Ecrit le 15 mai 2013
La petite fille de Mao est millionnaire
AFP.fr du 09/05 : La présence de la petite-fille de Mao Tsé-toung sur une liste de millionnaires a déclenché en Chine des railleries dénonçant « l’hypocrisie » d’un régime qui continue officiellement à prôner l’idéal révolutionnaire du fondateur de la République populaire.
Kong Dongmei et son mari Chen Dongsheng figurent au 242e rang d’une liste de riches établie par un magazine financier chinois, New Fortune. Leurs avoirs sont estimés à 5 milliards de yuans (620 millions d’euros). Mme Kong est la petite-fille de Mao et de sa 3e épouse. En 2001 elle avait ouvert une librairie à pékin vantant la « culture rouge », celle de la cause révolutionnaire prolétarienne à l’origine de la fondation de la Chine communiste.
De nombreux internautes ironisent sur la fortune de Kong Dongmei, estimant qu’elle est bien loin de correspondre aux valeurs de désintéressement de la période maoïste. Ils critiquent aussi Mme Kong pour avoir apparemment violé la règle de l’enfant unique. Selon New Fortune, le couple aurait trois enfants. [...]
Cette controverse intervient alors que le célèbre cinéaste Zhang Yimou, l’un des principaux personnages culturels officiels de la Chine, est également accusé d’avoir violé à plusieurs reprises la politique draconienne de l’enfant unique. Le réalisateur d’« Épouses et concubines » aurait au moins sept enfants.
Paradis fiscaux
LeMonde.fr du 10/05 : les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie ont annoncé de concert, jeudi 9 mai, avoir mis la main sur des données portant sur la création de sociétés offshore, par des entreprises et par des individus, dans les îles Caïmans, les îles Vierges britanniques et les îles Cook, ainsi qu’à Singapour. [] Jamais les États n’avaient accédé à des données d’une telle ampleur. [] Le fait que ces fichiers secrets soient entre les mains d’États, et non plus seulement de journalistes annonce des heures difficiles pour les fraudeurs.
Les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie ont commencé à travailler ensemble, pour remonter jusqu’aux propriétaires réels de ces sociétés offshore, dissimulés derrière des prête-noms. Une coopération d’un genre et d’une importance inédits. Une centaine de propriétaires de ces sociétés auraient déjà été identifiés outre-Manche et seraient sous le coup d’enquêtes, de même que 200 intermédiaires ayant aidé à la création de ces entités. [] Pour le fisc américain, cette coopération nouvelle engagée avec le Royaume-Uni et l’Australie vise un objectif très ambitieux : « Ne laisser nul endroit où aller à ceux qui essaient d’échapper illégalement à l’impôt ».
L’enquête menée conjointement par ces trois grands États, visiblement désireux de prendre la tête du combat contre la fraude fiscale va accentuer la pression sur les territoires et les pays les plus réticents à lever leur secret bancaire, totalement et sans condition, et à coopérer. Comme, jusqu’à présent, dans l’Union européenne, la Suisse, le Luxembourg et l’Autriche...
L’enquête sera suivie de près par les autres pays membres du G20. Pourront-ils accéder à leur tour aux données confidentielles sur les propriétaires des sociétés offshore, afin d’identifier leurs propres résidents ? Les trois pays laissent entendre que cela pourrait être possible...
Usines à bébés
Lexpress.fr du 10/05 : Dix-sept adolescentes, retenues prisonnières dans une même maison, ont été libérées par la police au Nigeria. Elles étaient toutes enceintes du même homme et leurs bébés étaient destinés à être vendus. Onze enfants en bas âge ont également été retrouvés. Une femme soupçonnée d’avoir organisé ce trafic est toujours recherchée.
Les voisins prenaient la maison pour un orphelinat ou un refuge pour femmes enceintes. On ne sait pas si les jeunes filles avaient été amenées dans la maison de force mais elles ont raconté à la police qu’elles ont été mises enceintes par un jeune homme de 23 ans, actuellement en prison.
Les jeunes filles, âgées de 14 à 17 ans, ont affirmé qu’elles n’étaient nourries qu’une seule fois par jour et n’étaient pas autorisées à quitter la maison. Elles ont indiqué à la police que leurs enfants devaient être vendus à des personnes « désireuses de les acheter ».
Dans un rapport sur le trafic d’êtres humains publié le mois dernier, l’UE a classé le Nigeria comme le pays où ce fléau est le plus répandu. Ce rapport indique que la vente d’enfants y est courante et que la police a déjà découvert ce qu’on peut appeler des « usines à bébés ». En mai 2011, dans l’Etat d’Abia (sud-est), la police a libéré 32 jeunes filles enceintes qui ont indiqué qu’on leur avait offert entre 25 000 et 30 000 naira (191 dollars) selon le sexe de leur bébé. Un autre groupe de 17 jeunes filles a été découvert en octobre 2011 dans l’Etat d’Anambra (sud) dans des circonstances semblables.
L’Unesco a classé le trafic d’êtres humains en troisième place des crimes commis au Nigeria, après la corruption et le trafic de drogue.
Harcèlement sexuel
leMonde.fr du 11/05 : Des histoires de harcèlement sexuel, Oualid Hammad en a entendu des dizaines. Des incidents subis au quotidien par ses soeurs et ses amies à chaque coin de rue ou dans les transports publics. Le jeune acteur de 24 ans était loin de réaliser l’ampleur de la violence, verbale et parfois physique, devenue tristement ordinaire en Égypte. Il l’a expérimentée en se glissant dans la peau d’une femme pour les besoins d’un reportage diffusé en mai sur la chaîne privée égyptienne ONTV.
Fardé et affublé d’une perruque et d’une longue jupe, il s’est promené dans le centre-ville du Caire. Sur son passage, les regards des hommes se font insistants. Certains l’interpellent, d’autres entreprennent de le suivre, lui susurrant des propositions indécentes parfois accompagnées de gestes déplacés.
Pour faire mentir le préjugé répandu en Égypte que les femmes suscitent ce harcèlement par leur tenue « indécente », Oualid a réitéré l’expérience, les cheveux couverts d’un voile. La petite balade s’avère tout aussi oppressante... Moralité, confie Oualid au journal Aswat Masriya : « C’est une question de domination, pas de sexe. Plus la femme est voilée, plus grand est le défi (...). Cela excite les hommes. »
Bien qu’inédite, l’expérience de Oualid met le doigt sur un phénomène identifié de longue date en Égypte, mais ignoré par les autorités. Le silence lourd de honte des victimes a longtemps fait le jeu du sexisme ambiant. Les langues n’ont commencé à se délier qu’après la révolution du 25 janvier 2011, qui a vu hommes et femmes manifester côte à côte pendant dix-huit jours. Jeune figure de cette révolution, Mohammed Diab a tenu à consacrer son premier film, Les Femmes du bus 678, réalisé en 2011, au harcèlement.
Le pays connaît une recrudescence des agressions sexuelles, alimentée par la dégradation de la situation sécuritaire et la cécité volontaire des nouvelles autorités. Le pic a été atteint le 25 janvier 2013, avec le viol de vingt-cinq femmes venues place Tahrir pour le deuxième anniversaire de la révolution. La réaction d’une responsable politique, rejetant la faute sur les femmes allant manifester « pour être agressées » et violées, a amplifié le malaise des organisations des droits de l’homme.
Les manifestations se multiplient depuis pour appeler le président Morsi à agir contre la banalisation du harcèlement sexuel et des propos sexistes tenus jusqu’aux plus hauts échelons de l’État. Un message peut-être entendu si l’on en juge la proposition de loi actuellement à l’étude visant à punir par de la prison les auteurs d’agressions sexuelles. Mais encore combien d’initiatives comme celle de Oualid faudra-t-il pour changer les mentalités ?