) et les Arlequins à Cholet en 2003 et 2005.
Jean-Marc Lépicier et Jacques Feuillet, les deux comédiens amateurs de la compagnie ont bénéficié pour tous leurs spectacles de la collaboration du comédien et metteur en scène professionnel Alexis Chevalier, du Théâtre Messidor, bien implanté dans le pays de Châteaubriant , et avec qui ils ont suivi deux ans durant une formation hebdomadaire. Ils appartiennent par ailleurs au Théâtre 116 de Fercé.
Le Fâilli Gueurzillon a choisi cette fois de s’arrêter chez Gaston Couté (1880-1911), restant ainsi dans la lignée d’un répertoire de “terroir”. Car les textes de Couté, s’ils chantent la terre, expriment aussi une rage sans concession contre les pouvoirs abusifs, les mentalités rétrogrades, donnant la parole aux exclus de ce monde rural d’alors, chemineux quêtant leur pain de village en village, le bissac sur l’épaule, qu’on retrouvait parfois sans vie au fond d’un fossé, par un matin gelé. Epoque révolue ?
Dans cet univers de paysans durs ou attachants, l’humour et la tendresse ont toute leur place.
Faire partager au public les bons moments d’émotion que l’on recherche dans le spectacle vivant, telle est l’ambition du Fâilli Gueurzillon.
LOUISFERT, La Grange aux Poètes , février-mars 2007
Un paravent de bois blanc, une fourche, deux chaises et un bâton de pèlerin :
les deux acteurs
interprètent
magistralement Grand mère gâtiau - L’odeur du fumier - Le champ de naviots et Le gas qu’a mal tourné. On sourit, souvent, mais on a aussi le cœur serré quand l’histoire « Les conscrits » s’enchaîne avec « Les ramasseux de morts ».
Jacques et Jean-Marc savent faire passer la colère de vagabond au pied du Christ en bois et le désespoir dans les paroles douces du pauv’gras qui se souvient de « La Toinon ».
Le public réagit parfaitement bien aux différents textes, apprécie, rit et en redemande. L’émotion est palpable, comme le plaisir. Les cinq séances ont fait salle comble.
Vite, que revienne « Le gas qu’a mal tourné » !
Réserv. au 02 40 55 11 28 ou 02 40 81 39 92
ou à gueurzillon@aol.com
Ecrit le 12 décembre 2007
Des gâs qu’ont mal tourné
Mort à 31 ans, le poète-vagabond, Gaston Coûté décrit une société qui, il y 100 ans, a beaucoup (trop) de traits communs avec la nôtre. L’auteur manie la tendresse et la poésie, l’ironie et l’imprécation, la colère et la délicatesse. Ce sont souvent des textes en patois, si proches de notre gallo qu’on le comprend sans peine. Ce sont des textes écrits pour être dits, pas pour être lus avec les yeux seulement.
Jean-Marc Lépicier et Jacques Feuillet leur prêtent leur voix, leurs rythmes. On écoute avec passion aussi bien l’auteur que les acteurs qui déchirent les hypocrisies de notre vie. Et ça fait mal à vous en tordre les boyaux. Et ça fait du bien en même temps, comme un abcès qui perce en voie de guérison.
Le Christ en boué
Hé l’ Christ ! T’entends-t-y mes boyauxChanter la chanson des moignieauxQui d’mand’nt à picoter queuqu’chose ?Hé l’ Christ ! T’entends-t-y que j’te causeEt qu’j’te dis qu’j’ai-z-eun’ faim d’voleux ?(…)L’aut’e, el’vrai Christ ! el’bon j’teux d’sôrtsQu’était si bon qu’il en est mort,M’trouvant guerdillant à c’tte place,M’aurait dit : « Couch’ su’ma paillasse ! ... »Et, m’voyant coumm’ça querver d’faim,l’m’aurait dit : " Coup’-toué du pain !Gn’en a du tout frés dans ma huche,Pendant que j’vas t’tirer eun’crucheDe vin nouvieau à mon poinson ;T’as drouét coumm’ tout l’monde au gueul’tonPisque l’souleil fait pour tout l’mondeV’ni du grain d’blé la mouésson blondeEt la vendange des sâs tortus... "Si, condamné, i’ m’avait vu,Il aurait dit aux jug’s : " Mes fréres,Qu’il y fout’ don’ la premier’ pierreC’ti d’vous qui n’a jamais fauté ! ... "Mais, toué qu’les curés ont plantéEt qui trôn’ cheu les gens d’justice,T’es ren ! ..., qu’un mann’ quin au sarviceDes rich’s qui t’mett’nt au coin d’leu’s biensPour fair’ peur aux moignieaux du ch’minQue j’soumm’s. (…)
La Chandeleur, La Complainte des ramasseux d’morts, Monsieur Imbu, Le déraillement … la verve poétique et saine de Gaston Coûté vous séduira par sa force, sa fraîcheur et sa pureté.
Spectacle vendredi 14 décembre 2007 à 20h30 au Théâtre de Verre - Prix des places : 6 € sur réservation ou 8 € à l’entrée. - 02 40 81 39 92
(note du 15 décembre 2007 : 500 spectateurs ravis et qui en redemandent !)
Avec le Théâtre Messidor : lire le théâtre ensemble