Ecrit le 6 février 2008
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Martin, Sarah, Brigitte, tout de noir vêtus, se déplacent en silence et font irruption soudainement dans la classe de CP de Martine Jambu, à l’école Jean Monnet à Issé. Ils parlent, ou plutôt ils disent leur texte, s’adressant aux enfants interloqués qui se demandent ce qui se passe.
Au tableau, dans les classes de l’école primaire, une phrase attire l’attention des plus grands : « Aujourd’hui est une journée très particulière. Nous revenons vous voir. Qui sommes-nous ? ». Mais les petits du CP ne savent pas lire. La surprise est encore plus totale. « C’était qui ? Vous étiez prévenue, Madame ? ». Ni oui, ni non, l’institutrice a ordre de ne pas répondre. Elle continue la leçon imperturbablement. Martin s’étonne : « j’habitais ici autrefois. C’est là que je mettais mes chaussures ». Il s’asseoit sur la table, se déchausse, pose ses chaussures auprès des cahiers des écoliers, dans le placard. Et disparaît. La leçon continue, aujourd’hui on repère le son « en » comme dans « rangement » Tout à coup, Sarah et Brigitte sont là. Elles effacent le tableau (oh !). Elles écrivent « c’est la nuit ». Elles s’effraient des bruits, des cris, des craquements, des glissements. L’ardoise des écoliers leur sert de protection … Et puis elles rient de voir que c’est un papillon gris qui les a tant effrayées. Non, non, même pas peur. Peur de rien. Mais un nouveau bruit les fait s’échapper en criant … Dans la classe de Jacques Renaudie, Brigitte et Sarah, petits moutons, se racontent une histoire de grand méchant loup où l’on comprend que c’est un métier bien difficile mais que la fourrure est fournie. C’est lou...foque n’est-ce pas ? Six à sept fois, comme cela, les comédiens interrompent la classe pour dire des extraits de pièces contemporaines, le théâtre vivant en quelque sorte, le théâtre dans la vie quotidienne, invitation à la découverte ludique de pièces contemporaines, loin des théâtres empesés.
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L’après-midi les comédiens offrent une « lecture-spectacle » devant l’ensemble des enfants, avec Souliers de Sable de Suzanne Lebeau. Les petits devant, sur des coussins multicolores ; les plus grands derrière, sur des chaises.
« Élise et Léo vivent en vase clos, prisonniers de la peur de l’inconnu et d’un temps rigide calculé au grain de sable. Un matin, à cause d’un rêve exquis, du désir de faire quelque chose de bien, de l’excitation de souliers trop longtemps tenus en laisse, le temps se détraque, la porte s’ouvre... Le ciel et la terre basculent... Les oranges quotidiennes ont une saveur différente. La grande question de l’échappée dans le monde est posée... ».
Pétillants et savoureux, les mots de Suzanne Lebeau apaisent les peurs qui nous habitent. Qu’il y a donc de belles choses dans les livres ! Et comme le théâtre sait parler du monde et des autres !
Petit Pierre
Né avant terme, « pas fini » comme il le dit lui-même, Petit Pierre n’a pas « les yeux à la place des yeux, la bouche est tordue. Devant, derrière, sur le côté, il est difforme et malingre ». Enfermé dans son silence « qui lui sert de cachette », il apprend tout des vaches, des champs et de leurs travaux.
Pour parler au jeune public de ce siècle destructeur traversé par deux guerres mondiales, Suzanne Lebeau met en parallèle la grande Histoire et une histoire vraie, celle de Pierre Avezard dit Petit Pierre, né en 1909 dans un petit village du Loiret. Ce spectacle a été proposé le 31 janvier à La Grigonnais et le 5 février à Châteaubriant .