Ecrit le 30 janvier 2013
Une femme à briser
Courrier international du 25/01 : Ce 24 janvier, la justice turque a condamné la sociologue turquePinar Selek, exilée en France, à la prison à vie pour terrorisme. Cela fait quatorze ans que Pinar Selek subit une procédure judiciaire. Il s’agit, à travers le cas de cette sociologue, de « donner une leçon » à tous ceux qui veulent une solution démocratique à la question kurde. Dans le cadre de ses recherches, Pinar Selek a rencontré des responsables du PKK : il fallait donc l’intimider.
Pinar Selek a été jugée en tant que principale suspecte du procès de l’« attentat » du marché égyptien d’Istanbul [qui a fait sept morts le 9 juillet 1998]. Elle a été emprisonnée et a eu à subir des tortures terribles dont elle a gardé des séquelles physiques. Et, alors qu’elle avait pourtant déjà acquitté la jeune femme à trois reprises, la douzième Cour pénale d’Istanbul a, pour des « raisons techniques » que personne n’a réussi à comprendre, cassé sa propre décision d’acquittement fin novembre. []
Lorsque Pinar Selek a appris que son acquittement était cassé, elle a déclaré : « Ils ne veulent pas laisser tomber. Je suis devenue une cible à cause de mes recherches. Que je sois encore victime d’un tel complot aujourd’hui m’amène à penser que ce qui m’arrive est lié à mes prises de position. En Turquie, il n’y a que trois options pour ceux qui, comme Hrant Dink [journaliste turco-arménien assassiné en janvier 2007], Nazim Hikmet [poète turc mort en exil à Moscou en 1963] ou moi-même, aiment leur pays et luttent pour la liberté : la prison, la mort ou l’exil. »
12 CDD en 11 ans
20minutes.fr du 22/01 : Sophie, 32 ans, attaquait l’INSERM devant le tribunal administratif, pour être réintégrée dans le centre de recherche en cancérologie où elle travaillait jusqu’en septembre dernier. Rentrée en 2001, cette ingénieure d’études a été « remerciée »... après y avoir accumulé douze CDD et six avenants en l’espace de onze ans, le tout sans discontinuer. « Elle a travaillé dans les mêmes locaux, avec la même fonction et le même directeur de laboratoire », souligne Me Bascoulergue. Mais rien n’y fait.
« Le responsable des ressources humaines m’a certifié que mes compétences et mon investissement professionnel n’étaient nullement remis en cause, mais que cette situation relevait d’une aberration administrative », se désole cette chercheuse nantaise, mise au chômage sans la moindre indemnité. Surtout, les projets dont elle avait la charge ont été suspendus. Parmi eux, le suivi d’une « étude clinique de grande ampleur », qui permettrait de « prouver l’efficacité d’un traitement évitant les infections mortelles aux patients en réanimation »...
A vrai dire, Sophie a peut-être eu le tort de réclamer sa titularisation, comme le permet la « loi Sauvadet » du 12 mars 2012 après six ans de CDD. A l’Inserm, elle n’en a fait que quatre : selon les lignes budgétaires allouées aux uns ou aux autres, elle a aussi été rattachée, officiellement, au CHU ou encore au CNRS.
« L’Etat est le plus mauvais employeur qu’il soit : il multiplie les contrats précaires dans ses services », assène son avocat. Le jugement du tribunal administratif de Nantes est attendu sous quatre semaines.
Expulsés de 4 m2
NouvelObs.com du 21/01 : Elle vivait depuis 3 ans avec son bébé dans un logement de 4 m2 qu’elle payait 200 €/mois à Paris. Après trois mois d’impayés, la propriétaire a fait changer la serrure, elle a vidé les affaires de la chambre et elle les a mises dehors. Une expulsion illégale, en pleine période de trêve hivernale. Et une location illégale, un appartement devant mesurer au minimum 9 m2.
La préfecture de police était pourtant au courant de la situation de cette mère célibataire depuis juin 2012. L’arrêté d’interdiction de louer n’a pas encore été pris. « La préfecture a mis 7 mois à réagir après que nous l’avons prévenue », a déploré Patrick Doutreligne. La propriétaire risque d’être poursuivie pour « hébergement incompatible avec la dignité humaine ».
Retarder les génériques
Les Echos.fr du 21/01 : aux Etats-Unis « les laboratoires multiplient les accords avec des fabricants de génériques pour reporter leur commercialisation. En 2012, 40 accords de ce type ont été signés, soit une hausse de 43% sur un an ». Ces accords entre laboratoires et fabricants de génériques ont coûté 3,5 milliards de dollars aux familles américaines, qui ont dû acheter leurs médicaments plus cher.
Pour Les Echos : « ces accords, qui ont émergé au milieu des années 2000, permettent de décaler de 17 mois, en moyenne, l’entrée sur le marché des médicaments génériques. Les grands laboratoires, qui ont parfois dépensé des fortunes en recherche et perdent leur brevet après 20 ans, sont prêts à débourser des dizaines, voire des centaines de millions d’euros pour échapper à la concurrence ».
« L’enjeu est essentiel : la commercialisation d’un générique fait baisser les prix de 30% en moyenne. Les entreprises du générique, qui amassent de belles sommes en économisant des charges de commercialisation, y sont gagnantes », continue le journal. Les Echos précise toutefois que « la Commission du commerce a multiplié les procès [contre des laboratoires] pour dénoncer une atteinte à la compétitivité et une violation des lois »antitrust« ». En Europe, la Commission [de Bruxelles] tape aussi du poing sur la table « et » enquête sur des ententes visant à retarder l’arrivée de génériques ".
Atomes pas crochus
Le Canard enchaîné du 23/01 : belle inauguration, ce jeudi 17/01 à Cadarache, du siège social d’Iter, ce pharaonique machin nucléaire aux pharaoniques dépassements budgétaires (il est passé de 5 à 16 milliards d’euros). En tant qu’eurodéputée du grand Sud-Est, la Verte (et antinucléaire) Michèle Rivasi avait demandé à participer au raout auquel assistait entre autres la ministre de la Recherche, Geneviève Fioraso. Et avait reçu une invitation en bonne et due forme suivie de ce rétropédalage : « Ma hiérarchie souhaite que l’inauguration de jeudi prochain soit simplement une célébration enthousiaste des progrès réalisés par Iter (construction, autorisation de création donnée par le gouvernement, etc), rassemblant les amis du projet. Dans ce sens, il m’a été demandé de ne pas inviter Mme Rivasi. »
Fraude fiscale massive
L’Humanité.fr du 22/01 : Entre 60 et 80 milliards d’euros, c’est le montant de la fraude fiscale en France que chiffre le syndicat Solidaires-Finances publiques dans son dernier rapport (lire aussi La Mée en page 2)
En 2007, le syndicat chiffrait le montant dans une fourchette de 42 à 51 milliards d’euros. [] Ce montant représente entre 16,7 et 22,3% des recettes fiscales brutes de l’Etat, voire plus « si l’on pouvait analyser la réalité des diverses transactions pratiquées au sein des grands groupes ». Il représente le double des économies budgétaire inscrites dans la loi de Finances 2013.
L’étude démontre que la France dispose « d’un contrôle fiscal qui est bien armé et bien positionné pour certains types de fraude, mais qui l’est moins pour d’autres ». C’est le cas pour le commerce électronique où il est très difficile d’évaluer la fraude. Selon des chiffres de la Cour des comptes, le rapport juge la fraude à la TVA « particulièrement importante » et la situe dans une fourchette de 10 à 11 milliards par an.
Quant aux Français qui vont s’installer à l’étranger pour éviter les impôts, la tâche de Bercy est de repérer ceux qui n’ont pas vraiment quitté le territoire français. Le rapport note que : « Les avoirs placés en Suisse par les résidents français avoisineraient les 90 milliards d’euros. »
Le rapport affirme que la Direction générale des finances publiques (DGFiP) « aura perdu 18% de ses effectifs entre 2002 et fin 2013, soit 26.000 emplois ». Par ailleurs, le syndicat recommande de « mener au plan national et européen, un plan d’action beaucoup plus vaste ».