Ecrit le 19 septembre 2018
Le gouvernement a annoncé un plan de lutte contre la pauvreté autour de cinq thèmes, suffisamment larges pour donner de l’espoir, suffisamment vagues pour qu’on soit déçu à l’arrivée, comme d’habitude, sous ce gouvernement et les précédents.
Ces cinq engagements sont :
n° 1 : L’égalité des chances dès les premiers pas pour rompre la reproduction de la pauvreté,
n° 2 : Garantir au quotidien les droits fondamentaux des enfants,
n° 3 : Un parcours de formation garanti pour tous les jeunes,
n° 4 : Vers des droits sociaux plus accessibles, plus équitables et plus incitatifs à l’activité,
n° 5 : Investir pour l’accompagnement de tous vers l’emploi.
La loire-Atlantique sur tous les fronts
Philippe Grosvalet, président du Conseil départemental 44, réagit en expliquant que « la Loire-Atlantique est déjà sur tous les fronts ». Il commente :
Après un début de mandat marqué par de nombreuses mesures pour favoriser les plus riches (suppression de l’impôt sur la fortune et de la taxe sur les dividendes distribuées aux actionnaires) au détriment des plus pauvres (suppression des contrats aidés, baisse des APL, manque de moyens pour l’hébergement d’urgence...), le président de la République vient d’annoncer sa stratégie nationale deprévention et de lutte contre la pauvreté.
Le département de Loire-Atlantique, terre de solidarités et d’innovations sociales est donc extrêmement attentif aux annonces faites par le président de la République, d’autant que de nombreuses mesures s’inspirent de ce qui a déjà été mis en place sur le territoire :
ï ® Territoire zéro chômeur de longue durée, sur lequel le département travaille depuis deux ans avec la Ville de Pontchâteau et les acteurs locaux : nous attendons impatiemment que le gouvernement retienne cette candidature pour une nouvelle vague d’expérimentation.
ï ® Accompagnement de jeunes majeurs à la sortie de l’aide sociale à l’enfance : la Loire-Atlantique, qui a mis en œuvre le Contrat de soutien à l’autonomie des jeunes (CSAJ) dès 2005, est l’un des rares départements à financer déjà des contrats jeunes majeurs.
ï ® Programme d’accès à l’alimentation infantile : le département expérimente le programme MALIN depuis 2015.
ï ® Tarifs de cantine accessibles dans les collèges : un fonds d’aide aux familles en difficultés est déjà proposé par le département.
ï ® Accompagnement et orientation des allocataires du RSA : le département de Loire-Atlantique peut s’appuyer sur un dispositif original d’unités emploi, réparties sur l’ensemble du territoire, pour faciliter le lien entre les allocataires du RSA et les entreprises.
ï ® Insertion par l’activité économique : 4,7 M€ par an sont engagés par le département en faveur des structures d’insertion économique.
ï ® Renforcer l’accès aux droits et aux services sociaux : le département met en place l’accueil social universel dans ses nouveaux Espaces départementaux des solidarités.
« Le revenu universel d’activité annoncé par le président de la République est une première étape positive vers un meilleur accès aux droits. Il manque cependant d’ambition et aurait pu s’inspirer utilement de la proposition d’expérimentation d’un revenu de base que j’ai formulée au Gouvernement avec dix-huit autres départements » souligne Philippe Grosvalet, président du département de Loire-Atlantique.
« Après ces annonces importantes pour toutes les personnes et les familles concernées par la pauvreté, le département attend maintenant des actes, des financements concrets, et non pas de simples redéploiements de crédits déjà existants ».
La pauvreté en France ne cesse de se développer quels que soient les territoires et aucun habitant ne doit se retrouver éloigné de cet accompagnement. Le département, en tant que de chef de file des solidarités territoriales, reste l’échelle pertinente pour garantir l’égalité d’accès aux politiques d’accompagnement des personnes pauvres.
Les chiffres :
L’observatoire national français de la pauvreté et de l’exclusion fait état de l’accroissement des inégalités depuis 2008. La pauvreté touche plus de personnes mais aussi plus durement celles qui avaient déjà le niveau de vie le plus modeste avec un risque accru d’irréversibilité.
En 2016, 13,9 % de la population française avait des revenus inférieurs au seuil de pauvreté. Les personnes privées d’emploi, les familles monoparentales et les jeunes sont les plus touchés. Sont considérées comme pauvres par l’Insee les personnes seules qui perçoivent moins de 1 026 euros par mois, c’est-Ã -dire 60 % du revenu médian de la population, qui est de 1 710 euros par mois en 2016.
En Loire-Atlantique, il y a plus de 29 000 ménages allocataires du revenu de solidarité active (RSA ) et le taux de pauvreté s’établit à 10 %. Si une baisse du nombre d’allocataires a été observée en 2016, puis une stabilisation en 2017, ce chiffre a augmenté en ce début d’année 2018. Plus de 94% des ménages allocataires du revenu de solidarité active vivent sous le seuil de pauvreté et 20 % vivent avec moins de 500 euros par ménage.
Sur la Com’Com’ Châteaubriant-Derval, 27 % des ménages ont un revenu annuel inférieur à 10 000 €. le taux de pauvreté, en 2015, à Châteaubriant, est de 18,2 %.
De son côté la sénatrice Michelle Meunier déclare : « Le président de la république a présenté une série de mesures pour » éradiquer la pauvreté « . Appuyé sur le travail mené par le délégué interministériel Olivier Noblecourt, les constats énoncés par Emmanuel Macron sont justes, les propositions avancées ambitieuses ». Elle poursuit :
Une volonté d’accompagner les personnes : La volonté de généraliser la Garantie Jeunes : mise en place sous le quinquennat Hollande : légitime cette mesure et témoigne de la priorité accordée à l’accompagnement des personnes dans leurs parcours d’insertion.
Accompagnement encore, pour les bénéficiaires de minima sociaux : en cela, Emmanuel Macron réinvente des démarches d’insertion en œuvre de longue date dans les conseils départementaux, notamment dirigés par la gauche. Ce volet a toujours constitué l’un des piliers de l’intervention sociale en Loire-Atlantique, avec le versement des prestations.
développer l’accueil de la petite enfance : Le président de la République entend concentrer les efforts sur les modes de garde des enfants de moins de trois ans et aider à construire des crèches dans les quartiers défavorisés. Parce que c’est un vecteur essentiel de l’insertion professionnelle des parents isolés et de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, j’ai toujours milité pour développer le nombre de places en crèches et les modes de garde individuelle. Cet effort doit être salué.
Les moyens seront-ils à la hauteur de ces ambitions ?
Ces annonces s’inscrivent dans un contexte général de fortes contraintes budgétaires qui pèsent sur les collectivités, les services publics et les associations délégataires de ces missions. Depuis le début du quinquennat, les communes et départements, acteurs de la solidarité locale, alertent sur la baisse des dotations. Cet été, le gouvernement n’a pas caché sa volonté de supprimer de nombreux postes de fonctionnaires : les annonces du jour et les deux milliards annuels promis ne doivent pas faire oublier ce paysage de disette budgétaire.
Mais, un an après avoir supprimé l’ISF, Emmanuel Macron se garde bien de faire contribuer les plus riches à sa toute récente ambition sociale. (fin communiqué)