Ecrit le 7 mai 2008
SOS Femmes : 136 nouvelles victimes
l’association SOS Femmes existe à Châteaubriant depuis 1991. En 2007 elle comptait 5 salariées pour 3,2 équivalents temps plein : coordinatrice et adjointe, secrétaire, psychologue, monitrice-éducatrice,et 9 bénévoles.
Les appels émanent de la personne en souffrance elle-même, de son entourage, ou des travailleurs sociaux. En 2005, l’association a reçu 683 appels ; en 2007 on compte 828 appels, dont 404 appels de femmes victimes de violence (402 en 2006).
« Cette constatation démontre l’utilité des campagnes d’information destinées au grand public. La population commence à comprendre que les violences faites aux femmes sont un fait social qui ne relève pas uniquement de la sphère privée d’un couple ».
Sur les 404 appels de femmes, 136 concernent des femmes qui ne se sont pas manifestées auparavant auprès de l’association. Les deux tiers de ces femmes vivent encore avec leur conjoint, les autres ont quitté le domicile conjugal. En effet, la violence continue de s’exercer après la séparation ; souvent les victimes courent un réel danger : en France, la majorité des décès liés aux violences conjugales ont lieu après la séparation.
Certaines femmes victimes de violence sont salariées, d’autres au chômage, au RMI ou sans ressource. Or « l’autonomie financière facilite la reconstruction. l’association constate tous les ans que les femmes victimes sont d’autant plus en grande précarité, suite aux actes de violence ,lorsqu’elles n’ont pas ou peu de revenus ».
Le retour à l’emploi est difficile sur le pays de Châteaubriant pour les femmes qui doivent assurer seules la garde des enfants, et les déplacements. Souvent les propositions d’emploi, quand elles existent, sont précaires ou à horaires décalés.
Accueil et écoute
l’association réalise des accueils collectifs : « Les permanences permettent aux femmes de s’exprimer entre elles, de comprendre ce qu’est la violence conjugale, de prendre conscience de leur histoire personnelle face à cette violence et de sortir de l’isolement. Cela fait partie de leur travail de reconstruction ».
Pendant ces rencontres , les membres de l’association expliquent ce qu’est la violence en tant que fait social et ce qu’est l’action militante.
« Le but est de libérer la parole et de rompre l’isolement dans lequel vivent ces femmes. Il ne s’agit pas d’inciter les femmes à prendre telle ou telle décision, mais de leur permettre de s’approprier leur décision et de la respecter. ».
En outre, l’association offre un hébergement en structure collective pour une durée maximale de deux mois et, en cas d’urgence, des nuitées en hôtel pour trois nuits au maximum. Chaque femme hébergée est reçue à l’association une fois par semaine en « point administratif » afin de l’orienter et de l’accompagner dans ses démarches : inscription à l’école, échange avec une assistante sociale, suivi médical, recherche de logement.
Des suivis individuels sont mis en place lorsque les accueils collectifs sont insuffisants ou inadaptés. Il est difficile, et encore plus en milieu rural, de se déplacer : la peur d’être vue ou reconnue, les difficultés de transport, ne facilitent pas la démarche.. l’association oriente très souvent les femmes vers le service « Lila, à la demande » qui correspond aux heures d’accueil collectif.
l’association organise des animations pour les enfants : cette année, 177 enfants (en majorité de moins de 12 ans), pour 136 femmes, étaient concernés et donc victimes aussi du climat de violence.
« Le but principal est de créer un véritable accueil pour les enfants (hébergés ou non) pendant que leurs mères sont reçues à l’association. Ces animations ont pour but de travailler autour du climat de violence dans lequel vivent les enfants. Ils peuvent exprimer leur ressenti à travers des jeux et d’autres supports ». La monitrice éducatrice remarque que les enfants parlent facilement de la violence en se saisissant de jouets « symboles » : camion de pompier ou de police, mallette de docteur Avec les plus petits, l’éducatrice facilite la séparation d’avec la maman pendant l’entretien. Avec les plus grands, elle aborde les droits, les devoirs de chacun, la loi et la justice...
« Ceci prouve que l’espace de parole qui leur est attribué répond totalement aux attentes de ces enfants, victimes eux aussi ».
Accompagnement
En plus de l’écoute et de l’accueil, l’association SOS Femmes s’efforce de rendre de nombreux services aux femmes : en particulier l’accompagnement vers les services administratifs, vers la gendarmerie et jusqu’au tribunal de Nantes ; distribution de tickets-services, aide aux transports, paiement éventuel de consultation médicales et frais pharmaceutiques, etc
Gendarmerie
l’arrivée d’une assistante sociale au sein de la gendarmerie de Loire Atlantique, et sa présence une fois par semaine à Châteaubriant, sont des éléments importants dans l’accompagnement des femmes.
Les services de gendarmerie et l’association travaillent ensemble pour aider les victimes à déposer plainte.
Même si une plainte risque d’être classée sans suite, il est important, pour la victime, d’être reconnue comme telle par un représentant de la loi. Bien entendu, l’association SOS femmes maintient une relation régulière avec les services sociaux, les associations caritatives, les structures de réinsertion professionnelle, et le centre médico- psychologique :
La psychologue de l’association établit le relais avec ce dernier service lorsqu’un suivi nécessaire est accepté par la femme et/ou les enfants. De même, certaines victimes souffrant de pathologies psychiatriques (souvent liées aux violences subies) peuvent bénéficier d’une écoute à l’association.
2 rue de la Gare44110 Châteaubriant02 40 28 07 11sosfemmeschateaubriant@wanadoo.fr
Ecrit le 7 mai 2008
Gêne
défendre les femmes est indispensable et l’association SOS Femmes a un rôle rirremplaçable.
Mais , dans un couple, les femmes sont :elles les seules victimes potentielles ? Dans une enquête menée au Québec par Denis Laroche, sur les cinq dernières années, si 90 % des hommes ET des femmes se sont déclarés exempts de violence conjugale, 62 700 femmes et 39 500 hommes se disent victimes de violence conjugale.
Les hommes et les femmes ne subissent pas exactement les mêmes actes d’agression. Les femmes sont davantage victimes de violences physiques graves que les hommes. Parmi elles, 25% ont été battues (pour 10% d’hommes), 20% ont failli être étranglées (4% des hommes), 19% ont été menacées avec une arme (8% des hommes). Sept fois plus de femmes que d’hommes ont été victimes d’agression sexuelle. En revanche, selon les études canadiennes, hommes et femmes sont quasi à égalité face aux violences psychologiques.
Si les femmes sont victimes de violences, en particulier physiques, il arrive qu’elles aussi exercent cette violence-là quand elles sont en position de domination physique ou psychique. On parle peu, par exemple, des violences qui touchent 25 % des couples d’homosexuelles. Et des violences exercées par des femmes sur les enfants et/ou les personnes âgées.
Finalement la violence conjugale (ou non) n’est-elle pas le reflet de la tentation d’imposer « la loi du plus fort » ? Hommes et femmes peuvent pareillement déraper dans la violence, on l’a constaté autant dans les camps nazis que dans la prison irakienne d’Abou Graib.
La « loi du plus fort » ne s’applique:t-elle pas dans la société française, à tous les niveaux, y compris en politique ? On le voit bien . à Châteaubriant !
B.Poiraud
Hommes battus
Lire
– Elisabeth Badinter, dans Le Monde
– Elisabeth Badinter dans l’Express
– Violences conjugales
Ecrit le 28 mai 2008
Selon que vous serez Algérienne ou non
« A chaque femme martyrisée dans le monde, je veux que la France offre sa protection en lui donnant la possibilité de devenir française. » a dit Nicolas Sarkozy, le 29 avril 2007 à Bercy.
Madame X, ressortissante algérienne, avait épousé un Français, Monsieur Y. De ce fait, elle était titulaire d’un certificat de résidence valable un an renouvelable. En effet, selon l’Accord Franco-Algérien du 27 décembre 1968, le titre de séjour des Algériens s’appelle un certificat de résidence, qu’il soit valable un an ou dix ans, et non une carte de séjour ou une carte de résident.
Monsieur Y ayant une tendance exagérée à confondre son épouse et un punching-ball, celle-ci l’a quitté et est allée vivre sur Paris pendant sa procédure de divorce. A l’expiration de son certificat de résidence, elle en a demandé le renouvellement à la préfecture de police. Le préfet de police a refusé car « le premier renouvellement du certificat de résidence est subordonné à une communauté de vie effective entre les époux ».
Madame X saisit le juge administratif en disant à peu près : « Certes, la communauté de vie a cessé de mon fait, mais que diantre, je recevais des coups. J’invoque donc la protection de la loi et notamment de l’article L.313-12 du CESEDA disant que : lorsque la communauté de vie a été rompue à l’initiative de l’étranger à raison des violences conjugales qu’il a subies de la part de son conjoint, le préfet peut accorder le renouvellement du titre »
(source : http://www.maitre-eolas.fr/)
Mais la Cour d’Appel de Paris, dans son arrêt du 3 avril 2008 répond que le CESEDA ne s’applique pas aux Algériens, qui relèvent de l’Accord Franco-Algérien de 1968. Or cet accord ne prévoit aucune stipulation en faveur du conjoint martyr .
Et voilà ! L’épouse algérienne battue ne peut bénéficier du renouvellement de son titre sauf à rester vivre avec son bourreau
A chaque femme martyrisée dans le monde sauf aux Algériennes, je veux que la France etc.