Ecrit le 2 décembre 2009
La situation de l’emploi dans le Castelbriantais est grave. c’est ce que dit Serge Adry, de la CGT, dans une conférence de presse du 27 novembre, tenue en présence de la secrétaire départementale Marie Claude Robin.
+ 45.8 % en un an
En effet « force est de constater que la crise économique actuelle sert de prétexte à de nombreuses entreprises pour procéder à des re-structurations internes et à une recomposition en profondeur de leurs réseaux de sous-traitance ». Sur le plan local le maire et le sous-préfet minimisent. « Nous souhaitons rétablir la vérité »
Selon les chiffres de septembre 2009, le nombre de chômeurs de catégorie A a augmenté de 45.8 % sur la zone d’emploi de Châteaubriant, en un an (et de 31,7 % en un an pour les catégories ABC) (1)
Intérimaires
« Naguère, les entreprises castelbriantaises employaient beaucoup d’intérimaires : ceux-là trinquent le plus actuellement : au moins 500 d’entre eux ont été »remerciés« , sans bruit et nous ne savons pas quelle est la situation dans les PME où nous ne sommes pas implantés » dit la CGT
KUHN : 140 --> 0 Focast : 30 --> 1 FMGC : 60 --> 0 ABRF : 100 --> 0
« Tous les secteurs industriels sont touchés, à part peut-être l’agro-alimentaire »
FMGC : « après les licenciements d’avril dernier (66 prévus, 42 effectifs), nous sommes toujours au chômage partiel à 2 jours par semaine au moins jusqu’au 2e trimestre 2010. Nous avons perdu 50 % de notre production. Aucune visibilité pour les mois à venir » dit Murielle Faroux. Le chômage partiel est indemnisé à 75 %
Focast-Pebeco : Gilles Rivaud confirme : « Nous avons travaillé 2 jours en novembre, certaines équipes travailleront 3 jours en décembre et les autres 6 jours. Nous sommes indemnisés à 60 % , sans charges, et nous avons perdu les primes de panier, d’équipe, etc. De ce fait nous perdons 200 à 300 € par mois, il nous reste en moyenne 1000 euros par mois. Aucun plan de formation n’a été mis en place. Pas de vision d’avenir. Pas de commandes fermes. Les clients nous demandent de faire des rabais mais c’est dangereux de travailler à perte » (2)
Novembal : l’entreprise a perdu le marché de la lessive (soit 5 postes de travail), et une partie du marché des boissons (car les clients demandent des bouchons allégés). « Il nous reste 16 lignes de fabrication. Que restera-t-il d’ici un ou deux ans ? Nous avons le sentiment d’être démunis par petites touches. Cela s’est fait comme cela dans l’unité de Lyon, jusqu’Ã la fermeture » dit Serge Hunault.
Dans l’immédiat la négociation syndicale a permis de sauver 3 postes et d’accorder aux 15 licenciés une prime extra-légale de 10 000 € + 300 € par année d’ancienneté.
Kuhn : l’entreprise compte 350 salariés, tous en CDI. Tous les intérimaires ont été liquidés il y a quelques semaines, mais une vingtaine va être embauchée sur le marché saisonnier des semoirs. « Nous sommes touchés de plein fouet par la crise agricole : baisse de revenu des agriculteurs et crainte des années à venir avec la réforme de la Politique Agricole Européenne annoncée pour 2013 » dit Serge Adry en notant que c’est la même chose au niveau national dans la branche machinisme agricole « Il y a des entreprises de fabrication de tracteurs qui auront travaillé 80 jours seulement dans l’année ». Travailler plus pour .
Il ajoute : « Nous ne voyons pas la reprise avant 2013. Et il va être nécessaire de faire des mutations technologiques. Les constructeurs ont fait de la surenchère avec tellement de possibilités d’utilisation que c’est devenu très compliqué et très cher ! Il est temps de s’intéresser à la demande des agriculteurs ».
Les seuls marchés qui tiennent encore sont ceux des pays de l’Est et notamment la Pologne, en raison des aides européennes.
Dans le commerce, les situations de harcèlement moral, changements d’horaires, mauvaise ambiance, se multiplient.
Mobilisation
La CGT va prochainement distribuer un tract dans les entreprises et sur le marché pour appeler à la mobilisation. Et réclamer un renforcement du tissu industriel.
" Le développement et le renforcement du potentiel industriel nécessitent de soigner le travail, de faire reculer la pénibilité qui use de nombreux salariés.
Au moment où des centaines d’embauches de jeunes sont nécessaires dans tous les métiers pour compenser les départs en retraite, il s’agit d’améliorer considérablement les situations de travail de tous "
La CGT fait 5 propositions pour une véritable politique industrielle :
– priorité à l’emploi, à l’augmentation des salaires et à la reconnaissance des qualifications
– recherche et innovation, passer à une vitesse supérieure, par la formation des salariés
– un plan cohérent en faveur du développement durable
– démocratie et droits nouveaux d’intervention pour les salariés
– création d’un « pôle public financier » pour réorienter le financement des entreprises
La CGT revendique la fin de l’austérité salariale. « La consommation des ménages est le moteur économique de la France (plus de 50 % du PIB), on ne peut pas relancer l’économie sans augmenter les salaires et les retraites ».
Marie Claude Robin s’inquiète en outre de la sortie de crise : « les gens s’habituent à avoir du chômage. Quand ils reprendront, quelles conditions de travail accepteront-ils : mobilité, flexibilité, salaires ? ». Des Etats généraux de l’Industrie ont commencé en France le 19 novembre : « Il faut que les salariés disent ce qu’ils veulent »
Retour de bâton
Naguère, on faisait venir en France des salariés étrangers, acceptant salaires et conditions de travail plus difficiles que les Français, et on les renvoyait chez eux après usage. Maintenant les donneurs d’ouvrage font appel aux sociétés étrangères qui ne se privent pas de casser les prix. Au nom du profit maximum.
c’est le « retour de bâton » du déséquilibre mondial Nord-Sud. Et tout le monde y perd : les salariés de ces entreprises, toujours aussi mal considérés, et les salariés français. Le développement mondial est en panne, les sociétés riches se désagrègent.
Qui a dit : « la crise est finie » ?
(Propos recueillis par B.Poiraud)