Ecrit le 3 juin 2020
Amis de la réactivité et de l’artichaut breton réunis, bonjour !
:fl3 L’écouvillon est un élément indispensable pour les tests virologiques de dépistage du Covid-19. C’est un long coton-tige qu’on enfonce dans la fosse nasale pour y prélever un peu de mucus.
Face à la pénurie d’écouvillons en France, le groupe Lemoine, spécialiste de la fabrication de produits de soins et d’hygiène en coton, implanté dans l’Orne, a décidé de se lancer dans leur fabrication. Ils ont fabriqué un prototype et adapté une ligne de production en modifiant une machine puisque la tige est plus longue qu’un coton-tige. Seul producteur français de bâtonnets ouatés (33 milliards de cotons-tiges par an), leader européen et numéro 2 mondial de son marché, l’entreprise fabrique aujourd’hui un million d’unités par semaine.
Mais la fabrication n’a pas pu démarrer rapidement à cause de la formidable inertie de l’administration. L’industriel a d’abord pris contact avec son syndicat, le METI qui regroupe les entreprises intermédiaires, qui a contacté la DGE (Direction Générale des Entreprises) qui dépend de Bercy, qui a transmis à la DGS, la Direction Générale de la Santé, elle-même a fait examiner l’écouvillon par l’HIA, l’Hôpital d’instruction des armées, de là c’est passé à l’HPSP, l’assistance Publique des Hôpitaux de Paris qui a fait modifier le prototype car la tige était un peu trop grosse et enfin demande de validation à l’aNSM, l’agence Nationale du médicament qui a accordé son autorisation le 21 avril sur décision dérogatoire. Le parcours a duré 4 semaines, ce qui est ultra rapide selon les autorités administratives Pas étonnant qu’il ait fallu autant de temps pour commander des masques, sur blouses, réactifs et autres respirateurs quand on voit la lourdeur de la bureaucratie à la française !
:fl3 Le Covid-19 a donné lieu à une flambée de thèses complotistes. Dans un entretien aux Échos, Rudy Reichstadt, fondateur de l’Observatoire du conspirationnisme, met en garde contre la dangereuse migration du complotisme, autrefois l’apanage des États autoritaires, vers les régimes démocratiques. « Le complotisme est devenu un code culturel dont se sont emparés les populistes » explique t-il. Il observe que « les déclarations aventureuses et les théories du complot dont Donald Trump a parsemé sa campagne ne lui auraient sans doute pas permis, auparavant, de se qualifier pour les primaires du Parti républicain ni de remporter le scrutin. » Or, le constat est là : « Le complotisme favorise l’arrivée au pouvoir de dirigeants dangereux à force d’être irresponsables ».
:fl3 L’enquête menée par des chercheurs sur les liens entre les croyances conspirationnistes autour du Covid-19, les attitudes à l’égard de la vaccination et l’intention de se faire vacciner contre ce virus, lorsqu’un vaccin sera disponible, révèle la corrélation entre l’adhésion aux théories du complot sur le Covid-19 avec une plus forte défiance à l’égard de la vaccination.
Philou
Ecrit le 10 juin 2020
L’émotion n’est pas la justice
Amis de l’universalisme et des fraises de Plougastel réunis, bonjour !
:fl3 Le crime raciste aux États-Unis a provoqué des manifestations en France contre les méthodes policières parfois violentes et potentiellement racistes. Caroline Fourest journaliste, essayiste, auteur de « génération offensée, de la police de la culture à la police de la pensée. » a donné son éclairage sur Public sénat.
" Je comprends que le parallèle soit fait, je comprends qu’il soit tentant et je suis persuadée que dans les très nombreux Français qui sont allés manifester, il y avait un élan très sincère. Je suis aussi convaincue que peu connaissent les détails de l’affaire Adama Traoré. Ce qui est comparable, c’est que dans les deux cas, il y a une méthode d’interpellation qui est en discussion. Il y a des expertises, des contre-expertises et bien malin celui qui prétend à la place de la justice savoir la vérité. C’est trop long, mais c’est la justice qui pourra établir si A Traoré a été victime d’un plaquage ventral qui est responsable de sa mort. La différence avec l’affaire Floyd c’est que ça n’a pas été filmé.
Je comprends l’émotion d’une soeur, de toute une famille, mais l’émotion n’est pas la justice. On sait que le plaquage ventral est dangereux, c’est pour cela qu’on devrait s’unir pour essayer de faire un débat constructif qui débouche sur des solutions qui puissent sauver des vies. « » Il y a des militants politiques dans cette affaire. Les mouvements identitaires, ceux d’extrême droite et racistes, mais aussi ceux d’une gauche qui veut effectivement racialiser tous les débats et ne le font pas pour trouver des solutions ni pour faire reculer les discriminations. Moi, je les appelle des « profiteurs de guerre identitaire », ce sont des gens qui vivent du chaos, qui vivent de la victimisation et qui ne veulent jamais qu’on avance ensemble. Malheureusement, les mots qu’ils instillent, les parallèles qu’ils font, trompent le grand public sur la situation française.
Il y a évidemment une montée des insultes. Le délit de faciès n’est pas nouveau et avec la fatigue des forces de l’ordre, avec le climat de violence de certaines manifestations, avec les attentats, un vocabulaire s’est libéré. On a aussi des vidéos qui font voir des scènes extrêmement choquantes de la part de gens qui portent l’uniforme, qui représentent la République, la nation. Cela crée d’abord un climat détestable pour leurs collègues non-blancs qui vivent avec cette sociabilité et ce vocabulaire raciste décomplexé. Et ensuite, lorsqu’il y a un cas limite, quelqu’un qui résiste un peu ou un cas où les forces de l’ordre ont peu de temps pour réfléchir avant d’agir, eh bien ce racisme décomplexé favorise des passages à l’acte qui sont insupportables et qui font du tort à l’ensemble du pays. On ne doit ni le tolérer ni le pardonner.
Mais il y a aussi des comportements, des incivilités sur des policiers qui ont peur de se faire tuer, parce qu’il y a aussi plus de 20 policiers par an qui se font tuer juste parce qu’ils sont policiers. "
Philou
Ecrit le 17 juin 2020
La fabrique du révisionnisme
Amis de l’Histoire de France pour les nuls et de l’omelette réunis bonjour !
:fl3 Pour l’écrivain Eric NAULEAU, avec le retrait du film « Autant en emporte le vent » d’une plateforme de diffusion en continu, et sa projection en salle on voit « revenir toutes les méthodes staliniennes, c’est-Ã -dire qu’on vous efface des photos quand vous n’êtes plus dans la ligne ». Pour lui, ce retour, « au nom du bien cette fois », ne s’arrêtera jamais.
De son côté, l’historien Pascal BLANCHARD, a estimé que « l’on ne doit surtout pas modifier le passé. Sinon, on fabrique les révisionnistes de demain ». Des militants antiracistes veulent supprimer de l’espace public les symboles du passé colonial en déboulonnant des statues. Pour P BLANCHARD, la meilleure des pédagogies ce n’est pas de déboulonner, ce n’est pas de brûler, ce n’est pas de jeter dans des rivières nos statues, nos plaques. C’est bien au contraire de les prendre pour ce qu’elles sont : des témoins de l’histoire, pour raconter dans le présent ce passé. débaptiser une rue pour l’élément symbolique, c’est important, mais mettre des explications dans les autres rues, c’est comme ça qu’on fait de l’histoire. On ne peut pas faire d’histoire sans trace, sans patrimoine, sans archive. Toutes les statues, toutes les rues, tous les noms de places, les noms de lycées ou de collèges nous permettent de raconter l’histoire. Sauf que ce n’est pas fait. C’est normal que les gens se scandalisent : ils voient ces héros coloniaux ou liés à l’esclavage toujours présents dans nos villes, toujours commémorés, dont des lycées portent le nom, sans que jamais rien ne soit expliqué.
:fl3 France Info a publié récemment un reportage dont le titre était : « On a peur qu’ils soient blessés ou tués : comment des familles noires et arabes apprennent à leurs enfants à vivre avec les forces de l’ordre ». Amine El Khatmi, président du Printemps Républicain a réagi à cet article. « J’ignore quel est le profil des personnes interrogées par la journaliste mais les » Noirs et les Arabes « que je connais et côtoie, en particulier ceux avec qui j’ai grandi en cité, n’apprennent pas à leurs enfants à avoir peur de la police : ils leur apprennent à bien se comporter, à travailler à l’école, à respecter l’autorité de l’enseignant, de l’animateur du centre social, de l’entraîneur du club de foot. Les habitants des quartiers nord d’Avignon dont j’ai été le maire de quartier, excédés par les trafics, les rodéos, les intimidations quotidiennes, les règlements de comptes permanents n’avaient pas peur de la police et me demandaient justement plus de présence policière et l’ouverture d’une antenne de police municipale. Je pense à ces mères de familles isolées ; je puis vous assurer qu’elles avaient moins peur de la police que de voir leurs enfants sombrer dans la délinquance ! Les résultats de l’enquête » Cadre de vie et sécurité 2018 « révèlent que le taux de personnes qui » se disent en insécurité « était de 26% dans les quartiers sensibles, contre 10% sur le reste du territoire national. »
Philou
Ecrit le 24 juin 2020
Le nouveau racisme
Amis du nouveau monde et de la farce fondante réunis, bonjour !
:fl3 Élisabeth Badinter dénonce « un nouveau racisme » : Quand des Français arabes ou noirs défendent l’universalisme républicain, ils se font parfois traiter d’ « arabes de service » ou de « nègres de maison. » Chaque fois que le cas se pose, je me dis : « Quel courage ! » c’est très dur de se dresser contre sa communauté pour défendre l’universalisme. Je pense que c’est la naissance d’un nouveau racisme, dont « le Blanc » est le dernier avatar, et qui peut mener à un véritable séparatisme. J’ai été frappée qu’on dise désormais « Blancs », et non « Occidentaux ». Parce qu’il y a justement là une volonté de réintroduire la problématique du racisme, c’est-à -dire une problématique d’exclusion. Ce qui nous unit est plus important que ce qui nous distingue. L’universalisme ne nie pas les différences entre les êtres humains, mais il les remet à leur juste place. Personne en France n’a à s’excuser d’être noir ou blanc. Pas plus qu’il n’existe de « privilège blanc ». Ce discours est dangereux, à rebours des valeurs de notre République. Dans notre pays, chaque citoyen dispose des mêmes droits, quelle que soit sa couleur de peau.
:fl3 La convention citoyenne sur le climat s’achève avec le vote sur les mesures qui seront proposées au chef de l’Etat. Ensuite le gouvernement décidera comment elles seront prises en compte. Dans le contexte économique actuel qui va voir des milliers de suppressions d’emplois en France, la question du coût et du financement de certaines mesures se posera. On peut craindre que cela se traduise par de nouvelles obligations, des contraintes, des taxes, des interdictions supplémentaires comme on sait si bien faire
O>> Voilà des semaines qu’on nous parle du « monde d’après ». Comme si la pandémie allait faire radicalement changer la société pour que l’avenir soit plus écologique, plus solidaire, plus juste sur le plan économique. Cela implique des changements radicaux de notre système économique et de notre mode de vie. Est-ce que nous sommes prêts à accepter des hausses de prix de nos achats quotidien pour relocaliser les productions ? Est-ce que nous sommes prêts à limiter nos usages numériques ou celui de nos voitures qui polluent la planète ? Est-ce que nous sommes prêts à consommer moins mais mieux et plus cher ? Quand on voit la foule dans les magasins, avec plus ou moins de respect des « mesures barrières » ou les queues qui se sont formés dès la réouverture des temples de la malbouffe, il y a de quoi douter Le « monde d’après » sera ce que nous en ferons, pas celui qu’on voudra nous imposer.
:fl3 La France est le 2e pays en Europe qui dépense le plus pour son hôpital : 100 milliards d’euros pour l’hôpital soit 7,1 % du PIB. On est le pays qui a le plus d’agents hospitaliers en Europe mais les plus mal payés et on a cette crise à l’hôpital. Une des différences est que plus de 1 agent sur 3 n’est pas un soignant alors que partout ailleurs c’est 1 sur 4.
Philou