Paru le 24 octobre 2007
Il s’agit de détruire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance
On ne se gêne plus ! Pendant qu’on fait verser une larme, dans les chaumières, sur le sacrifice de Guy Môquet, il se passe des saloperies dans notre dos. Denis Kessler, ancien numéro deux du Medef et actuel PDG de la Scor, a signé un édito dans la revue Challenges du 4 octobre 2007.
Il dit (texte intégral) :
« Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde ! »
" Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la sécurité sociale, paritarisme... A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux.
La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là . Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !
A l’époque se forge un pacte politique entre les gaullistes et les communistes. Ce programme est un compromis qui a permis aux premiers que la France ne devienne pas une démocratie populaire, et aux seconds d’obtenir des avancées - toujours qualifiées d’ « historiques » - et de cristalliser dans des codes ou des statuts des positions politiques acquises.
Ce compromis, forgé à une période très chaude et particulière de notre histoire contemporaine (où les chars russes étaient à deux étapes du Tour de France, comme aurait dit le Général), se traduit par la création des caisses de sécurité sociale, le statut de la fonction publique, l’importance du secteur public productif et la consécration des grandes entreprises françaises qui viennent d’être nationalisées, le conventionne-
ment du marché du travail, la représentativité syndicale, les régimes complémentaires de retraite, etc.
Cette « architecture » singulière a tenu tant bien que mal pendant plus d’un demi-siècle. Elle a même été renforcée en 1981, à contresens de l’histoire, par le programme commun.
Pourtant, elle est à l’évidence complètement dépassée, inefficace, datée. Elle ne permet plus à notre pays de s’adapter aux nouvelles exigences économiques, sociales, internationales. Elle se traduit par un décrochage de notre nation par rapport à pratiquement tous ses partenaires.
Le problème de notre pays est qu’il sanctifie ses institutions, qu’il leur donne une vocation éternelle, qu’il les « tabouise » en quelque sorte. Si bien que lorsqu’elles existent, quiconque essaie de les réformer apparaît comme animé d’une intention diabolique. Et nombreux sont ceux qui s’érigent en gardien des temples sacrés, qui en tirent leur légitimité et leur position économique, sociale et politique. Et ceux qui s’attaquent à ces institutions d’après-guerre apparaissent sacrilèges.
Il aura fallu attendre la chute du mur de Berlin, la quasi-disparition du Parti communiste, la relégation de la CGT dans quelques places fortes, l’essoufflement asthmatique du Parti socialiste comme conditions nécessaires pour que l’on puisse envisager l’aggiornamento qui s’annonce.
Mais cela ne suffisait pas. Il fallait aussi que le débat interne au sein du monde gaulliste soit tranché, et que ceux qui croyaient pouvoir continuer à rafistoler sans cesse un modèle usé, devenu inadapté, laissent place à une nouvelle génération d’entrepreneurs politiques et sociaux.
désavouer les pères fondateurs n’est pas un problème qu’en psychanalyse. "
Le magazine Challenges, 4 octobre 2007 (texte intégral)
A ce sujet, un lecteur nous écrit :
« Les prétendues » réformes « défont tout ce pourquoi ont lutté les générations précédentes. C’est un recul social historique que l’on nous vend pour un progrès et comme étant inéluctable. Triste période à vrai dire, où les médias nous matraquent de rugby, fête exutoire pour le peuple, pendant que les mesures rétrogrades s’accumulent sans réaction ou presque auprès d’une population comme anesthésiée. Le retour de balancier se fera forcément un jour mais les plus démunis et les plus fragiles ne peuvent guère attendre ».
Attali ... sous mon pas le social ne repousse pas
Ainsi c’est clair . On voit où va la politique de M. Sarkozy. On voit tout ce qu’il a l’intention de supprimer ! Les idéologues de droite (et d’autres prétendument de gauche) n’ont aucun scrupule, comme en témoignent, par exemple, les mesures étudiées par la Commission Attali.
– la suppression de la « trêve hivernale » pour les expulsions, l’ouverture des commerces le dimanche ou la limitation des monopoles de certaines professions réglementées (pharmaciens, notaires).
– Et aussi la suppression du « principe de précaution » considéré comme un frein à la croissance et à l’innovation.
Il a raison cet homme, expérimentons la thalidomide, le sang contaminé, l’amiante. Si ça fait des castastrophes il sera bien temps d’indemniser les survivants (s’il en reste). Mais au moins on aura fait avancer la science et l’économie.
Qui a dit : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ? » .
Diversion
Aucun gros titre dans la grande presse au sujet de cette destruction des acquis du CNR. Les médias préfèrent conditionner l’opinion sur d’autres sujets.
Avant la grève du 18 octobre 2007, le refrain était : « La France prise en otage », « la grande galère », « la paralysie », « la pagaille », dans le but d’opposer les grévistes aux « usagers », plutôt qu’Ã leurs employeurs ou au gouvernement qui s’attaque à leurs droits. Les revendications des grévistes, par exemple pour la défense du service public étaient généralement occultées.
Le 18 octobre, jour de grande grève (réussie ma foi, et sans pagaille !) la grande presse s’occupa .... du divorce des Sarkozy. Bon moyen pour faire diversion ! Des manifestants avec humour ont même scandé : « cécilia on est comme toi, on en a marre de Nicolas ».
Et après la grève, massive (la plus forte à la SNCF depuis 1995), eh bien on n’en parle déjà plus. Il y a le match de rugby le 19 octobre 2007 et le souvenir de Guy Môquet. « Passer sous silence » est une façon de faire disparaître les difficultés.
Ecrit le 31 octobre 2007
Licencier plus pour gagner plus
La commission que préside Jacques Attali poursuit ses travaux. La voilà qui propose, maintenant, que la notion de licenciement économique soit étendue. Le document que s’est procuré le journal Les Echos, dit que : « il serait souhaitable que les entreprises puissent adapter leurs effectifs de façon à maximiser leurs profits ». Cela reviendrait à légitimer les « licenciements boursiers », ceux qui sont faits dans le seul but de gagner plus d’argent et de verser davantage de dividendes aux actionnaires.
La même commission [où ne siège aucun syndicat] reprend aussi tous les rêves patronaux, même les plus fous : plafonnement des indemnités de licenciement, rupture à l’amiable du contrat de travail, augmentation du seuil minimal du comité d’entreprise de 50 à 100 salariés et de 10 à 20 pour les délégués du personnel...
Guy Môquet à la sauce piquante
Programme du CNR, Conseil National de la Résistance
Histoire : quand le maire de Châteaubriant refusait de donner au Lycée le nom de Guy Môquet