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(écrit le 21 octobre 2001)
Le théâtre de la terreur
Huit octobre 2001. « début des bombardements », claironne la manchette du Guardian, d’ordinaire plutôt sobre. « La bataille est engagée », titre en écho le non moins modéré Herald Tribune, reprenant les propos de Bush. Mais engagée contre qui ? Et comment se terminera-t-elle ?
Héros ou charpie ?
Par exemple avec Oussama Ben Laden dans les fers, l’air plus serein et christique que jamais, comparaissant devant un tribunal composé des vainqueurs ? Ou alors avec un Ben Laden réduit en charpie par une de ces bombes intelligentes dont nous parlent constamment les journaux, celles qui tuent les terroristes dans leurs repaires mais épargnent la vaisselle ?
Ou bien existe-t-il une issue, qui nous éviterait de transformer notre ennemi public n°1 en martyr n°1 aux yeux de ceux qui voient déjà en lui un demi-dieu ? Nous devons pourtant le punir. Nous devons le traduire en justice. Envoyons nourriture et médicaments, fournissons de l’aide humanitaire, rassemblons les réfugiés affamés, les orphelins mutilés et les morceaux de corps humains - pardon, les « dommages collatéraux » -, mais nous n’avons pas le choix : Ben Laden et ses sbires doivent être débusqués.
Ce que l’Amérique recherche à l’heure actuelle, c’est : plus d’amis et moins d’ennemis. Mais hélas ce que l’Amérique se prépare, c’est : encore plus d’ennemis, parce que, malgré tous les pots-de-vin, les menaces et les promesses qui ont assemblé de bric et de broc cette vacillante coalition, nous ne pouvons pas empêcher un terroriste kamikaze de naître chaque fois qu’un missile mal guidé rase un village innocent, et personne ne peut nous dire comment sortir du cercle vicieux désespoir-haine-vengeance.
Toutes ces peurs
(...) Aujourd’hui, au fin fond de sa grotte, Ben Laden doit se frotter les mains en nous regardant nous engager dans ce processus qui réjouit les terroristes : nous nous empressons de renforcer nos effectifs de police et de renseignement et de leur donner des pouvoirs accrus, nous mettons entre parenthèses les droits civiques élémentaires et restreignons la liberté de la presse, nous imposons de nouveaux tabous journalistiques et une censure occulte, nous nous espionnons nous-mêmes et, dans les pires extrêmes, nous profanons les mosquées et harcelons de pauvres concitoyens parce que leur couleur de peau nous effraie.
Toutes ces peurs que nous partageons (Vais-je oser prendre l’avion ? Ne devrais-je pas dénoncer à la police le couple étrange qui habite au-dessus ? Mon enfant est-il rentré de l’école sain et sauf ? Ai-je perdu d’un coup mes économies de toute une vie ?) sont précisément les peurs que nos agresseurs souhaitent nous voir nourrir.
Jusqu’au 11 septembre, les Etats-Unis étaient trop heureux de fustiger Vladimir Poutine et sa boucherie tchétchène. Celui-ci s’entendait dire que la violation par les Russes des droits de l’homme dans le Nord-Caucase (torture généralisée et meurtres à l’échelle d’un génocide, personne ne le conteste) faisait obstacle à la normalisation des relations de son pays avec l’OTAN et les USA.
Eh bien, c’est terminé, tout ça ! La construction de la grande coalition nouvelle donnera à Poutine une odeur de sainteté, comparé à certains de ses petits camarades.
Qui se rappelle aujourd’hui le tollé contre ce qui était perçu comme un colonialisme économique des pays du G8 ? Ou contre l’exploitation du tiers-monde par des multinationales incontrôlables ? Prague, Seattle et Gênes nous ont offert des images dérangeantes de crânes fracassés, de verre brisé, de violence collective et de brutalités policières, qui ont beaucoup choqué M. Blair. Mentionner Kyoto, ces temps-ci, risque de vous faire taxer d’antiaméricanisme. Suggérer que les récentes atrocités s’inscrivent dans un contexte historique revient implicitement à les excuser. Si on est dans notre camp, on ne fait pas ça. Si on le fait, c’est qu’on est dans le camp adverse.
Ennemis
Voici dix ans, j’assommais tout le monde avec mon idéalisme en racontant à qui voulait bien m’entendre que nous étions en train de rater une occasion unique de transformer le monde, maintenant que la guerre froide était derrière nous. où était le nouveau plan Marshall ?, plaidais-je. Pourquoi les jeunes hommes et femmes de l’American Peace Corps et leurs homologues européens n’affluaient-ils pas par milliers dans l’ex-Union soviétique ?
où se trouvait l’homme d’Etat de stature internationale, l’homme providentiel doué de l’inspiration visionnaire susceptible de nous désigner les véritables ennemis de l’humanité : pauvreté, famine, esclavage, tyrannie, drogue, conflits ethniques, racisme, intolérance religieuse, cupidité ?
Et voilà que, du jour au lendemain, grâce à Ben Laden et ses lieutenants, tous nos dirigeants sont devenus des hommes d’Etat de stature internationale, faisant de beaux discours d’inspiration visionnaire dans de lointains aéroports qui leur servent de tremplins électoraux.
(...) A combien de cadavres de G.I’s résistera le soutien populaire de M. Bush ? Certes, après l’horreur des attentats sur le sol américain, le peuple crie vengeance, mais il atteindra vite son seuil de tolérance à la vue du sang versé par d’autres compatriotes.
A en croire l’Occident tout entier, Tony. Blair est l’éloquent chevalier blanc de l’Amérique. Savoir si cela lui attirera les faveurs de l’électorat est une autre affaire. Quand vous captez les vibrants trémolos dans sa voix de va-t-en-guerre malgré lui, soyez aussi réceptif à l’avertissement subliminal qu’il vous envoie peut-être : sa mission envers l’humanité est si capitale qu’il vous faudra attendre encore un an pour votre opération urgente à l’hôpital et bien plus pour avoir droit à des trains ponctuels et sûrs.
J’ai employé le mot « guerre ». Je me demande si Blair et Bush ont jamais vu un enfant déchiqueté par une explosion ou un camp de réfugiés sans défense atteint par une bombe à fragmentation. Je ne souhaite cette expérience ni à l’un ni à l’autre. Mais il n’en reste pas moins que j’ai peur chaque fois que je vois le visage d’un politicien novice illuminé par une aura guerrière et que j’entends sa voix distinguée m’exhorter au combat.
Pas Dieu
Et s’il vous plaît, monsieur Bush, je vous en supplie, monsieur Blair : laissez Dieu en dehors de tout ça. Dieu préfère les largages de nourriture efficaces, les équipes médicales dévouées, le confort matériel et des tentes solides pour les sans-abri et les miséreux. Il nous préfère moins cupides, moins arrogants, moins prosélytes, moins méprisants à l’égard des déshérités.
Ce n’est pas un nouvel ordre mondial,
et ce n’est pas la guerre de Dieu.
C’est une opération de police atroce, nécessaire, dégradante, visant à pallier la faillite de nos services de renseignement et l’aveuglement politique avec lequel nous avons armé et utilisé les intégristes islamistes afin qu’ils luttent contre l’envahisseur soviétique, pour leur abandonner ensuite un pays dévasté et sans gouvernement.
Ce ne sera pas fini
Et une fois que ce sera fini, ce ne sera pas fini. L’émotion suscitée par l’élimination de Ben Laden grossira les rangs de ses armées de l’ombre au lieu de les rompre, ainsi que l’arrière-garde de sympathisants silencieux qui leur fournissent le soutien logistique.
L’air de rien, entre les lignes, on nous invite à croire que l’Occident s’intéresse avec un regain de conscience au problème des pauvres et des sans-abri de cette planète.
Mais quand les armes se tairont pour laisser place à une paix apparente, les Etats-Unis et leurs alliés resteront-ils fidèles au poste ou, comme à la fin de la guerre froide, raccrocheront-ils leurs godillots pour retourner cultiver leur jardin ? Des jardins qui ne seront plus jamais les havres d’antan.
John Le Carré (extraits) (écrivain anglais)
Traduit de l’anglais par Isabelle Perrin
Le Monde du 17 octobre 2001
(écrit le 31 octobre 2001)
Toujours dans l’intention de donner aux lecteurs de la Mée
des éléments pour leur réflexion,
voici des extraits d’un article de Marianne du 22 octobre 2001
L’amour des uns
la cruauté des autres
Pour mémoire : Saint Augustin, à l’aube de la « civilisation » chrétienne écrivait : « II y a une persécution juste, celle que font les Eglises du Christ aux impies... L’Eglise persécute par amour et les impies, par cruauté. » (Lettre 185).
La parabole du bon grain et de l’ivraie, qui recommande de lier en fagots la « mauvaise herbe » afin de la brûler, a été lue comme une justification des bûchers de l’Inquisition. En Espagne, les Rois catholiques ont persécuté les juifs et, au Proche-Orient, les croisés ont fait de même avec les musulmans.
Pour mémoire : en pleine « civilisation chrétienne », dans la France de la Restauration, la profanation des emblèmes religieux, assimilée au parricide, était punie de la peine capitale, précédée du « tranchement » du poignet à la hache (loi de 1825). Civilisation ?
C’est au nom de l’Ancien Testament qu’a agi l’assassin d’Itzhak Rabin, et des Evangiles qu’a été plastiquée à Paris, il y a une dizaine d’années, une salle de cinéma qui projetait la Dernière Tentation du Christ, le film de Scorsese.
Le Livre de Josué, riche en récits de massacres de peuples autres que le « peuple élu », n’a rien à envier aux versets les plus guerriers du Coran en matière de justification anticipée des violences inter-religieuses et inter-ethniques.
Bref, les trois religions du Livre ont leurs textes dangereux si on en fait une lecture littérale. Leurs fondamentalistes respectifs ne manquent d’ailleurs pas de le faire pour justifier l’injustifiable.
« La » civilisation
Trois points essentiels doivent donc aujourd’hui être rappelés.
1- Les idéaux de justice, incarnés par les principes de liberté et d’égalité constituent le patrimoine de toute l’humanité. Ils ne sont d’aucun lieu ni d’aucun temps. Nulle culture ne les a sécrétés spontanément. En Occident, c’est dans le sang et les larmes qu’ils ont été conquis, contre les traditions dites « culturelles » qui sanctifiaient la dépendance, le machisme, l’inégalité entre croyants et athées. C’est l’Occident qui a inventé le bombardement des populations civiles, et l’horreur de la Shoah, extrapolation d’un millénaire d’antisémitisme « chrétien », pour lequel l’Eglise vient de demander pardon.
La thèse selon laquelle le christianisme est à la fois une religion de la « sortie de la religion » et le fondement de l’émancipation laïque est démentie par les millions de victimes de l’Inquisition et des croisades. Et si, réécrivant l’histoire, certains veulent voir en lui la source inspiratrice des droits de l’homme, ils doivent admettre, d’une part, que l’Eglise a bien tardé à s’aviser de ce fondement imaginaire (deux millénaires !) et, d’autre part, qu’elle ne l’a fait que sous la pression d’aspirations à la liberté jaillies en dehors d’elle et malgré elle.
2 - Aucune civilisation ne détient « la » civilisation. Aucune culture ne résume « la » culture.
La vraie culture, celle qui émancipe et libère, ce n’est pas la soumission aveugle à une tradition mythifiée, mais le mouvement de distanciation et de réflexion critique qui élève au-dessus d’elle.
Nulle civilisation ne détient, par vocation naturelle, le secret de l’humanité et de la justice. Evoquer un « clash des civilisations », c’est traiter les civilisations comme des blocs, tout en déclarant, contre l’évidence, que l’Occident s’est hissé au sommet en la matière, par la vertu supposée de sa religion et de ses moeurs. Ainsi reparaît la figure modernisée de l’ethnocentrisme colonialiste dénoncée naguère par la salutaire conférence de Claude lévi-Strauss, « Race et histoire ».
3 - Dans chaque civilisation, il y a eu des révoltes et des affirmations de liberté contre l’obscurantisme et l’oppression.
C’est par la réunion des conquêtes ainsi accomplies que l’on peut dresser le palmarès de l’authentique civilisation, entendue cette fois-ci comme mouvement général d’émancipation de l’humanité.
Ainsi entendue, la civilisation (ou la culture libératrice) transcende les frontières et les aires de domination religieuse ou politique.
Confucius, Bouddha
Averroès et les autres
Ses véritables artisans ? Les philosophes grecs, inventeurs de la liberté de jugement, de la démocratie et de l’universalisme, mais aussi les penseurs d’Orient. Confucius (né en 551 av. J.-C.) exaltait le discernement et la réflexion intérieure altruiste, Bouddha (né en 556 av. J.-C.), enseignait la compassion universelle, Averroès (promoteur, au XIe siècle, d’une lecture rationnelle du Coran et d’un véritable humanisme), Spinoza (penseur, au XVIIe siècle, de l’affranchissement humain par séparation de l’Etat et de tout culte), Condorcet (théoricien, au XVIIIe, de l’émancipation laïque), ceux-là ont apporté leur pierre à cette charte universelle des droits humains.
Celle-ci s’est écrite partout à contre-courant des traditions rétrogrades et des autorités théologico-politiques qui leur donnaient le label « culturel » et les perpétuaient ainsi pour le plus grand malheur de leurs victimes.
Sachons retrouver ce qui unit tous les hommes dans le processus d’émancipation. L’habeas corpus n’est pas plus anglais que la pénicilline n’est écossaise ou que la laïcité n’est française
Henri Pena-Ruiz
professeur de philosophie Texte publié dans Marianne, 22.10.200
Ecrit le 31 oc tobre 2001 :
Pas de pacifisme
Jacques sémelin, dans sa conférence à Châteaubriant sur la non-violence, a expliqué que la situation actuelle est relativement grave, et que, s’il est non violent, il n’est pas pacifiste à tout prix. « Le refus de la guerre, à tout prix, peut engendrer la paix de la tyrannie »
" En ce moment, un homme de paix doit essayer de concilier deux choses :
– la défense des libertés fondamentales
– la sécurité collective, celle des civils « Nous sommes à un tournant de l’Histoire. » Jusqu’Ã maintenant, ce sont les gouvernants qui détenaient les armes de destruction et en décidaient l’usage. Maintenant ce sont des individus qui se sont appropriés ce droit. Nous récoltons ce que nous avons semé, par la dissémination des armes « » Le terrorisme, c’est frapper n’importe qui, n’importe où, n’importe comment. Il nous faut lutter contre la logique de guerre qu’impulse le terrorisme. Il nous faut lutter contre la peur : si celle-ci s’installe, Ben Laden aura gagné « . » Une politique de paix doit nous conduire à garder la tête froide. Le courage civil, en ce moment, c’est de résister à la psychose de la peur « » Des terroristes sont actuellement prêts à mourir pour des idées. Cela doit nous interroger sur ce que sont nos idées à nous, les valeurs que nous défendons. Sommes-nous solidaires de la vie des autres ? De ceux qui vivent depuis plus de 20 ans dans un monde de pauvreté et de guerre ? « . » Au 20e siècle, environ 169 millions de civils ont été tués par leurs propres gouvernements, contre 35 millions par le fait de la guerre ". L’attentat du 11 septembre nous fait toucher du doigt la peur et l’insécurité que vivent de nombreux peuples sur la planète. Nous étions des nantis. La situation actuelle nous fera-t-elle redevenir des hommes ?
écrit le 7 novembre 2001
(éditorial d’Ignacio Ramonet, Le Monde Diplomatique, octobre 2001)
Guerre totale
Contre ennemi invisible
C’était le 11 septembre. détournés de leur mission ordinaire par des pilotes décidés à tout, les avions foncent vers le cœur de la grande ville, résolus à abattre les symboles d’un système politique détesté. Très vite : les explosions, les façades qui volent en éclats, les effondrements dans un fracas d’enfer, les survivants atterrés fuyant couverts de débris. Et les médias qui diffusent la tragédie en direct...
New York, 2001 ? Non, Santiago du Chili, 11 septembre 1973. Avec la complicité des Etats-Unis, coup d’Etat du général Pinochet contre le socialiste Salvador Allende, et pilonnage du palais présidentiel par les forces aériennes. Des dizaines de morts et le début d’un régime de terreur long de quinze ans...
Par-delà la légitime compassion à l’égard des innocentes victimes des attentats de New York, comment ne pas convenir que les Etats-Unis ne sont pas - pas plus que nul autre - un pays innocent ? N’ont-ils pas participé à des actions politiques violentes, illégales et souvent clandestines en Amérique latine, en Afrique, au Proche-Orient, en Asie... ? Dont la conséquence est une tragique cohorte de morts, de « disparus », de torturés, d’embastillés, d’exilés...
L’attitude des dirigeants et des médias occidentaux, leur surenchère pro-américaine ne doivent pas nous masquer la cruelle réalité. A travers le monde, et en particulier dans les pays du Sud, le sentiment le plus souvent exprimé par les opinions publiques à l’occasion de ces condamnables attentats a été : « Ce qui leur arrive est bien triste, mais ils ne l’ont pas volé ! »
La croisade, déjà
Pour comprendre une telle réaction, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que, tout au long de la « guerre froide » (1948-1989), les Etats-Unis s’étaient déjà lancés dans une « croisade » contre le communisme. Qui prit parfois des allures de guerre d’extermination : des milliers de communistes liquidés en Iran, deux cent mille opposants de gauche supprimés au Guatemala, près d’un million de communistes anéantis en Indonésie... Les pages les plus atroces du Livre noir de l’impérialisme américain furent écrites au cours de ces années, marquées également par les horreurs de la guerre du Vietnam (1962-1975).
C’était déjà « le Bien contre le Mal ». Mais à l’époque, selon Washington, soutenir des terroristes n’était pas forcément immoral. Par le biais de la CIA, les Etats-Unis préconisèrent des attentats dans des lieux publics, des détournements d’avions, des sabotages et des assassinats. A Cuba contre le régime de Fidel Castro, au Nicaragua contre les Sandinistes ou en Afghanistan contre les Soviétiques.
C’est là , en Afghanistan, avec le soutien de deux Etats très peu démocratiques, l’Arabie Saoudite et le Pakistan, que Washington encouragea, dans les années 1970, la création de brigades islamistes recrutées dans le monde arabo-musulman et composées de ce que les médias appelaient les « freedom fighters », les combattants de la liberté ! C’est dans ces circonstances, on le sait, que la CIA engagea et forma le désormais célèbre Oussama Ben Laden.
Depuis 1991, les Etats-Unis se sont installés dans une position d’hyperpuissance unique et ont marginalisé, de fait, les Nations Unies.
Ils avaient promis d’instaurer un « Nouvel ordre international » plus juste. Au nom duquel ils ont conduit la guerre contre l’Irak.
Mais, en revanche, ils sont demeurés d’une scandaleuse partialité en faveur d’Israë l, au détriment des droits des Palestiniens
De surcroît, malgré des protestations internationales, ils ont maintenu un implacable embargo contre l’Irak, qui épargne le régime et tue des milliers d’innocents.
Tout cela a ulcéré les opinions du monde arabo-musulman et facilité la création d’un terreau où s’est épanoui un islamisme radicalement antiaméricain.
Comme le Dr Frankenstein, les Etats-Unis voient maintenant leur vieille créature - Oussama Ben Laden - se dresser contre eux, avec une violence démentielle. Et ils prétendent le combattre en s’appuyant sur les deux Etats - Arabie saoudite et Pakistan - qui, depuis trente ans, ont le plus contribué à répandre à travers le monde des réseaux islamistes radicaux, au besoin à l’aide de méthodes terroristes !
Un adversaire, enfin !
Vieux briscards de la guerre froide, les hommes qui entourent le président George W. Bush ne sont sans doute pas mécontents de la tournure que prennent les choses. Peut-être considèrent-ils même qu’il s’agit d’une aubaine. Car, miraculeusement, les attentats du 11 septembre leur restituent une donnée stratégique majeure dont l’effondrement de l’Union soviétique les avait privés pendant dix ans : un adversaire. Enfin !
Sous le nom de « terrorisme », cet adversaire désigné, chacun l’aura compris, est désormais l’islamisme radical. Tous les dérapages redoutés risquent maintenant de se produire. Y compris une moderne version du maccarthysme qui prendrait pour cible les adversaires de la mondialisation.
Vous avez aimé l’anticommunisme ? Vous adorerez l’anti-islamisme !
Copyright : IGNACIO RAMONET
Note du 11 septembre 2006 :
Et si ce n’était qu’une horrible machination ?
Il y a des éléments troublants
Une autre vidéo pose des questions
Si vous préfèrez la version originale en anglais, c’est ici :
http://video.google.fr/videoplay?docid=1336167662031629480&q=Painful+Deception