Ecrit le 5 juin 2013
L’offre de soins demain sur le Pays de Châteaubriant
Le Conseil de développement du Pays de Châteaubriant a organisé mardi 14 mai 2013 à Issé, une soirée conférence sur le thème de l’offre de soins demain sur le Pays de Châteaubriant, pour mobiliser, le temps d’une soirée, des professionnels de santé, des élus et de potentiels usagers. Plus de 80 personnes étaient présentes ce soir-là pour écouter avec attention l’intervention de Franck PERRIGAULT, conseiller en santé publique et enseignant à la faculté de médecine de Brest.
Dans son exposé, il a détaillé les enjeux de la santé demain, à savoir la nécessité de développer des maisons de santé pluri-professionnelles, pour permettre aux professionnels de santé de ne plus être isolés, de travailler en équipe, mais aussi de déléguer certaines tâches de soins, pour répondre au mieux à la demande des patients sur un territoire. Il a également fait part de la nécessité d’innover, en citant l’exemple du Canada, où des cabinets médicaux ambulants sont développés pour répondre à la demande. Il a aussi insisté sur la part plus importante qu’il faudrait consacrer à la prévention, en matière de santé.
Madame Neyrolles, déléguée territoriale Loire Atlantique de l’agence Régionale de Santé, présente lors de cette soirée, est intervenue pour valider et compléter les propos du conférencier. Elle a salué la volonté des membres du groupe de travail du Conseil de développement de vouloir mobiliser l’ensemble des acteurs. Elle a apporté l’éclairage des services de l’Etat sur ce qu’est la santé et sur les enjeux majeurs qui se profilent d’un point de vue prospective et organisation de l’offre de soins sur un territoire. Des questions ont ensuite été échangées avec la salle, pointant par exemple la difficulté de maintenir la médecine du travail et son rôle préventif ou encore des interrogations se sont portées sur le coût d’une maison de santé pour une collectivité. Jacqueline Segalen, présidente de la Communauté de Communes de la Région de Nozay, présente dans la salle, a précisé que c’était un choix, et que d’autres, parfois plus coûteux, sont également faits, la question du coût n’étant ni un frein, ni un argument, il s’agit d’un investissement amortissable à terme.
Fort de cette mobilisation et de l’amorce d’un débat, le groupe de travail va continuer à faire avancer la réflexion auprès des habitants du Pays de Châteaubriant et à être force de propositions auprès des professionnels de santé et des élus.
Inquiétudes
En introduction de cette soirée, Amand Chatellier a déclaré : Nous sommes préoccupés par l’évolution de la présence médicale dans les zones rurales. Cependant, il n’y a jamais eu autant de médecins en France ; ce qui pose question c’est leur répartition géographique. Dans le Pays de Châteaubriant nous disposons encore d’une répartition décentralisée des médecins généralistes, avec deux Centres d’Accueil Permanent de Soins (CAPS), un à Châteaubriant et un à Nozay, et le Pôle Santé de Choisel, les besoins des usagers peuvent donc être satisfaits. Mais nous constatons aussi que des spécialistes ne sont pas remplacés sur notre zone (dermatologues, pédiatres rhumatologues).
Pour faire quoi ?
Cette soirée souhaite contribuer :
- â–º A l’information, à la discussion, au témoignage des médecins généralistes et des professionnels de santé exerçant dans nos cantons.
- â–º A l’information, aux questionnements, à l’expression des élus de nos trois communautés de communes qui de manières différentes et aussi adaptées que faire se peut, tentent de répondre aux besoins de leurs administrés en partenariat avec les professionnels de leurs territoires.
- â–º A l’information et à la prise de conscience des Castelbriantais quels que soient leur âge ou leurs attentes : ils sont « les usagers, les patients potentiels » ; ils seraient donc intéressés de savoir que la situation des services de santé évolue, et que de plus en plus le renouvellement de médecins généralistes ou spécialistes rencontre de vraies difficultés dans nos zones rurales.
Des médecins arrivent à l’âge de la retraite (souvent 65 ans ), et décident légitimement d’arrêter leur activité ; ou, en cours de carrière, ils choisissent de se spécialiser ou d’exercer en milieu hospitalier et ils ne trouvent pas de repreneur ou de successeur : que font les patients ?
Pas alarmiste mais .
En résumé notre soirée ne se veut pas alarmiste, mais dynamique et prospective ; une situation quasiment équilibrée actuellement peut se fragiliser assez rapidement et des changements sur un tel sujet demandent du temps, de la réflexion, de l’anticipation, un dialogue entre :
- â–º des professionnels de santé qui exercent leurs divers services en les faisant ou en les voyant évoluer dans un contexte professionnel, social et culturel qui change .
- â–º des élus locaux, responsables, élus de nos territoires qui ont la mission d’organiser, de coordonner, et de décider des initiatives, des choix de moyens ou d’investissements qui assureront à toute la population la continuité et la modernisation de ces services de santé publique. des décisions qui sont aussi facteurs d’aménagement du territoire.
- â–º Des habitants, patients potentiels ! qui sont le cœur du sujet, EUX qui souvent encore sont d’abord préoccupés de leurs risques immédiats, personnels ou familiaux ; et qui ne mesurent pas la dimension collective et solidaire d’une organisation participative de la santé. Celle-ci met en action des associations, des institutions, des services de prévention, d’aide, d’éducation, de secours qu’il semblerait utile d’associer au projet (pompiers, croix rouge , associations de malades, etc) .
Autour de nous, des réalisations existent, des projets sont en cours : cabinets médicaux, maisons médicales, maisons de santé, ces solutions souvent issues de la nécessité, ont supposé une analyse des besoins, de la réflexion, une confiance réciproque, la mise en œuvre d’accords partenariaux et se sont concrétisées par des investissements au final assez différents. A priori il n’y a sans doute pas de solution type généralisable mais un projet collectif adapté au territoire.
Continuons à discuter
De son côté, Joseph Plantard a déclaré en conclusion : continuons la discussion en prenant en compte :
- ï § les demandes des usagers souhaitant une présence médicale et des services de soins de proximité. Nous avons une population de jeunes enfants (le nombre d’élèves augmente dans le primaire) et une population vieillissante, ce sont deux tranches d’âge très demandeuses en soins. Permettre aux personnes âgées de vivre chez elles et d’avoir accès aux services à proximité, contribue à leur garder une certaine autonomie,
- ï § les demandes des professionnels de santé souhaitant une amélioration des conditions de vie, de travail, une autre organisation, rompre leur isolement,
- ï § le souhait des élus de maintenir des services de proximité à l’ensemble de la population dont les consultations médicales, les pharmacies, les soins infirmiers et para-médicaux et services à la personne. C’est un des enjeux importants d’aménagement du territoire. Peut-on avoir une politique de maintien à domicile sans maintien des services de proximité ?
Il faut une volonté politique et professionnelle pour répondre à la demande de la population. Comment peut-on accepter, dans un département comme la Loire Atlantique très bien pourvu en médecins, qu’il y ait des zones en difficulté, obligées de rechercher des médecins à l’étranger (en Roumanie par exemple). Une bonne répartition sur le territoire départemental et il n’y plus de problème. Mais qui peut avoir autorité ?
Avoir comme objectif à 3 ans que chaque zone du département ait au moins un médecin pour 1200 habitants. Comment y arriver ? Par la concertation avec les différents acteurs professionnels de santé, élus locaux et usagers que différentes associations de services pourraient représenter. Sinon il n’y aura que la loi pour l’imposer.......
Comment prendre en compte ces aspirations des uns et des autres ? Dans la concertation et l’écoute, des solutions peuvent être trouvées. A l’heure de la vidéo conférence, du télé travail, de la télé médecine et des nouvelles technologies de communication est-il nécessaire de regrouper les professionnels de santé sur un même site pour travailler ensemble ? Il faut anticiper, ne pas attendre d’être en situation de désert médical, c’était le sens de notre démarche de ce soir.... a dit Joseph Plantard.
Source : Conseil de développement - 02 40 55 68 00
Ne vous faites pas opérer le week-end !
Une étude britannique, qui vient d’être publiée sur le site du British Medical Journal, (28 mai 2013) montre que les patients qui doivent subir une opération chirurgicale à risque élevé, devraient éviter de se faire opérer le week-end. Selon cette étude, en effet, le risque de mortalité post-opératoire augmente au fil des jours de la semaine : « Le lundi et le mardi, le risque est minime mais il augmente de 15 % le mercredi, de 21 % le jeudi et de 44 % le vendredi. Et ce risque augmente carrément de 82 % lorsqu’on se fait opérer le week-end » explique le Dr Paul Aylin, de l’Imperial college de Londres, qui a dirigé cette étude.
Pour établir ces statistiques, l’équipe du Dr Aylin a étudié les dossiers médicaux de 4 133 346 patients opérés en Grande-Bretagne entre 2008 et 2011 et qui ont passé au moins une nuit au service chirurgie. Au total, 27 582 patients sont décédés dans les 30 jours qui ont suivi leur opération, à l’hôpital ou chez eux : un petit nombre d’entre eux avaient été opérés en début de semaine mais un pourcentage croissant avaient été opérés les autres jours de la semaine. " Les 48 heures qui suivent une opération chirurgicale un peu délicate sont les heures les plus critiques.
Or, en fin de semaine il y a souvent moins de personnel dans les hôpitaux ainsi que moins de médecins pour établir des diagnostics " insiste le Dr Aylin qui suggère que les patients les plus à risque soient volontairement opérés en début de semaine.
Il en est sans doute de même en France !