Ecrit le 23 septembre 2020
TRIBUNE - Une soixantaine d’élus (dont les maires de Bordeaux, Lyon, Marseille ou encore Yannick Jadot, Jean-Luc mélenchon, Adrien Quatennens, François Ruffin, Eric Piolle, Julien Bayou, Alexis Corbière...) exhortent le gouvernement à décider d’un moratoire sur le déploiement de la 5G. Ils plaident pour « la tenue d’un débat démocratique décentralisé ». Source : Journal du Dimanche. Le texte :
"Le gouvernement a identifié la 5G comme un enjeu stratégique pour la France dans sa feuille de route et décidé que les fréquences seraient attribuées aux opérateurs téléphoniques dès septembre 2020. Cette décision intervient sans étude d’impact climatique et environnemental ni aucune consultation publique préalable.
Pourtant l’utilité réelle de la 5G est loin d’être aussi évidente que le prétendent les opérateurs de téléphonie mobile ou le gouvernement.
Malgré les alertes de nombreux citoyens, associations, élus, les attributions de fréquences sont prévues dans les semaines qui viennent sans qu’aucun véritable débat n’ait jamais eu lieu, le gouvernement justifiant sa précipitation au nom d’un prétendu retard français. Pourtant, des questions environnementales, sanitaires et démocratiques sont posées.
L’impact environnemental induit par les usages numériques ne cesse d’augmenter, et, avec l’explosion des usages, les gains attendus par la faussement nommée ’dématérialisation’ ne sont pas démontrés. Les industriels s’accordent sur la promesse de multiplication par 1.000 des données échangées sur les réseaux dans les prochaines décennies. La technologie 5G est conçue pour permettre des débits dix fois supérieurs à la 4G sur les smartphones, mais son déploiement en France aboutira à un ’effet rebond’ par la hausse de la consommation de données et d’usage des télécommunications, synonyme d’une très forte consommation d’énergie par la sollicitation des antennes et des serveurs.
Par ailleurs, le déploiement de la 5G va exponentiellement accélérer l’exploitation de ressources naturelles non renouvelables, la pollution due à l’extraction des métaux rares, et la génération de quantité de déchet pas ou peu recyclable.
A l’heure actuelle, un très faible nombre de téléphones mobiles en circulation et en vente sont compatibles avec la 5G. Le déploiement de ce réseau mobile va donc impliquer un renouvellement d’une large part du matériel, augmentant encore l’empreinte écologique et le poids des déchets, et cela pour tenter de bénéficier d’une nouveauté technologique dont l’utilité reste à démontrer. Une étude d’impact environnemental préalable sur la 5G est donc nécessaire avant d’envisager son déploiement.
Dans son rapport d’octobre 2019 sur la 5G, l’ANSES affirme d’ailleurs avoir ’mis en évidence un manque important, voire une absence de données relatives aux effets biologiques et sanitaires potentiels’ de cette technologie. L’étude est actuellement en cours, il nous semble indispensable d’attendre ses conclusions avant de déployer la 5G dans nos villes et dans nos campagnes. Ce temps d’analyse redonne à l’Etat son rôle souverain sur les questions sanitaires au regard de l’intérêt collectif plutôt que d’intérêts économiques industriels.
Les émissions d’ondes de la 5G s’additionnent à celles des technologies antérieures, 4G, 3G et 2G, ce qui aboutira à une hausse du niveau d’exposition de la population aux ondes. De même, il est urgent de s’interroger sur l’impact sanitaire de la multiplication d’objets hyperconnectés.
Alors que la technologie 4G n’est toujours pas totalement déployée, que les collectivités dépensent des sommes importantes pour équiper en fibre les espaces ruraux et des espaces mal desservis, l’arrivée de la 5G risque surtout d’aggraver les fractures numériques existantes. Nous nous interrogeons sur le rôle de la 5G et de l’Internet mobile dans la résorption de la fracture numérique. Nous souhaitons que les communes aient la capacité de choisir le mode d’accès à Internet et la maîtrise du développement des réseaux numériques.
Le déploiement massif d’objets connectés allant de pair avec la 5G participe de l’accaparement de données personnelles. On donne ainsi les clefs d’un pouvoir de prévision et de contrôle social à des géants du numérique. Dans le contexte actuel d’urgence climatique et sociale, c’est la question même de nos modes de vies qu’il est urgent d’interroger. L’inflation numérique doit nous amener à réfléchir d’urgence à nos besoins et à nos usages en la matière. Et ce choix ne doit être ni celui d’opérateurs, ni même celui d’experts, mais bien un choix de l’ensemble des citoyennes et citoyens afin de décider de façon éclairée et démocratique l’installation ou non de la 5G. Le moratoire est l’une des propositions de la convention citoyenne pour le climat, que le président de la République s’est engagé à étudier. Nous lui demandons, ainsi qu’au gouvernement, de respecter cet engagement.
Nous, maires et élus, proposons dans l’immédiat un moratoire sur le déploiement de la 5G au moins jusqu’Ã l’été 2021. Pendant ce moratoire, nous demandons la tenue d’un débat démocratique décentralisé sur la 5G et sur les usages numériques. Nous demandons pour les communes le droit à la subsidiarité concernant l’application du principe de précaution. Nous demandons que la priorité soit donnée à la réduction de la fracture numérique, à travers le développement de la fibre en zone rurale et en finalisant le déploiement de la 4G."
(fin du texte)
Sans cobalt, pas de batteries
pas de batteries pour nos smartphones et voitures électriques. Les deux tiers du cobalt mondial, sont extraits en République démocratique du Congo, où 40 000 enfants sont exploités dans des mines « artisanales » dramatiquement dangereuses. Dans ce pays où sévissent Ebola, la rougeole et le choléra, et où le revenu par habitant est le quatrième plus faible du monde, ces mines « artisanales » sont devenues un gagne-pain vital, même s’il y règne les pires conditions de travail. Des enfants que leur famille ne peut ni nourrir ni payer les six dollars mensuels de frais de scolarité, transportent le minerai tels des mulets. Ou plongent dans des tunnels non étayés. Il y a des éboulements. Des membres écrasés. Des gosses enterrés vivants. Un effondrement, le 11 septembre, à la suite de pluies diluviennes, vient de causer au moins 50 morts. Mais nous aurons des smartphones dernier cri, avec la 5G. Dernier cri de qui ?
Les Amish
Un sondage OpinionWay réalisé les 26 et 27 août révèle le très fort rejet que suscite la technologie 5G en France. Mais mardi matin 15 septembre, Emmanuel Macron a comparé les opposants à cette nouvelle technologie aux « Amish ».
Les Amish, c’est une toute petite communauté religieuse qui vit surtout aux Etats-Unis, à la mode d’autrefois, une vie simple, avec des vêtements austères pour les hommes comme pour les femmes. Opposés au service militaire, ils refusent également d’utiliser la plupart des innovations techniques modernes, le téléphone, l’électricité, les pneus, les machines agricoles modernes, la plomberie intérieure. Les Amish n’utilisent pas de voitures, préférant leurs charrettes et leurs carrioles à chevaux élégantes et classiques.
Mais attention, la réalité des Amish n’est pas le retour à la bougie ou à la lampe à huile ! Les Amish, avant d’adopter une nouvelle technique, discutent d’abord les conséquences sur leur mode de vie. Ils savent peut-être que le « progrès » apporté par les antibiotiques, provoque une antibio-résistance dangereuse. Que le « progrès » apporté par les automobiles, apporte la pollution aux hydrocarbures et aux particules fines. Que le « progrès » apporté par la numérisation, provoque une fracture dans nos sociétés. Que le « progrès » apporté par les pesticides, aboutit a développement des cancers. Etc ...
En maniant le mépris, Emmanuel Macron jette de l’huile sur le feu, rejetant les inquiets du « progrès » moderne vers l’enfer de l’obscurantisme ! Ce n’est pas cela qui va rassurer les Français