Ecrit le 3 avril 2013
Il n’y aura pas de deuxième aéroport à Toulouse
Il n’y aura pas de deuxième aéroport à Toulouse. Le préfet de la région Midi-Pyrénées, Henri-Michel Comet, l’a annoncé définitivement dans une lettre datée du 6 février 2013 et adressée au président du syndicat mixte du Scot (Schéma de cohérence territoriale) de la vallée de l’ariège : « Aucune relance d’une réflexion sur un nouveau site aéroportuaire n’est () aujourd’hui justifiée. » Voilà qui clôt un débat vieux de trente ans.
Comme pour Notre-Dame-des-Landes, le projet d’un second site aéroportuaire à Toulouse, se fondait sur une hypothèse : la saturation de l’actuel aéroport de Toulouse-Blagnac, compliquée par le fait que l’aéroport existant se situe dans une zone très urbanisée où les habitants se plaignent des nuisances. En 2003, une étude de l’aDPI (Aéroports de Paris Ingénierie) prévoyait que le site toulousain serait engorgé à l’horizon 2015 ou 2020. Une date très vite repoussée à 2035 - 2040 par une seconde étude, du Conseils Air transport sud cette fois.
Or, dans sa lettre du 6 février 2013, le préfet écrit : « L’évolution actuelle du trafic de Toulouse-Blagnac montre une progression des mouvements d’avions, et donc des nuisances, plus modérée que celle initialement envisagée », car les appareils ont évolué, au fil du temps, ils sont plus gros et transportent plus de passagers.
« Entre 2001 et 2011, le trafic passagers est passé de 5,2 millions de passagers à 7 millions de passagers alors que le nombre de mouvements a décru de 86 000 à 85 000, l’emport par mouvement passant au cours de la même période de 61 à 83 passagers en moyenne par avion », chiffre le préfet dans sa lettre, avant de conclure : « L’hypothèse de saturation de l’aéroport envisagée par le passé n’est plus d’actualité. »
Mais ce n’est pas tout. Dans le courrier, il rappelle aussi que le projet de ligne à grande vitesse entre Paris et Toulouse « se poursuit normalement ». prévue à l’horizon 2020, celle-ci devrait alors mettre Paris à 3 heures de Toulouse, ce qui représentera un temps de trajet réduit, plus réduit en tout cas que celui d’un transport par avion où les temps d’embarquement (et de contrôle préalable des passagers) sont toujours très long.
Les arguments du préfet, pour Toulouse, sont exactement ceux des opposants à Notre Dame des Landes : non-saturation de l’aéroport de Nantes-Atlantique et bonnes liaisons ferroviaires vers Paris. Sans compter le coût d’un tel investissement, aussi inutile que grandiose.
Mais voilà , les autorités de l’Etat (Premier Ministre), du Conseil Régional et du Conseil Général y tiennent, sans doute pour leur gloire personnelle ! Une gloire qui risquerait de nous coûter très cher si l’aéroport de Notre Dame des Landes se faisait.
La décision prise à Toulouse fera-t-elle réfléchir nos élus ?
Communiqué du 23 mars 2013 : Expulsions
Le Tribunal d’instance de Saint-Nazaire a confirmé le 23 mars l’expulsion des habitants de La Chateigneraie : décision qui intervient dans un contexte particulier et rend son application irréaliste.
En effet, l’heure est à l’attente et non à la précipitation : outre les conclusions de la Commission du dialogue qui seront données début avril, le rapport d’expertises sur les mesures compensatoires doit également être délivré très prochainement.
Quant à la Commission européenne et à la commission des pétitions du parlement européen, elles attendent les réponses du Gouvernement français dans le cadre de la démarche précontentieuse pour la première et, se prononcer sur la nécessité d’envoyer une mission d’enquête parlementaire sur le terrain pour la seconde.
Pour les Conseillers régionaux des groupes EELV (Europe-Ecologie Les Verts) de Bretagne et des Pays de la Loire, l’application de cette décision d’expulsion n’a donc aucune justification tangible d’autant qu’elle nécessiterait l’intervention des forces de l’ordre.
Nous rappelons qu’une telle intervention ne serait pas acceptable et en totale contradiction avec la volonté de dialogue et d’apaisement sur ce dossier.
(fin de communiqué)
Au niveau européen
- C’est au niveau européen que se poursuit désormais le débat sur l’aéroport Notre-Dame-Des-Landes. Les porte-paroles des pétitions impulsées sur le sujet ont été auditionnés par une Commission du Parlement européen. Trois pétitions ont été présentées :
- - la première présentée par Françoise Verchère au nom du Collectif d’élus « doutant de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes » et du collectif citoyen l’ACIPA
- - la seconde promue par Bruno Genty, président de France Nature Environnement et cinq autres associations
- - la troisième était celle des partisans du projet, représentés par Alain Mustière.
En cause, le non respect du droit de l’environnement européen : directive sur l’eau, directive Habitat, directive Oiseaux et directive sur l’évaluation des incidences sur l’environnement.
Interrogé depuis janvier, le gouvernement a demandé un délai supplémentaire de 15 jours pour répondre, la France aura donc jusqu’Ã la mi-avril pour faire parvenir ses arguments à la Commission européenne. Par ailleurs la commission des pétitions doit poursuivre ses investigations, notamment avec l’envoi rapide d’une commission d’enquête, composée de députés européens de différentes nationalités.
Même l’OCDE s’en mêle
« La France étant dotée d’infrastructures de réseau et de transports bien développées, certains investissements supplémentaires ont probablement un rendement relativement faible », écrit l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) dans ses « Etudes économiques » (page 27). Elle poursuit : « certaines lignes de train à grande vitesse ne seront sans doute jamais rentables et des projets prestigieux, notamment la construction du nouveau siège du ministère de la défense, de stades ou d’aéroports régionaux, risquent de représenter une charge pour les générations futures ».
Enfin, elle émet cette recommandation : « La rentabilité des projets d’investissement public devrait être évaluée avec soin ».
Grands projets inutiles
Dans un article d’août 2012, le Monde Diplomatique s’adresse aux concepteurs de grands projets :
« Pour séduire vos interlocuteurs, la démesure sera votre premier atout. Incitez vos ingénieurs à ébaucher des plans pharaoniques : percer cinquante kilomètres de tunnel sous les Alpes pour le tracé du train à grande vitesse (TGV) Lyon-Turin, mettre en valeur des milliers de mètres carrés de bocage pour implanter un aéroport dans la région nantaise, creuser sous la ville de Barcelone L’exploit technologique, nourrissant l’orgueil national, occultera les désagréments pour les autochtones ».
« Labourez le terrain politique en flattant la mégalomanie des grands élus qui rêvent tous d’une tour Eiffel dans leur cité. Une fois que vous aurez gagné leur confiance, ils sauront faire pression sur la cohorte des élus plus modestes, dont les finances seront ponctionnées même si les retombées pour leur territoire n’existent que sur le papier »
« Face aux arguments amateurs, invoquez la rigueur technocratique de vos spécialistes. Avec l’ardeur des pionniers, brandissez l’intérêt national, voire international, face à la vision passéiste de vos contradicteurs. Revendiquez votre participation sincère et transparente aux concertations publiques ». () « Au nom de l’intérêt général, assignez, inondez les protestations sous des nuages de gaz lacrymogène, distribuez les amendes par milliers et faites éventuellement interpeller à tour de bras, comme en Allemagne pour la nouvelle gare de Stuttgart ».
Pour paraphraser George Orwell, dont l’un des personnages déclarait : « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force », je n’hésiterai pas à l’affirmer : l’inutile, c’est rentable !