Ecrit le 11 septembre 2002
Biolait en difficulté
La Mée a déjà eu l’occasion d’alerter ses lecteurs sur les difficultés de la filière « biologique » en particulier pour le lait. voir page 1702
L’entreprise BIOLAIT, basée à Saffré, a tenu une conférence de presse à ce sujet, début juillet 2002 et, depuis, les choses ne se sont pas arrangées puisque, dans le Finistère, dans la Manche, en Lorraine et ailleurs, il se développe une offensive des industriels laitiers traditionnels pour entraver le développement des collectes de lait biologique. Quels industriels ? Biolait n’a pas voulu donner des noms : « nous ne cherchons pas à faire de la polémique mais seulement à vivre, et à assurer à nos adhérents une valorisation de leur lait produit biologiquement » a dit Bernard Gaubert, président de Biolait. Cette attitude s’explique aussi par le désir de Biolait, de recevoir des aides publiques, du Conseil Général notamment.
Cette attitude de non-dénonciation, est regrettable, du point de vue du consommateur. C’est un peu la même situation que l’enfant qui est racketté à la sortie de l’école, qui ne veut pas dénoncer ses racketteurs et qui demande à ses parents de lui fournir l’argent dont il a besoin dans ce cadre ! Enfin bon ...
Pourquoi avoir créé BIOLAIT ?
Le Danemark produit en biologique 15 % de son lait. La France 1 % seulement .
Dans le même temps, la demande des consommateurs et des transformateurs se fait de plus en plus pressante. Encore aujourd’hui, on estime que l’offre de lait biologique devrait être multipliée par 10 pour satisfaire la demande.
En créant BIOLAIT, les producteurs ont levé le principal frein au développement de la filière : l’organisation de la collecte, la livraison de petites quantités de lait aux petits transformateurs (3000 à 4000 litres de lait là où les gros industriels laitiers exigent de livrer au moins 25 000 litres)
Aujourd’hui, en 2002, Biolait a 7 ans, elle collecte dans 60 départements et 19 régions administratives :
– 50 millions de litres de lait de vache
– 1 million de litres de lait de chèvre
– 1 million de litres de lait de brebis
Alors, pourquoi les difficultés ?
Parce que les gros industriels laitiers (ceux dont Biolait n’a pas voulu donner le nom), ne jouent pas le jeu ! Ils préfèrent IMPORTER du lait biologique plutôt que d’acheter le lait collecté par BIOLAIT. « Quand nous avons vu diminuer subitement les commandes qui nous étaient faites, nous avons compris qu’il se tramait quelque chose » dit Vincent Chesneau, l’un des administrateurs. Pourquoi cette baisse ? « pas pour des raisons financières, les industriels laitiers achètent leur lait plus cher à l’étranger ! ». Alors quoi ? « il s’agit tout simplement de raisons politiques, d’un problème de pouvoir : BIOLAIT les gêne ! Les industriels laitiers ne veulent pas d’une structure organisée ». C’est comme dans les entreprises : les patrons ne veulent pas que les ouvriers soient syndiqués .
Les gros industriels laitiers ne peuvent admettre la solidarité qui existe entre tous les adhérents de BIOLAIT. Le même prix pour tout le monde ! Vous n’y pensez pas ! Mieux vaut diviser pour régner !
Les gros industriels laitiers n’admettent pas que BIOLAIT fournisse les petits industriels laitiers en lait biologique et les aide ainsi à diversifier leur offre. Les gros veulent toujours contrôler voire bouffer les petits. C’est bien connu.
Les gros étranglent les petits
Alors les gros industriels laitiers cessent de s’approvisionner auprès de BIOLAIT, en espérant faire péricliter le groupement. Mais aussi en entraînant dans sa chute nombre d’exploitants, comme Bruno Jouny, de Plessé, qui explique : « depuis des années je travaille pour fournir de la qualité, sans engrais, sans pesticides, que faire de plus ? Les difficultés de Biolait, en diminuant le prix du lait qui m’est payé, font que je perds 1500 € par mois (pour un revenu de 1900 €). Que me reste-t-il ? à vendre les vaches ? et les bâtiments d’exploitation ? »
A la Conférence de Presse du 11 juillet, il y avait du beau monde, Conseillers généraux ou Régionaux, député. Le Conseil Général a promis « d’engager une réflexion sur les aides qui pourraient être accordées au titre de la procédure agriculteurs en difficulté ».
Libéral : la loi du plus fort
Mais est-ce bien de cela qu’il s’agit ? Les producteurs adhérents de BIOLAIT ne sont en difficulté que parce qu’un système libéral les met sciemment en difficulté. Et ce n’est ni le Conseil Général, ni le Conseil Régional, dont la majorité est de Droite, qui peuvent faire changer la politique libérale qu’ils soutiennent. Alors BIOLAIT aura quelques bonnes paroles, un petit peu d’aide, de la compréhension. Et puis ? Rien d’autre ?. On a parlé de solidarité dans la filière laitière française (solidarité qui n’existe pas) —. On a parlé de mettre en place une structure de mutualisation du prix du lait biologique au niveau européen : tu parles ! Ce serait aller contre la logique libérale - On a parlé de mettre tout le monde autour d’une table, avec un médiateur, sans accuser qui que ce soit . Mais c’est impossible ! ce serait aller contre la « liberté » des industriels laitiers, ce serait introduire une régulation quand tout le monde cherche au contraire à se débarrasser des règles .
Cette histoire de lait biologique, en plus de son aspect strictement « paysan » a des conséquences environnementales pour tout le monde. C’est Xavier Amossé, Conseiller Général de Nort sur Erdre qui explique : « les syndicats d’eau sont en train de mettre des périmètres de protection de la qualité des nappes d’eau. Si les agriculteurs qui produisent sans pesticides sont en difficulté, comment pourra-t-on protéger les eaux ? » .
Mais qu’est-ce que ça peut bien faire ? fabriquer des pesticides, vendre des pesticides, se débarrasser des pesticides, ça fait travailler les industriels. Alors les rêveurs qui veulent produire sans utiliser les pesticides, ce sont des gêneurs.
Allez ouste, Biolait ! Disparaissez !
Note du 5 novembre 2008 : Biolait va bien, elle construitun nouveau bâtiment, avec l’aide du Conseil général
Ecrit le 28 janvier 2004 :
Les producteurs de lait ne comprennent pas
L’industrie licencie, le commerce est morose, le chômage accélère, tout va mal, y compris en agriculture et en particulier pour les producteurs de lait et de porcs.
Jusqu’en 2001, par le biais des quotas laitiers, la maîtrise de la production a été assurée au niveau de la consommation et le prix du lait est resté quasiment stable. Mais depuis, dans le cadre de la réforme de la Politique agricole Commune, l’Union Européenne organise à la fois une augmentation de la production de lait (au risque de surproduction) et une baisse du prix versé aux agriculteurs.
En décembre 2003, le lait était payé 303,777 € la tonne (soit 1000 litres). La fédération des Producteurs de lait accepte une baisse de 3,30 € la tonne, pour tenir compte du marché. Mais les industriels laitiers et les coopératives exigent une baisse de 18 € la tonne. Augmenter la production, baisser le prix versé aux agriculteurs, cela va accélérer la « restructuration » de la profession, c’est-Ã -dire la disparition des petits producteurs.
La Confédération Paysanne appelle les producteurs de lait, dans les jours à venir, à faire pression afin d’obtenir des mesures adaptant l’offre à la demande et à rétablir ainsi une juste rémunération du travail des agriculteurs (celle-ci équivaut environ à 350 € la tonne)
Ecrit le 18 février 2004 :
Lait, porc : Que diront les Conseils Municipaux ?
La situation des agriculteurs continue à s’aggraver, en ce qui concerne notamment les prix du lait et des porcs. La FNSEA a bloqué des laiteries à Campbon, Bouvron, Herbignac, Ancenis... « On ne comprend pas, disent des agriculteurs : cette organisation fait beaucoup de casse quand elle manifeste en province, mais s’entend, copain comme cochon, avec les ministres dans les salons parisiens ».
Dans le domaine du lait par exemple, alors qu’il y a 115 000 producteurs de lait dans l’Ouest, il est prévu de n’en conserver que 50 000 d’ici 2010. Dans 6 ans !
La Confédération Paysanne continue de son côté les actions engagées depuis des mois. Sa dernière initiative consiste à demander le soutien des Conseils Municipaux à qui elle propose de voter une motion, pour alerter les pouvoirs publics et capter toutes les aides financières possibles.
« Avec la crise de la volaille, la crise du porc, les difficultés du vignoble et la baisse du prix du lait, bon nombre d’agriculteurs se retrouvent dans une situation de précarité. Il est donc temps de faire tout ce qui est en votre pouvoir (...) pour qu’enfin nous puissions exercer notre activité dignement » dit la lettre adressée par la Confédération Paysanne.
Que vont faire les maires de Fercé, Rougé, Soulvache, Lusanger, Mouais, Bouvron, Riaillé, Casson, qui sont candidats sur notre secteur ? Que vont faire les nombreux autres maires notamment ceux qui sont agriculteurs ?
La Confédération Paysanne n’hésite pas à condamner " les actes de violence et d’agression faits aux producteurs, que représentent les déclarations du Ministre de l’Agriculture :
– . Mise en place de plans de restructuration (filières porcine et laitière)
– . Volonté d’une politique de prix bas
– . Refus d’organisation des marchés "
La Confédération Paysanne appelle à manifester le 24 février 2004 devant la laiterie de la Cana à Ancenis.
Contact 06 85 55 17 90
Ecrit le 24 mars 2004 :
Lait : Prix et clause de paix
En pleine crise laitière, la Confédération Paysanne a été reçue au Ministère de l’agriculture par le « Conseiller productions animales » au sujet de la « clause de paix » autour du prix du lait, en quelque sorte une « tentative d’apaisement des producteurs sur un accord de baisse du prix du lait ».
40 000 producteurs en moins dans 6 ans
Cette « clause de paix » a fait beaucoup d’insatisfaits chez les producteurs. La Confédération Paysanne considère que la suppression de 40 000 producteurs de lait d’ici 6 ans n’est pas inéluctable et réaffirme que « la recherche d’un équilibre entre l’offre et la demande solvable doit permettre de dégager un prix rémunérateur pour tous les litres de lait produits »
Pluralisme
L’accord de baisse du prix du lait a été signé par la FNSEA (syndicat national largement orienté à droite) avec les industriels laitiers, sans tenir compte des besoins des agriculteurs. Il provoque de nombreuses réactions dans la mesure où il peut être interprété de différentes façons. La Confédération Paysanne, qui n’a pas été associée aux discussions, a été obligée d’occuper les locaux de l’interprofession laitière, les 10-11 mars derniers, d’une part pour dénoncer cet accord de baisse de prix qu’elle juge « inacceptable pour les producteurs » et d’autre part pour interpeller les Pouvoirs Publics dans le but de favoriser le pluralisme syndical « en rappelant que le budget de l’interprofession laitière est alimenté à 93 % par des taxes parafiscales »
Ecrit le 23 juin 2004 :
La concentration des exploitations
Depuis le 22 janvier 1996, la profession laitière a mis en place un système de prélèvements de références laitières lors de regroupements d’exploitations, avec deux objectifs :
– dissuader l’agrandissement excessif et la spéculation sur les droits à produire ;
– alimenter, par un prélèvement, la réserve départementale en faveur d’un système de redistribution pour l’installation et les plus petites exploitations.
Le Ministre de l’Agriculture propose une exonération de prélèvement et, en sus, de relever les seuils de prélèvement de manière démesurée. Pour la Confédération Paysanne, il s’agit là d’un choix politique en faveur de la concentration des exploitations, au détriment de l’installation.
La Confédération paysanne n’oublie pas que la première préoccupation des producteurs de lait est la rémunération de leur travail et non l’agrandissement. Or la rémunération des producteurs de lait ne cesse de diminuer au point que nombre d’entre eux, découragés, cessent leur activité de façon prématurée. Cela fait bien l’affaire des laiteries : pour Jean-François Fortin, directeur général de la société « Les Maîtres laitiers du Cotentin », la poursuite de cette baisse du prix du lait est inéluctable avec une conséquence : la disparition de petits producteurs.
« Loin de moi l’idée de vouloir me débarrasser des petits producteurs » dit-il. « Mais on sait que nos exploitations les plus importantes peuvent aujourd’hui produire plus sans augmenter leurs charges. Peut-être faudrait-il se pencher davantage sur le problème social du départ de ces petits producteurs... » a-t-il déclaré dans Le Monde du 17 juin 2004.
Les choses au moins sont claires, et la situation de plus en plus inquiétante : vu leur nombre, les exploitations laitières ont un rôle très important en terme d’aménagement du territoire. Leur disparition contribue à la désertification des campagnes. Ensuite on diminue les horaires des bureaux de poste ........
Ecrit le 11 août 2004 :
Du Fipronil dans le lait
Du Fipronil, la molécule active de l’insecticide Regent TS, a été décelé
dans un échantillon de lait provenant d’un élevage de Vendée (rapport d’expertise remis au juge le 7 juillet dernier). Un rapport daté du 11 mai précédent, avait déjà signalé du Fipronil dans des échantillons de margarine et d’huile de tournesol prélevés dans le commerce.
Selon Me Bernard Fau, avocat de l’Association des victimes de pesticides agricoles, ces analyses contredisent les affirmations des fabricants qui présentent leurs insecticides comme non rémanents dans la plante.
Ecrit le 11 août 2004 :
Racket au lait
Une nouvelle baisse de 12 € par tonne est annoncée aux paysans par l’industrie laitière. Pour la Confédération Paysanne, rien ne justifie cette baisse : comme la plupart de nos voisins, la France est en sous-production laitière !
Des aides directes devraient être versées prochainement aux producteurs de lait (sans compenser les baisses successives subies depuis 2 ans). C’est le moment choisi par les industries laitières pour annoncer la nouvelle baisse. Ainsi les aides aux producteurs iront dans la caisse des industriels. « C’est un racket qu’on ne peut en aucun cas accepter » dit la Confédération Paysanne qui demande aux contrôleurs laitiers de ne pas mettre en œuvre cette proposition nationale.
Ecrit le 8 septembre 2004 :
Le lait a tourné
La Confédération paysanne dénonce vigoureusement l’accord interprofessionnel conclu le 2 septembre 2004 au sein de l’interprofession laitière. Après neuf trimestres consécutifs de baisse des prix à la production, cette nouvelle réduction sera lourde de conséquences pour le revenu des producteurs. Elle atteindra ainsi l’équivalent d’un mois et demi du revenu annuel d’un producteur laitier !
Quelle que soit la bannière sous laquelle les producteurs se sont mobilisés ces dernières semaines, ils refusaient tous une nouvelle ponction sur leur revenu. Ils étaient donc nombreux à espérer un front commun pour refuser cette baisse de prix, ce à quoi s’était employée la Confédération paysanne.
hélas pour eux, la fédération Nationale des Producteurs Laitiers a choisi, de manière tout à fait isolée, de casser l’élan de mobilisation en capitulant en rase campagne devant l’industrie laitière. En imposant, d’ici au mois de décembre, une réduction progressive des prix de 7 € par tonne, les transformateurs (industriels et coopératives) réussissent à s’accaparer la majeure partie de l’aide laitière instituée par la PAC (politique agricole commune), réformée en 2003.
La Confédération paysanne ne peut que dénoncer la manipulation dont les producteurs ont été l’objet. Elle les engage à dénoncer cet accord en accentuant la pression sur le terrain, et à exiger une autre politique laitière européenne, basée sur la maîtrise et la répartition des productions.
(Communiqué)
Ecrit le 2 février 2005 :
Les producteurs de lait sacrifiés
La négociation des « grandes familles » recommande une nouvelle baisse du prix du lait de 4,55 euros / 1000 litres.
Les industriels ont justifié la diminution du prix de 2004 par le niveau des cours du beurre et de la poudre. Ils vont justifier celle du premier trimestre 2005 par la mévente des produits de grande consommation. Quels seront leurs arguments pour les prochains trimestres ?
Pour la Confédération paysanne, « les paysans n’ont pas à subir l’incapacité des industriels à s’organiser entre eux pour résister aux marchés. »
Le syndicat paysan réaffirme la priorité de défendre le revenu des producteurs « par une juste rémunération de leur travail »,
Et exige une juste répartition de la valorisation de ses produits entre acteurs de la filière lait.
Ecrit le 4 mai 2005 :
Biolait va bien
Le groupement de producteurs, Biolait (Saffré, 250 adhérents, 35 millions de litres de lait), estime que le marché du lait biologique évolue désormais lentement :
– . Fromages et crèmerie accusent une baisse des ventes
– . Seul le lait conditionné UHT (biologique) a gardé un certain dynamisme, ce qui n’est pas sans poser de problèmes : tous les groupements laitiers souhaitent s’orienter dans cette voie !
Du côté des consommateurs, la demande de lait bio est croissante mais les GMS (grandes et moyennes surfaces) ne font guère l’effort d’en proposer partout.
Compte tenu de ces éléments les agriculteurs hésitent à se reconvertir en « bio » d’autant plus qu’il n’existe guère de soutien des pouvoirs publics.
En matière de commercialisation, il existe des « circuits longs » (Ã partir des grandes entreprises de transformation des produits laitiers) et des « circuits courts » (agriculteurs qui s’associent pour transformer eux-mêmes leurs produits et commercialiser sur un marché local).
Le groupement Biolait souhaite accompagner les projets collectifs de ses producteurs, avec un objectif : « dégager un prix du lait bio rémunérateur pour le maximum de producteurs, et continuer à être un des acteurs moteurs du développement de la filière biologique »
Le prix du lait baisse
L’interprofession laitière est toujours dans l’incapacité d’assurer un revenu aux producteurs de lait. En façade, ses membres ne remettent pas en cause l’accord cadre sur le prix du lait du 2 septembre 2004. En pratique cependant, les plus grosses entreprises de transformation laitière ne le respectent pas. Pour la Confédération paysanne, une refonte globale des modalités de fixation du prix du lait est urgente : pour tenir compte des coûts de production et assurer un revenu aux éleveurs, en adaptant l’offre à la demande. Refuser l’augmentation de quota prévue par les accords de Luxembourg est nécessaire, puisque la sous-réalisation de 1 % pour la campagne 2004/2005 n’a pas suffi pour retrouver un prix rémunérateur du travail des paysans.
Une aide du Conseil Régional, janvier 2005
Biolait construit un nouveau bâtiment Voir l’architecture
Traite des vaches et prix du lait
– http://www.zoomin.tv/videoplayer/index.cfm?id=308104&mode=normal&pid=lalibre&quality=2&ftvplayer=yes