Ecrit le 30 mars 2011
Menacée de disparition
SOS Femmes : quelle chance, l’année 2010 était déclarée « grande cause nationale » par le président Sarkozy, pour sensibiliser au problème des violences faites aux femmes. .. Et aussitôt : baisse importante des subventions accordées aux associations d’aide aux femmes battues !
La circulaire du 5 mars 2010, concernant le Fonds Interministériel de prévention de la délinquance, attribue 30 millions d’euros pour aider à l’installation de 60 000 caméras de vidéo-surveillance, d’ici la fin de l’année 2011. En outre, 6,1 millions sont réservés pour les actions menées par les communes. Il ne reste que 13 millions d’euros pour la prévention des violences intrafamiliales, la prévention de la récidive, le soutien à la parentalité, la lutte contre le décrochage scolaire, la prévention de la violence en milieu scolaire, la médiation sociale, l’éducation à la citoyenneté, etc.
SOS femmes s’est alors trouvée en difficulté financière. Une salariée a été licenciée. Les autres ont dû accepter une diminution de leur horaire de 3 heures/semaine. Malgré cela, le déficit de l’année 2010 est de 13 000 €. A noter que le prix d’une seule caméra de vidéo-surveillance permettrait à l’association de tenir 5 ans.
Bilan de l’accueil en 2010
En 2010, 127 femmes en détresse ont été signalées (139 en 2009) avec 43 enfants. l’accompagnement a consisté en écoute individuelle, suivi psychologique, animations pour les enfants, aides financières. A noter que des femmes de plus de 60 ans commencent à faire appel à SOS Femmes . Milieu urbain, milieu rural : la grand e majorité de ces femmes ont des revenus du fait de leur travail personnel.
Naguère, quand l’association avait davantage de subventions, elle pouvait payer 3 nuités d’hôtel aux femmes quittant le domicile en urgence. Maintenant c’est une nuit seulement et ensuite les femmes partent sur Nantes. 18 femmes ont été secourues ainsi en 2010 (11 en 2009).
Le travail avec le psychologue et avec l’éducatrice porte sur le rôle du père et de la mère, la place de l’enfant, la détermination de ce qui est acceptable ou pas.
« En 2010 nous avons beaucoup travaillé » a dit la présidente Christine Tachet en saluant le courage des salariées qui, malgré la diminution de leur horaire de travail, ont fait en sorte qu’aucune situation ne reste sans solution. « Mais maintenant, nous nous essoufflons. Il est épuisant de devoir passer son temps à quémander les moyens de poursuivre le travail commencé. Nous craignons de devoir fermer l’association. c’est très décourageant de voir s’étioler une action juste et primordiale. Les pouvoirs publics poussent au regroupement des associations. Au lieu de 35 000 associations, ils souhaitent n’en conserver que 7 000. Si c’est un passage obligé pour survivre, nous le ferons. Mais nous ne croyons pas que les regroupements occasionneront des réelles économies et surtout nous sommes sûres que, dans une plus grosse structure, les femmes auront encore plus de difficultés à pousser la porte ».