Ecrit le 18 octobre 2017
Noms d’oiseaux
Espèce de bécasse ! Canard boiteux ! Vieille chouette ! Tête de linotte ! Poule mouillée ! Espèce de dinde ! Autant d’insultes tirées de noms d’oiseaux au point que noms d’oiseaux et insultes sont devenus synonymes. A contrario, mon poulet, ma poulette, ma petite caille, mon petit canard en sucre, mon petit oiseau des îles (1) mon petit poussin, sont autant d’expressions hypocoristiques (adjectif exprimant une intention affectueuse) du vocabulaire affectif, au point que se donner des noms d’oiseaux aurait d’abord signifié « roucouler amoureusement ».
Il est devenu désuet de qualifier une jeune fille naïve d’oie blanche parce qu’elle n’est pas encore la « poule » d’un jeune coq. Etre le dindon de la farce ou le pigeon d’un coq de village- ou d’un drôle d’oiseau- signifie qu’on s’est fait rouler dans la farine.
Dès l’antiquité on a qualifié d’oiseau rare (2) une personne aux qualités exceptionnelles, un phénix, un merle blanc.
Quant à l’expression il est fier comme un pou , elle mérite une explication étymologique : contrairement à ce qu’on pourrait penser, le mot pou ne désigne pas ici une petite bête marron foncé qui provoque des démangeaisons insupportables dans le cuir chevelu - sans avoir l’attitude arrogante d’un coq ! - mais un poulet ou un coq ; en effet ce mot est une déformation dialectale de l’ancien français pouil, poul, venu du latin pullus qui voulait dire poulet ou coq. En français, on dit aussi fier comme un paon ; de ce fait, selon le Dictionnaire de l’académie française de 1932, l’expression fier comme un pou pourrait être une déformation orale de fier comme un paon.
(1) ces surnoms sont ceux que le père du jeune Abdallah adresse à ce dernier dans Le crabe aux pinces d’or d’ Hergé.
(2) On doit l’expression oiseau rare au poète latin Juvénal ; elle a été reprise ensuite par de nombreux écrivains tels La Fontaine.
DEVINETTE : qu’est-ce qu’un coq en pâte ?
REPONSe à la DEVINETTE du dernier numéro de La Mée : le réalisateur de Apocalypse now (1979) est Coppola ; le film est tiré d’un roman de Conrad : Au cœur des ténèbres (1899).
Elisabeth Catala Blondel