Ecrit le 25 avril 2012
Du méthane à Derval, quelle résurrection
Du méthane à Derval, quelle résurrection. Car la ferme expérimentale de Derval, dépendant de la Chambre d’Agriculture, a déjà connu un premier essai de station de production de méthane, dès 1980, puis un deuxième essai au deuxième trimestre de 1985, du temps où Henri Baron était président de la Chambre d’Agriculture. A l’époque le méthane (ou bio-gaz) était produit uniquement avec le fumier de la ferme et servait à chauffer les bâtiments et l’eau des installations de traite. C’était l’épo-que où le pétrole était cher. Par la suite, quand il est devenu peu onéreux, l’installation a été abandonnée. Quel gâchis : on a contribué ainsi à accélérer l’utilisation d’un pétrole dont, déjà , on nous annonçait l’épuisement.
Mais voilà que, 20 ans plus tard, le prix du pétrole grimpe à nouveau et grimpera encore car nous savons maintenant que cette ressource naturelle n’est pas inépuisable. Parmi les autres ressources naturelles, l’exploitation du méthane redevient intéressante. Le méthane est un composé chimique découvert et isolé par Alessandro Volta entre 1776 et 1778. Il s’agit du plus simple des hydrocarbures. Il est assez abondant dans le milieu naturel, ce qui en fait un combustible à fort potentiel. La méthanisation est une succession de réactions biologiques qui dégradent la matière organique et la transforment en un composé gazeux : le bio-gaz, combustible. Diverses matières organiques peu-vent être traitées ainsi, le lisier par exemple. Celui-ci, une fois méthanisé, est débarrassé de son odeur mais pas de ses composés fertilisants, il peut donc être valorisé par épandage sur les terres agricoles.
DAM oui !
D.A.M : Derval Agri’méthane. Le projet industriel rassemble 5 partenaires :
- - les agriculteurs locaux
- - la chambre d’Agriculture
- - la Com’Com’ de Derval
- - le lycée agricole de Derval
- - et SITA Grand Ouest (organisme dépendant de Suez-Environnement qui assure la gestion globale des déchets pour 14 départements des régions Bretagne, Pays de la Loire, Basse Normandie et Haute Normandie)
Photo ci-contre : Cinq partenaires : agriculteurs locaux, SITA Ouest, Chambre d’Agriculture, Com’Com’ de Derval et Lycée agricole de Derval.
La matière organique utilisée sera :
- - pour 60 % des effluents d’élevage (lisier de porcs et bovins, fumier de bovins et de volailles) : soit 7500 tonnes environ, produits dans un rayon de 2 à 3 km.
- - pour 40 % des substrats agro-industriels (bio-déchets, graisses, boues biologiques) soit 5000 tonnes environ.
A terme, l’objectif est de valoriser la partie fermentescible des déchets ménagers, les déchets verts et les déchets de restauration du lycée agricole.
- â–º Le bio-gaz produit servira à produire de l’électricité (qui partira dans le réseau public d’électricité) et de la chaleur qui chauffera les bâtiments et les bassins de la future piscine de la Com’Com, et les locaux du lycée agricole de Derval.
- â–º Le digestat sera épandu sur les parcelles d’une dizaine d’exploitations agricoles situées dans un rayon de 5 km autour du site d’implantation de l’usine.
L’installation devrait être terminée en fin d’année 2014. Le coût, 2 millions ou 2,5 millions d’euros, sera amorti en une dizaine d’années. Ce projet répond aux défis climatiques et énergétiques actuels en contribuant à la réduction des gaz à effet de serre et en utilisant une énergie renouvelable à la place d’énergies fossiles dont la ressource s’épuise.
Ecrit le 7 août 2019
méthanisation
Pour la Confédération paysanne, les avantages de la méthanisation sont loin d’être avérés, mais les dérives sont déjà bien présentes : détournement de l’usage alimentaire des terres, accaparement des subventions publiques, spéculation foncière, pollutions, épuisement de la matière organique des sols, etc.
Une unité de méthanisation a besoin de matières carbonées pour être rentable. Celles-ci proviennent notamment des cultures, qu’elles soient principales ou intermédiaires, et des prairies. Or, les alertes sur le sujet sont nombreuses ! Ici un entrepreneur presse et achète la paille à un prix plus élevé que celui auquel les éleveurs et les éleveuses l’achetaient. LÃ du maïs vendu à 3000 euros l’hectare sur pied ou encore des exploitations céréalières qui vendent la moitié de leur récolte à des fins de méthanisation.
En pleine période de sécheresse la Confédération paysanne demande que les approvisionnements des méthaniseurs avec du fourrage soient immédiatement interdits !
« Par ailleurs, en toute saison, les modalités d’alimentation des méthaniseurs avec des cultures doivent aussi très rapidement être revues. La réglementation actuelle provoque des détournements d’usage des terres importants, une forte concurrence entre énergie et alimentation, une mise en danger de l’élevage et une spéculation foncière ».