(écrit le 27 novembre 2002
Violences économiques
Sous le titre « Violence économique », l’Humanité explique que « les agriculteurs réclament une meilleure répartition des marges entre les producteurs et les grandes surfaces ».
Affectés par des cours faibles dans plusieurs secteurs (viandes, fruits et légumes), les agriculteurs, qui viennent de recevoir le soutien de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, réclament une meilleure répartition des marges entre les producteurs et les grandes surfaces. Et les marges, parlons-en ! Les chiffres d’affaires en milliards d’euros des quatre grands de la distribution (Carrefour, Leclerc, Auchan et Casino) sont en constante augmentation.
Ces agriculteurs indignés se dressent contre ce qu’ils appellent des « pratiques commerciales abusives », montrant du doigt les fameuses « marges arrières », invention « miracle » de la grande distribution pour ponctionner un peu plus les exploitants. Cela consiste à prélever des sommes aux fournisseurs pour des « avantages » commerciaux et autres prestations telles que la mise en rayon, la participation aux opérations promotionnelles ou l’octroi de tête de gondole. Le dilemme est cornélien : les producteurs, surtout les PME, ne peuvent se passer des débouchés que représente la grande distribution, mais ils ne peuvent non plus surpayer pour accéder aux bons emplacements. Car ces « marges arrières »peuvent atteindre 40 voire 50 % du prix des produits !
En apparence - en apparence seulement - le consommateur ne devrait pas se plaindre des bas prix pratiqués. Erreur. Cette course folle, sous prétexte d’alléger nos porte-monnaie (ce qui n’est pas systématique) ne bénéficie, en fait, qu’aux multinationales qui ont besoin de matières premières au coût le plus bas pour s’assurer le maximum de profits, faisant fi, au passage, de la qualité des produits et de leur diversité, mais aussi des abandons progressifs de production, des suppressions d’emplois, etc. · Tout cela porte un nom : la violence économique. Jean-Pierre Raffarin se retrouve face à son premier conflit avec un monde agricole que l’on dit si cher à Jacques Chirac. Tout cela en pleine polémique sur le futur plafonnement des dépenses de la politique agricole commune (PAC) et l’avenir hypothéqué de milliers d’exploitations...
La nervosité sociale grandit. Avec les agriculteurs, les routiers, l’audiovisuel, les cheminots, les fonctionnaires ou l’Education nationale, le premier ministre aborde une zone de fortes turbulences, n’en doutons pas.
Pour Raffarin, l’heure de vérité approche car la gestion de colères légitimes est autrement plus délicate que le lissage en com- munication de sa propre image ou même la création consensuelle de l’UMP. Restent à venir la casse des retraites, les privatisations, l’avenir de la SNCF, d’EDF, etc
(écrit le 4 décembre 2002)
Le refus des camps retranchés
Très intéressante assemblée générale de la maison régionale de l’agriculture, ce lundi 25 novembre 2002 à Châteaubriant, sous la direction de sa présidente Marie-Noë lle Orain. Un contenu très différent de ce qu’on a l’habitude d’entendre. Pas de récriminations (qui auraient pourtant été justifiées) contre la Politique Agricole Commune, contre les prix en baisse pour les producteurs de porcs ou de volailles, cotre la suspension des CTE (contrat territorial d’exploitation). Un bref bilan de l’activité passée et surtout une large part faite à l’avenir . L’équipe d’animation de la Maison de l’Agriculture, que ce soient les agriculteurs eux-mêmes ou les conseillers agricoles, a fait la preuve d’une réelle volonté d’aller de l’avant.
Bref bilan
Patrick Moraë l, directeur de la Maison régionale de l’agriculture a montré les forces et les limites de cette activité dans le Pays de Châteaubriant :
Les forces :
– Un bon potentiel de production
– L’émergence de groupes locaux
_ Vente directe
_ Contrat territorial d’exploitation
_ Agro-tourisme
– Un travail de groupe
– Des pratiques innovantes
Les limites :
– La persistance d’agriculteurs « non-sensibilisés » aux pratiques de respect de l’environnement
– La fragilité des systèmes de production viande
Les menaces :
– La crise de la viande bovine et ses suites
– La pression urbaine sur la terre
– La pression urbaine liée aux déchets ménagers ou agricoles
– L’évolution de la réglementation agricole
Les opportunités :
– La contractualisation (CTE : contrat territorial d’exploitation)
– La communication
– Les relations entre agriculteurs et ruraux
– La qualité des productions alimentaires
Transmissions, Installations
Marie Noë lle Orain a détaillé les actions d’information et de repérage des situations délicates. Plus de 200 éleveurs ont ainsi été touchés, et il leur a été proposé des actions immédiates d’adaptation, un accompagnement technique individualisé, un appui administratif et social.
La Maison de l’agriculture a soutenu la politique d’installation de jeunes agriculteurs (autour de 25 installations par an), de mise aux normes des bâtiments d’élevage, de mise en place d’un réseau de parcelles d’observation pour améliorer les connaissances locales vis-Ã -vis des maladies et des ennemis des grandes cultures. Cela a pu se faire, pour les jeunes agriculteurs, par des réunions « Bout de champ » voire des rallyes. Pour ceux qui ont plus de 50 ans, des réunions « cédants » ont permis de poser les enjeux de la transmission de leurs exploitations, mais aussi de réfléchir aux possibilités offertes par le PMPOA (programme de maîtrise des pollutions d’origine agricole).
Pays
Les agriculteurs ont encore une place importante dans notre région : ils représentent 13 % des actifs (2400 personnes) et même 20 % si on y ajoute les services et l’agro-alimentaire. Ils occupent 70 % de l’espace total
Marie Noë lle Orain a redit l’attachement de la Maison Régionale de l’Agriculture, son engagement, dans le Pays de Châteaubriant, en faisant des propositions concernant trois domaines :
a) hommes et structures :
– transmettre les outils de travail à des jeunes
– assurer la formation continue des actifs
– créer de l’emploi
b) exploitations agricoles :
– améliorer leur valeur ajoutée
– améliorer la qualité des productions
– contribuer au développement économique du territoire
c) espace rural, territoire :
– prendre en compte la gestion de l’espace et l’environnement
– développement équilibré du milieu rural avec un cadre de vie de qualité
– communiquer avec le rural non-agricole et urbain et participer aux réseaux locaux.
Ce 25 novembre, il a été dit et redit, par exemple par Dominique Lebreton, que les agriculteurs (souvent isolés géographiquement du fait de l’éloignement des sièges d’exploitation), ne doivent pas rester dans leur coin. De plus en plus de personnes de la ville s’en viennent vivre à la campagne, rachetant et rénovant des bâtiments abandonnés. Cela redonne vie à des villages, mais cela risque aussi de créer des conflits avec les agriculteurs. Mais « si je dis à mon voisin que j’ai l’intention d’épandre du lisier dans trois jours, c’est mieux que si je le fais, sans le dire, juste le jour où il a mis sa lessive dehors ! » a expliqué Christophe Carcouë t de Saffré.
Dans cette commune en effet, qui est la plus au sud du Pays de Châteaubriant et déjà très proche de Nantes, on constate depuis 2-3 ans, 25 permis de construire par an (ce qui fait plus qu’Ã Châteaubriant), ce qui a amené les agriculteurs à réfléchir, en constatant que le nombre d’exploitations, qui était de 450 en 1950, n’est plus que de 50. Il y a donc tout une problématique d’aménagement de l’espace et d’accueil de nouveaux habitants : « Heureusement Saffré a la chance d’avoir une vie associative et culturelle intense, qui permet aux nouveaux venus de s’intégrer » ont témoigné deux jeunes agriculteurs qui participent à une réflexion sur l’agriculture dans leur commune
Espaces agricoles sacrifiés
Cette réflexion est devenue indispensable car la loi a mis en place des outils : SRU (solidarité et renouvellement urbain) - SCOT (schéma de cohérence territoriale), PLU (plan local d’urbanisme). Ces outils, commentés par Jean-Noêl Chaucesse, imposent la consultation des instances agricoles.
On peut en effet, sur la dernière décennie, faire deux constats :
1.- beaucoup d’espaces agricoles ont été sacrifiés (disparition de 34 000 hectares depuis 1988) à cause de l’habitat (qui s’éloigne des villes), des infrastructures routières (nous faisons en moyenne 35 km/jour, sept fois plus qu’il y a quelques années), de la création de zones d’activité.
2.- en même temps il est nécessaire de préserver des espaces affectés aux activités agricoles
Cela oblige à une réflexion, pour ne pas laisser faire n’importe quoi. C’est le maire d’Aigrefeuille-sur-Maine, Jean Yves Templier, qui est venu donner son expérience en la matière, disant, de façon imagée : « le centre du bourg, autrefois, était l’église, maintenant c’est le super-marché. La vie sociale en est bouleversée ».
Les élus ne sont rien
Son témoignage était tonique, montrant que ceux qui ne se prennent pas en mains risquent un jour d’être obligés d’accepter les choix des autres. Il a montré très concrètement comment les citoyens de base doivent prendre part aux décisions qui conditionneront leur vie dans 10 ou 15 ans : « Les élus ne sont rien. Leur rôle est de susciter la réflexion de leurs concitoyens » a-t-il dit [c’est le moment où Michel Machard, adjoint au maire de Châteaubriant, qui regardait sa montre depuis un certain temps, a choisi de quitter la salle !!].
Des problèmes concrets ? C’est l’implantation de centres d’enfouissement technique des déchets ménagers. C’est l’implantation de terrains d’accueil pour gens du voyage. C’est l’implantation d’éoliennes dans nos régions (« C’est aux collectivités locales de prendre ça en mains, de ne pas laisser faire les spéculateurs » a dit Michel Loquet, président de la Chambre d’Agriculture), des zonages (le classement en zone A, comme agricole, sera très contraignant), de la « règle de réciprocité » qui impose de ne pas construire à moins de 100 mètres d’une exploitation agricole (ce qui pose des problèmes puisque les deux-tiers des exploitations agricoles de notre région sont à moins de 100 mètres d’une habitation).
Charte de voisinage
Il a été question de dialogue des agriculteurs au niveau du pays (« ne pas cantonner l’agriculture dans des réserves »), de charte de voisinage, de développement des associations et de mixage social, pour que les gens arrivent à vivre ensemble.
Il a beaucoup été question du « pays de Châteaubriant » et le bureau de la Maison de l’Agriculture a l’intention de rencontrer les Communautés de Communes de Châteaubriant et Derval pour faire prendre en compte les enjeux prioritaires de l’agriculture, pour faire comprendre, aux élus qui auraient la tentation de s’isoler dans leur communauté de communes, la nécessité de structuration du « pays ».
C’est encore le maire d’Aigrefeuille qui a expliqué qu’il y a moins de concurrence qu’autrefois entre les communes, mais que cette concurrence se fait désormais entre les Communautés de Communes et que ce n’est pas comme ça qu’on pourra partager les richesses et les atouts d’une région (sauf qu’il y a une différence entre la région d’Aigrefeuille et celle de Châteaubriant : la première est en situation de « trop », la seconde est en situation de « pas assez »).
Bref ce fut une réunion différente des autres. Il y a eu peu de discussion dans la salle (mais l’importance numérique du groupe ne favorisait pas la discussion), il y a eu trop peu d’élus et de représentants des Communautés de Communes, mais on a senti l’esprit d’ouverture et le dynamisme des dirigeants de la Maison de l’Agriculture. Un vent nouveau se lèverait-il, capable d’emporter les miasmes de l’immobilisme ?
Si tel est le cas, alors tout n’est pas perdu.
CET ---> CAD
Le CET (contrat territorial d’exploitation) devrait s’appeler maintenant CAD (contrat d’agriculture durable), selon ce que vient d’annoncer Hervé Gaymard, ministre de l’agriculture. Mise en place : pas avant le premier semestre 2003.
OVINs à la traîne : La Confédération paysanne de Loire-Atlantique déplore les retards de paiement de la prime compensatoire ovine pour une quarantaine d’élevages du département. la DDA n’a même pas pris la peine d’en informer les éleveurs. La Confédération paysanne a interpellé l’Administration afin qu’elle règle rapidement ce problème et intervienne auprès des banques et de la Mutualité Sociale Agricole pour limiter les frais d’un tel blocage
4 décembre 2002 :
Dites-le avec des fleurs
Le service communication de la ville de Châteaubriant (CLA9) a réalisé une cassette vidéo de 22 minutes concernant le dernier exporama de la Foire de Béré « Dites-le avec des fleurs ». On peut se procurer la cassette au prix de 8 euros, sur demande écrite au Comité de la Foire avant le 15 décembre 2002