Ecrit le 14 octobre 2015
Pari gagné pour les accompagnants SNC (Société Nouvelle contre le Chômage) de la région de Châteaubriant ! Presque 100 participants à la soirée organisée à l’espace Campagn’arts de Saint Vincent des Landes le 1er octobre. Seule représentation en milieu rural pour Christian Poissonneau et ses camarades de jeu dans une pièce qu’il a créée à la demande de SNC pour ses 30 ans.
Peut-on rire de tout ? Oui mais pas avec n’importe qui ! disait Pierre Desproges. Et les spectateurs ont ri en voyant cette pièce écrite à partir de témoignages de chercheurs d’emploi. Pour C Poisson-neau : « Il y a un lien évident entre le parcours du chercheur d’emploi et la dramaturgie. Il y a l’émotion forte, l’espoir, la perte d’espoir, les conflits, les juge-ments, le regard des autres, les déchirures, les ruptures, et les mains qui se tendent. Tous les ingrédients pour trans-poser cette réalité sur scène. L’humour est indispensable pour contrebalancer la force de l’émotion. » Une pièce à la fois sérieuse et drôle qui permet de prendre conscience du ressenti des chômeurs face au regard des autres.
Suite à une restructuration, Marie, jeune quinquagénaire travaillant depuis 15 ans dans la même boite, est licenciée du jour au lendemain. S’ensuivent toutes les étapes que traverse une personne privée d’emploi, depuis l’annonce de son licenciement à ses proches jusqu’Ã la perte de l’estime de soi et au besoin de trouver une aide extérieure La pièce de théâtre révèle la rapidité avec laquelle les liens sociaux se distendent lorsqu’une personne perd son emploi. Le regard des anciens collègues, des amis, des recru-teurs et de la société tout entière est différent. Les dialogues entre Marie et sa famille traduisent le sentiment d’impuis-sance des proches qui tentent d’être un soutien sans y parvenir.
Qui n’a entendu : « Quand on veut travailler on trouve », « de toute façon ils ne veulent pas travailler », « ils gagnent plus à rien foutre », « assistés, fainéants, etc. » Ces clichés ont été repris par les acteurs qui avaient demandé aux spectateurs d’écrire ce qui se disait de négatif sur les chômeurs.
Les bénévoles de SNC accompagnent les personnes qui le demandent : « Nous ne leur trouvons pas l’emploi mais nous essayons d’aider la personne à voir clair dans son projet, à chercher toutes ses ressources et reprendre confiance. L’écoute active et le soutien sont très importants ». En Loire Atlantique, 90 bénévoles accompagnent chaque année plus d’une centaine de « chercheurs d’emploi » comme ils aiment à les appeler. Sur le Pays de Châteaubriant ils sont actuellement 10 et le groupe ne cesse de s’étoffer. Depuis 3 ans, une vingtaine de personnes ont été accompagnées et plu -sieurs ont trouvé un emploi, ou une formation. Flagneva, par exemple, est venue dire ce que l’accompagnement de SNC lui a apporté.
Les bénévoles reçoivent dans des lieux publics, des cafés par exemple, lieu convivial. « On accompagne toujours les personnes à deux, pour créer un triangle de solidarité, c’est la signification de notre logo », explique Béatrice Boquien, coordinatrice de l’association pour le département. Le suivi n’est pas limité : tant que la personne en a besoin, les bénévoles de SNC répondent présents.
Outre l’accompagnement, le second mode d’action de SNC, c’est le financement et la création d’emplois dans des structures de l’économie sociale et solidaire, à destination des « chercheurs d’emploi » accompagnés. Des contrats à durée déterminée de 6 mois, renouvelables, financés à hauteur maximum de 115% du SMIC grâce aux contributions de ses membres et de donateurs. Une bouée de sauvetage qui réconforte dans un océan d’indifférence.
La soirée s’est terminée autour d’un verre et la dégustation de délicieux gâteaux réalisés par les élèves en cuisine du lycée Moquet-Lenoir de Châteaubriant avec le soutien de Team Plastique.