Ecrit le 6 avril 2021
« Placer la lutte contre l’artificialisation au cœur de l’aménagement du territoire » : c’est un des objectifs du projet de loi Climat qui, en l’état, ne propose rien de concluant pour y parvenir. Or, sur le terrain, les projets d’artificialisation des sols pullulent en France. C’est pourquoi la Confédération paysanne, partenaire de la campagne « Les Soulèvements de la terre », a participé à son lancement samedi 27 mars à Besançon.
L’artificialisation menace les terres nourricières de deux manières :
– directement car des terres artificialisées sont perdues à jamais. La compensation n’est qu’un leurre car la « renaturation » ne fonctionne pas. Compenser : c’est juste blanchir des activités destructrices par de l’argent.
– Indirectement, la pression à l’artificialisation encourage la spéculation foncière sur les zones à fortes demandes (proximité des villes, zones littorales) et précarise les paysans installés sur ces terres, considérées au final comme une réserve foncière pour l’extension des villes.
Les terres agricoles, naturelles et forestières doivent être protégées. Nous revendiquons le zéro artificialisation. En même temps, il faut aussi combattre pour défendre l’accès à la terre des paysans. Et garantir une pérennité de ce droit au travail paysan.
Notre pays a besoin de produire son alimentation, d’avoir des paysannes et paysans nombreux et donc des terres productives. préservons nos terres nourricières de la main du béton. Tandis que les outils publics de gestion des terres agricoles doivent être renforcés et réinventés pour permettre l’installation de futurs paysans. L’enjeu est social, l’enjeu est écologique ! La Terre, en commun ! Ainsi, nous nous soulevons !
(communiqué de la
Confédération paysanne)
Zéro artificialisation
l’artificialisation des sols c’est :
â— Des mines et carrières à ciel ouvert ;
â— Des décharges et chantiers ;
â— Des espaces verts urbains ;
â— Des équipements sportifs et de loisirs y compris des golfs.
La perte de surface de terres et la modification de la nature qu’engendre l’artificialisation est catastrophique pour la biodiversité et la préservation des espaces naturels. En effet, si le rythme de consommation actuelle des terres perdure, la Loire-Atlantique devrait artificialiser l’équivalent des superficies de la Brière, de la forêt du Gâvre et du lac de Grand Lieu. Il y a donc une réelle urgence foncière à agir.
C’est pour cela que le département s’est engagé à la réduire au maximum. En Loire-Atlantique, sur 95 000 hectares artificialisés aujourd’hui, plus des deux tiers l’ont été dans les 70 dernières années.
Même si ce rythme s’est fortement réduit au cours de la dernière décennie en passant sous la barre de 500 hectares par an contre le double au début des années 2000, il n’est plus possible de se satisfaire de ce simple ralentissement. c’est cet objectif que s’est fixé le département. Cette urgence se traduit dans l’objectif de « zéro artificialisation nette », inscrit dans le plan biodiversité diffusé à l’été 2018 et dont la Loire-Atlantique entend bien être le laboratoire en s’emparant de la question. La formule porte la volonté d’éviter toute nouvelle imperméabilisation des sols ou, si des terres sont artificialisées, de compenser en renaturant des espaces déjà imperméabilisés (friches, parkings, zones d’activités, zones commerciales, etc.).
Plusieurs principes sont au cœur de l’action du département :
â–º Reconstruire la ville sur la ville : par exemple construire un collectif en remplacement d’une maison de ville ou privilégier les dents creuses et les friches urbaines plutôt que l’allotissement de champs ;
â–º Réduire les superficies des terrains à bâtir : de 1 350 m2 en moyenne dans les années 2000 à moins de 800 m2 aujourd’hui ;
â–º Poursuivre et étendre l’effort porté sur l’habitat aux zones d’activités économiques qui consomment plus de foncier que l’habitat.
Plusieurs acteurs se sont réunis afin d’encourager et de faciliter la réalisation de projets urbains :
â–ª l’agence foncière de Loire-Atlantique (AFLA) qui intervient en amont des projets publics d’aménagement et accompagne les collectivités dans la maîtrise du foncier
â–ª Loire-Atlantique développement (LAD) conseiller territorial en matière de paysage, d’urbanisme et d’architecture.
â–ª Habitat 44 qui participe au développement du logement pour tous.
Mais n’opposons pas la ville et la campagne. Selon Marc Barra, écologue, « Du point de vue de la biodiversité, la campagne est aussi artificialisante que la ville. Derrière le mot d’artificialisation, on pense souvent à urbanisation, création d’infrastructures, etc., mais pour la biodiversité, l’agriculture intensive est aussi une forme extrême d’artificialisation. La biodiversité décline donc dans les villes, mais aussi dans les campagnes ».
Il explique encore : « Nous préconisons de densifier la ville en utilisant des outils innovants comme le coefficient de pleine terre ou de biotope. Chaque permis de construire doit être soumis à une obligation de conserver de la pleine terre et de végétaliser : s’il la respecte, il est délivré ; si ce n’est pas le cas, il y a refus. c’est à mon sens la seule façon de parvenir à des villes denses qui gagnent des espaces verts. Berlin a ainsi introduit cette notion de coefficient de biotope pour faire face à un centre-ville très minéral et dense ».
Optimiser les zones d’activité, tenir compte du potentiel des friches : ce sont d’autres pistes de réflexion.
A lire : le numéro Hors série de la revue Place Publique
e département de Loire-Atlantique