Ecrit le 25 novembre 2009
Grippe A, école fermée
Mardi 10 novembre : il y a des élèves malades à l’école René Guy Cadou de Châteaubriant. Le jour férié du 11 novembre n’arrange rien. Les deux jours suivants, il y a quelques malades dans certaines clases, et 17 d’un coup dans une seule classe. Alerte ! Les médecins parlent de « symptômes grippaux ». Grippe O ou grippe A ? Aucune analyse ne confirmera ni n’infirmera. Il n’est pas question de fermer des classes.
Lundi 16 novembre, 27 enfants ne sont pas venus à l’école. Cinq autres seront confiés à leur famille dans la journée. L’Inspection académique ouvre le parapluie et, vers 15h30, annonce l’envoi d’arrêtés de fermeture. Les chevaux de Poste sont sans doute malades aussi : les arrêtés n’arriveront par fax que vers 18h30. Les enseignants sont priés d’avertir les parents par téléphone. Le lendemain, certaines classes sont fermées, non sans incohérence : les enfants sont priés de rester à la maison, mais leurs instituteurs sont priés d’être à l’école, les frères et soeurs aussi d’ailleurs. La grippe sait reconnaître la classe des enfants.
Pas de service minimum
Pour les parents, la situation est souvent difficile. Le gouvernement a prévu un service minimum organisé par les mairies, en cas de grève des enseignants. Mais pas en cas de grippe. Une maman, amenée à rencontrer de nombreux clients dans la journée, a dû emmener son enfant avec elle. Si l’enfant était contagieux, les clients ont pu profiter de la prolifération des germes.
Ce renvoi des enfants pose aussi le problème des cantines : les repas livrés le mardi ne seront pas consommés. Exceptionnellement ils ne seront pas facturés aux familles : la mairie choisit d’en faire cadeau à une association caritative.
Un nettoyage de locaux scolaires est prescrit. Oh, rien d’extraordinaire : un peu plus poussé que l’entretien quotidien, avec eau chaude, savon et produits ménagers ordinaires.
L’événement devient na-tio-nal : même TF1 se déplace ! Des mamans, interrogées, déplorent l’absence d’un service de garde. TF1 ne retiendra pas ces propos. Une maman affirme qu’elle fera vacciner son enfant. LÃ , TF1 diffusera. Bonne éducation civique : les mamans comprennent aussitôt que l’info est biaisée : TF1 ne retient que ce qui l’intéresse.
En fin de semaine, il y a toujours des enfants malades : gastro, rhinopharyngites. Mais plus de grippe A. Est-elle venue celle là ? Pas sûr ! L’école René Guy Cadou a servi de test en vraie grandeur. Le personnel enseignant a le sentiment d’avoir été abandonné à ses soucis !
La vaccination antigrippale et le syndrome de Guillain Barré
Le Syndrome de Guillain-Barré (SGB) provoque une atteinte transitoire des nerfs entraînant des manifestations douloureuses et des paralysies partielles. Il s’agit d’une maladie sévère pouvant nécessiter une hospitalisation pendant plusieurs mois. Bien traitée, cette maladie guérit presque toujours mais, même avec une évolution favorable, elle constitue une dure épreuve pour les malades et pour leurs proches. On a appris qu’une personne vaccinée contre le grippe A a été atteinte de ce syndrôme.
En France, 1.500 personnes environ sont touchées chaque année par la maladie de Guillain-Barré, soit 4 par jour. Il n’est donc pas étonnant que, parmi les malades, quelques-uns aient été récemment vaccinés. Autrement dit, si les media traitaient de la même façon tous les cas de SGB, ils annonceraient 4 fois par jour un nouveau cas de SGB chez une personne non vaccinée contre la grippe pandémique.
Des épidémiologistes nord-américains viennent d’ailleurs de publier dans le Lancet une estimation très documentée : si, un jour donné, on administrait un placebo (faux médicament) à 10 millions de personnes, au moins 21 cas de SGB seraient observés dans les 6 semaines suivant cette administration.
Tout ça pour dire que chacun est libre d’accepter, ou non, la vaccination, mais qu’il vaut mieux éviter d’employer de faux arguments. [note rédigée à partir de l’étude du Docteur Jean-Marie Cohen du Réseau des Grog]