Ecrit le 27 février 2011
Sassou président-dictateur du Congo
Sale temps pour les dictateurs ! On a assisté à la fuite de Ben Ali. Puis au bannissement de Moubarak. Avec Kadhafi, c’est la haine finale, le carnage. qu’en sera-t-il des autres dictateurs du monde ? Internet contribue à diffuser les rébellions des peuples arabes, mais l’afrique est encore peu touchée. Et pourtant Sassou, Bongo, ...
La diplomatie française est à la peine : la patrie des Droits de l’homme cajole les dictateurs. On se souvient notamment de la réception somptueuse de Kadhafi en 2007. Mais c’était un autre temps et il y avait des marchés à décrocher.
En 2011, au moment où les peuples protestent, la France continue à féliciter les dictateurs. Dernier exemple en date : la République du Congo où la France a remis la légion d’honneur à JD OKEMBA.
La légion d’honneur à JD Okemba
Le 11 février 2011, l’ambassadeur de France au Congo-Brazzaville Jean-François VALETTE a remis la légion d’honneur au contre-amiral congolais Jean Dominique OKEMBA, neveu et figure de proue du régime de SASSOU NGUESSO, (1) dont il est le conseiller spécial depuis 1997, date de reprise en main du pouvoir par un coup d’Etat sanglant .
« Cette distinction honorifique est une reconnaissance par la France des qualités et de l’action de Jean Dominique OKEMBA dans le domaine militaire, sécuritaire et diplomatique. Elle traduit l’excellence des relations d’amitié, de fraternité et de coopération entre la France et le Congo Brazzaville ». a ainsi déclaré Jean-François VALETTE lors de la remise de la décoration, en relevant son rôle en tant que militaire « qui permet de rappeler que l’armée est un élément central dans la stabilité des pays » et en tant que responsable de la sécurité.
Il s’agit d’un satisfecit indigne lorsqu’on connaît la dimension clanique, répressive et meurtrière de l’armée nationale congolaise, qui en 1997 a réinstallé dans le sang le régime SASSOU NGUESSO à l’issue d’une terrible guerre déclenchée par ce dernier pour récupérer le pouvoir.
Il est par ailleurs très surprenant que le décret d’attribution de la légion d’Honneur à Jean-Dominique OKEMBA ait été signé le 31 décembre 2010 dernier par Nicolas SARKOZY, alors que les révoltes tunisiennes auguraient déjà d’une remise en cause générale des régimes dictatoriaux par des populations exaspérées au Maghreb, dans le reste de l’afrique et dans le monde arabe. Le chef de l’Etat, tout comme sa Ministre des Affaires étrangères lors de son séjour décrié en Tunisie, a donc indéniablement commis lui aussi une grave « erreur d’appréciation » en attribuant cette décoration à contretemps de l’Histoire qui, en Tunisie, vient d’invalider la politique de la « stabilité », théorie fumeuse qui repose avant tout sur une peur maladive du vide et une persistance à croire que les peuples africains ne peuvent prendre en main leur destin.
Dans ses remerciements, M. Okemba a rendu hommage au président Sassou !
Demain le peuple congolais pourra-t-il « moubaraker » son dictateur ?
SSSASSSOU dégage !
Après avoir été défait démocratiquement par le président Lissouba en 1992, Monsieur Sassou, de retour de France, où il a séjourné pendant 18 mois, n’aspire qu’au coup d’état comme unique moyen de revenir à la plus haute magistrature au Congo-Brazzaville. Avec la bénédiction de Jacques Chirac et l’appui du groupe pétrolier Total Fina Elf, il mène une sanglante guerre civile en 1997 (2) avec renfort de l’armée angolaise. Le procès d’ELF a montré en effet qu’en 1997 la FIBA (la banque d’ELF) a joué un rôle dans la livraison des armes qui ont permis de faire un carnage à Brazzaville.
Dès sa prise de pouvoir, progressivement les piliers de la démocratie sont démantelés : les nouveaux gouvernants nomment les maires, les présidents départementaux. c’est le début de la mise en place d’un système de contrôle, d’un régime autocratique et dictatorial. Très vite, s’installe un climat de règlements de comptes envers les dirigeants du pouvoir déchu, jusqu’Ã instaurer une politique macabre : délibérément on massacre dans la partie Sud du pays. Les miliciens se passionnent pour ce sale boulot qui s’accompagne d’un droit divin de pillage, de destruction de l’agriculture, d’élimination de la population. Les morts se comptent par milliers. La communauté internationale se tait.
La dictature de Sassou repose sur l’intimidation, la gloire, le culte de la personnalité. Et, bien entendu, le pouvoir se concentre autour de la famille et des amis nommés aux plus hautes fonctions de l’Etat. Comme dans toutes les dictatures, le clan au pouvoir truste les richesses : hôtels particuliers, villas luxueuses en Argentine, appartements à Paris, haciendas en Corse. Bien entendu M. Okemba est largement bénéficiaire ! c’est ce qu’on appelle les « biens mal acquis » par ces dictateurs qui confondent intérêts personnels et les deniers publics. Depuis mai 2007, la justice française est bloquée dans ses tentatives d’instruire les plaintes successives déposées contre le détournement de fonds de quelques dirigeants étrangers.
Mais tandis que se construisent des palais présidentiels et des préfectures, la population est plutôt préoccupée de sa survie quotidienne (misère, maladie, chômage). Faible niveau scolaire, faible niveau de vie : le taux d’angoisse sur l’avenir ne fait que croître dans une jeunesse congolaise désoeuvrée.
Le pétrole ne coule pas pour les pauvres
Un rapport du Fonds monétaire international, faisant suite à une mission début novembre 2001, montre que, entre 1999 et 2002, 248 millions de dollars provenant de l’extraction du pétrole brut ont disparu de traces dans la comptabilité nationale. Dans le budget 2003, sur les 800 millions de dollars de rente pétrolière, seulement 650 millions ont été inscrits. Sassou Nguesso a ainsi, pendant des années, pillé les richesses du pays. Elf, puis Total, qui fournit à l’Etat congolais 70% de ses revenus pétroliers, ont été à la tête des malversations qui ont assuré sa fortune. Celle-ci provient aussi de rétro-commissions touchées sur des contrats de passation de marchés publics, du pillage du trésor public
L’action judiciaire de « fonds vautours », qui avaient racheté à bon compte une partie de la dette congolaise, a mis au jour, en 2005, un système de sociétés écrans contrôlées par des hommes proches du président Denis Sassou-Nguesso : ces sociétés déviaient une partie de l’argent du pétrole vers des comptes bancaires situés dans des paradis fiscaux.
(source : un rapport du CCFD (Comité catholique contre la faim) de mars 2007. (3)
Un rapport du Secours catholique de février 2011 (4) révèle que « le pétrole de coule pas pour les pauvres » : En dépit de l’annulation par le Club de Paris de 5 milliards d’euros de dettes, et de l’accroissement constant de la production pétrolière et des revenus inhérents, 70% des habitants du Congo-Brazzaville vivent en-dessous du seuil de pauvreté (moins d’un dollar par jour).
Voir aussi le blog : http://mampouya.over-blog.com/article-sassou-nguesso-degage-67937710.html
et notamment ceci : http://mampouya.over-blog.com/article-lettre-ouverte-a-la-presse-et-aux-responsables-politiques-fran-ais-67606177.html
21 février 2011 : Bongo à l’Elysée
Autre dictateur ami de Sarkozy : Al Bongo, président-dictateur du Gabon, a été reçu à l’Elysée le 21 février 2011 : « En plein ’dictateur-gate’ pour Michèle Alliot-Marie et François Fillon, Nicolas Sarkozy maintient le cap d’un soutien fidèle et assumé aux régimes autocratiques en Afrique en recevant Ali Bongo », déplore l’association Survie.
Des défenseurs des droits de l’homme estiment que le vent de révolte qui souffle dans les pays arabes est de nature à relancer le mouvement contre les « biens mal acquis » dans plusieurs Etats africains.
La police a dispersé, lundi 21 février, de nombreux groupuscules venus à Libreville pour participer à une manifestation en vue de « déloger Ali Bongo ». Des messages sur les forums et les réseaux sociaux d’Internet, appelaient à un soulèvement populaire. Sans succès.
Pour l’instant.