Ecrit le 06 mai 2015
Soulvache est une petite commune de moins de 400 habitants qui, dit-on, s’appelait autrefois ’’Sous-le-Val’’, il y a bien longtemps sans doute parce que, dans la carte des Cassini elle figure bien avec le nom actuel. Pour mémoire, la carte des Cassini est la première carte géométrique couvrant l’intégralité du royaume de France. Les levés ont été effectués entre 1756 et 1789 et les 181 feuilles composant la carte ont été publiées entre 1756 et 1815. préalablement aux levés, il a fallu procéder à une triangulation du territoire.
On trouve trace de cette paroisse dès le IXe siècle selon le cartulaire de Redon. Une légende raconte aussi qu’un ermite aurait fondé une chapelle dédiée à saint Fiacre à la demande d’un seigneur local. La paroisse s’est développée de part et d’autre de la rivière ’’le Semnon’’ dont le cours sinueux est très visible que la carte. La chapelle St Fiacre existe toujours, de même qu’un très vieux cimetière situé derrière la bibliothèque. A proximité, la salle polyvalente, ancienne chapelle, est construite directement sur socle de schiste.
En 1776, quand les seigneurs de la Roche-Giffard et leurs héritiers vendent les forges de la Hunaudière et leurs dépendances, au Prince de Condé, ils précisent que les preneurs devront construire un haut fourneau à Soulvache. Cela ne s’est pas fait. De 1920 à 1950 la commune a doublé sa population, grâce à l’exploitation de la mine de fer de la Brutz au hameau de Bonne-Fontaine. Mais la mine a fermé
Soulvache, petite commune très tranquille. Trop. Heureusement que La Poste passe encore et que Nicolas, du Vival de Rougé, assure la livraison à domicile.
Depuis des années, la municipalité cherchait à ré-ouvrir le café situé au cœur du bourg, à proximité de l’église, de la bibliothèque et de la salle polyvalente. Il y a eu plusieurs tentatives, en vain. Mais Ludovic Lecointre et Caroline Declercq sont arrivés avec de l’expérience et de projets plein la tête. Ils ont déjà tenu un café à proximité, au Theil de Bretagne, où ils assuraient une centaine de concerts par an. Mais la fin de leur bail précaire, et surtout la difficulté de se loger sur place, les a incités à chercher une situation plus stable. Ils ont été demandés dans diverses communes et ils ont choisi Soulvache, où la mairie leur a fait un bail de trois ans, à un prix intéressant et leur permet de se loger au premier étage. La salle de café est vaste, la cuisine aussi. La grande place devant leur assure une terrasse pour la belle saison et le terrain derrière leur permet une deuxième terrasse, un jardin, et un emplacement pour une caravane.
Tout ça ? Oui ! C’est que le jeune couple a de nombreuses idées. La salle de café a été aménagée, en partie, en salle de concert, avec une petite estrade, du capiton sur les murs, les enceintes placées en hauteur pour libérer de l’espace. Des groupes y sont régulièrement accueillis (le planning est prêt jusqu’en novembre) et ceux qui le désirent peut rester dormir dans la caravane extérieure ou planter une toile de tente.
La partie ’’café’’ proprement dite, a été aménagée. Les murs et le bar sont en pierres apparentes, de vieux meubles s’appuient aux murs : ils accueillent des produits d’épicerie de base, mais aussi des confitures artisanales, et, sur commande, du pain bio de la ferme de La Grée. Si nécessaire, Nicolas, du Vival de Rougé, est là pour dépanner.
Originaux, les abat-jours sont en chaînes (de vélo) et la grille de protection du poêle à bois est faite avec des fers de cerclage de roues de charrettes. C’est que Ludovic a un diplôme de métallier et n’est jamais à court d’idées quand il s’agit de bricoler. En témoigne un étonnant guéridon en clés et pinces soudées. Au plafond une belle tête de bœuf rappelle que ’’nous sommes en milieu rural et nous en sommes fiers’’.
Caroline assure la restauration sur demande. Crudités, gratin de chou-fleur, riz aux crevettes flambées, couscous, repas à thème Demandez ! La cuisine a été très bien aménagée et, si une famille est intéressée, il est possible de retenir la cuisine et la salle de café pour un repas de famille ! Caroline envisage aussi d’organiser un grand repas par mois, à l’image des festins anciens réunissant tout un village, avec portions à emporter ou à livrer à domicile.
Le café fait aussi bibliothèque, en son genre : des livres sont à la disposition des enfants, en lien avec l’école publique. ’’Nous voudrions que cela fasse un troc, que les enfants apportent les livres qu’ils ne lisent plus, pour que ces livres puissent être empruntés par d’autres enfants’’
Toujours avec un esprit de service, la maison propose un tableau d’affichage pour cartes de visite et tracts divers, et un accès à internet (avec logiciels libres prochainement), à côté d’une antique machine à écrire. Une boîte à idées est là pour accueillir toutes les suggestions !
Animations
Des groupes d’artistes en tournée (musiciens, chanteurs) proposent leurs spectacles, à prix libres, en gros une fois par quinzaine. « Nous croulons sous les demandes » dit Ludovic. « La mairie et les habitants du bourg sont favorables à nos animations ». Les musiciens aussi, séduits par la qualité de l’accueil. Et Soulvache n’est qu’Ã une demi-heure de Rennes ! Programme :
Parce qu’il n’y a pas que les concerts. Il peut y avoir une séance de cinéma (une projection sur l’eau par exemple, ou la participation au mois du documentaire), ou des démonstrations : une tonte de mouton se fera sur la place en même temps que la première fête de la musique ! Les « mercredis du savoir faire » proposent des animations soudure, ou couture ou tout ce que chacun voudra bien apporter. La fabrication du jus de pomme ou du purin d’ortie, pourquoi pas ? Ludovic et Caroline souhaitent faire revivre le savoir ancien. ... tout comme ils souhaitent participer à des échanges de savoirs au sein d’un S.E.L . (Système d’Echange Local) et offrir aux artistes la possibilité d’exposer leurs œuvres.
Le café s’approvisionne localement, le plus possible. Par exemple la bière est produite au village de Sainte-Colombe près de Coesmes, bière de froment, bière ambrée, bière d’hiver. Le whisky est de bonne qualité et l’absinthe, produite artisanalement, est blanche, rouge ou verte.
Vous l’aurez compris, ’’le papier-buvard’’ est, pour ses animateurs, ’’une revendication conviviale, une solidarité locale et la concrétisation d’une certaine idée du monde !’’ - ’’un lieu ouvert à tous, pour faciliter les croisements, intégrer les nouveaux habitants, rencontrer les anciens et lutter contre les solitudes’’. Il veut proposer une alternative conviviale à l’isolement télévisuel ; contribuer à la transition écologique en participant à l’autonomie des territoires ; permettre les échanges de compétences, favoriser une vie associative collaborative ; bref, faire, avec les habitants, un lieu de vie ! Sympathique programme !
Contact : : 06.49.28.22.16