Ecrit le 24 octobre 2012
Gilbert Massard a presque 70 ans : la fatigue est là , la passion est intacte. Il a deux centres d’intérêt : le petit patrimoine religieux de la région, et les œuvres de Jean Fréour.
Depuis 19 ans dormait dans son crâne l’envie de restaurer « la croix du Montjouan » à Issé. Une croix « tréflée » comme il n’en connaît que trois sur le millier de croix qu’il a répertoriées dans la région avec l’association St Patern qu’il préside.
L’une de ces croix se trouve à La Montagne (Rougé), la seconde est au bourg de Jans (datée de 1875). Celle de Montjouan figure au cadastre d’Issé de 1811. Elle est unique car la partie haute de cette croix, jusqu’au noeud, est taillée dans un seul bloc de schiste. Repérer la croix, la sortir du fourré où elle se trouvait, rassembler tous les morceaux (ou presque) : c’est pas une petite affaire.
Le noeud de la croix, taillé dans un bloc de schiste de 100 kg, a demandé 25 heures de travail à un retraité de génie (qui tient à rester anonyme). Du très beau travail.
Le croisillon, tout cassé, a aussi été refait en atelier. Le trèfle qu’il porte a une signification symbolique : référence à ce qu’on appelle « La Sainte Trinité » : un Dieu en trois personnes.
Ce fameux croisillon fait un mètre de large, et 1,50 m de haut (jusqu’au noeud). Il a été taillé dans un bloc de schiste de 30 cm d’épaisseur, pesant deux tonnes !
Il va rester maintenant à refaire une base puis à réinstaller cette croix. Le travail sera confié à l’ACPM (Ateliers et Chantiers du Pays de La Mée) qui a déjà réalisé des travaux de ce type à St Vincent des Landes, Issé, Ruffigné (sans oublier le déplacement du monumental calvaire de Soudan).
Il va falloir faire les fondations,
réaliser la marche, placer l’embase
monolithe, monter un socle de
quatre rangées de pierres appa-
reillées, puis installer la dalle, la base, le fût, le noeud et le croisillon.
c’est un véritable travail
d’équipe qui est mis en
œuvre puisque, outre les
pièces tournées par le
retraité maison,
Olivier Lavigne assure
la restauration de la dalle
monolithe moulurée et de la base de la croix, ainsi que la taille des pierres du socle manquantes.
Gilbert Massard, fier du travail accompli par l’association St Patern, se pose maintenant des questions : « la fatigue (pas seulement physique) se fait de plus en plus sentir ; les difficultés et les embûches me poussent à considérer que tout n’est pas possible, qu’il faudra restreindre nos activités et préparer le terrain pour assurer la relève indispensable... J’aspire de plus en plus à retrouver une certaine sérénité et à libérer du temps, pour me consacrer à mes autres passions et recherches ». iI peut, en effet, faire un travail remarquable sur le sculpteur Jean Fréour qu’il a eu la chance de bien connaître (et qui a vécu 12 ans à Issé ).
Adieu chapelle ?
Mais une question le tracasse toujours : que va devenir la chapelle de l’ancien hôpital de Châteaubriant ? « La chapelle propriété de l’hôpital de Châteaubriant a été achetée par la ville en 2009 pour la somme de 37 000 €. Il faut ajouter 310 000 € de travaux pour le seul aménagement intérieur. La chapelle pourrait accueillir des expositions et le bâtiment annexe de salle de réunions. Au fil des siècles, Châteaubriant a possédé 22 chapelles, aujourd’hui seulement quatre nous sont parvenues avec des fortunes diverses : la chapelle de l’institution St Joseph a été convertie en cantine, celle des Ursulines de Béré a un sort moins enviable puisque transformée en garage ! la chapelle du château, bien départemental, a son avenir assuré. qu’adviendra-t-il de la chapelle de l’hôpital qui, jusqu’Ã une époque récente, accueillait nos expositions et conservait encore les marques de sa fonction première. () Le mobilier et les objets liturgiques ont été enlevés et l’on s’apprête à » démonter « l’autel dont le panneau central est un haut relief en terre cuite vernissée et dorée et les 14 stations du chemin de croix moderne en fonte. Laissera-t-on en place la pierre de fondation de 1819 ? Le patrimoine religieux ne mérite-t-il pas autant d’égards que le machinisme agricole ? »
(photos de Gilbert Massard)
La Croix de Montjouan est devenue : Croix de la Grée
Ecrit le 15 mai 2013
Au bord de la route
L’association St Patern vient de restaurer la statue du Sacré Cœur au lieu-dit Le Hadet, sur la route de Châteaubriant à St Julien de Vouvantes. Cette statue a été érigée en 1923, pour une demande de grâce (guerre 14/18)
Une équipe de copains bien courageux d’Erbray sous la houlette d’un spécialiste de l’association St Patern, ont débroussaillé le site, l’ACPM s’est occupée de la consolidation du socle et rejointoiement, l’association a assuré le décapage et la remise en peinture de la statue en fonte
Ces travaux ont été financés par le propriétaire , un don anonyme de 50 €, les Ainés ruraux (80 €), le comité des fêtes des Landelles (80 €), la municipalité (50 €) et l’association St Patern.
(Ndlr : Gilbert Massard, après 20 ans passés à la tête de l’association St Patern, a souhaité passer le relais de sa succession en douceur. « Je ne vais plus quémander, me battre. Pour mon équilibre, pour ma santé, pour retrouver une sérénité perdue, je souhaite prendre du recul »).