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(écrit le 11 juillet 2001)
Des liens particuliers existent entre la région de Nantes et les pays méditerranéens, au sein de l’association Gaza-Jérusalem. C’est dans ce cadre que des Palestiniens sont venus en stage à Nantes pour découvrir le fonctionnement d’une mairie : architecte-urbaniste, directeur financier de la ville, directeur des services techniques, responsable de projets urbains : chacun est venu approfondir ses connaissances dans sa spécialité.
Comme à chaque fois, ces Palestiniens sont venus faire un tour à Châteaubriant. La municipalité n’a pas voulu les recevoir, à cause, a-t-elle dit, de la fête de la musique. La réception a donc eu lieu le vendredi 22 juin 2001 à la mairie de St Aubin des Châteaux, occasion pour le maire de présenter sa commune, ses commerces et ses services. Occasion pour les adjoints et conseillers municipaux de St Aubin de découvrir, concrètement, les problèmes d’une région en guerre.
Résistance
« Nous sommes contents de venir voir le peuple français. Nous avons appris l’histoire de votre pays et comment les habitants ont conquis leur liberté. C’est un de nos modèles. Votre action de Résistance aux Nazis inspire notre façon de penser et d’agir ». Les Palestiniens ont cité Voltaire, Sartre, Albert Camus, Napoléon, De Gaulle : « votre pays est un pays de grands hommes, de grands penseurs »
Et puis les Palestiniens sont revenus sur leur histoire, comme on revient sans cesse sur un fait douloureux qu’on ne peut effacer de sa mémoire. « Il y a 53 ans, nous étions un petit pays calme où poussaient toutes sortes de plantes et de fleurs ». Mais il s’était passé des choses graves sur le territoire européen, la vague d’antisémitisme en France (Ã partir de 1870), en Allemagne (Ã partir de 1879), en Russie à partir de 1880, ont fait que, peu à peu, des réfugiés juifs sont allés vivre en Palestine. Le mouvement de colonisation de la Palestine fut subventionné par le Baron Edmond de Rothschild et la population juive en Palestine passa de 24 000 personnes en 1880 à 58 000 en 1919. La déclaration de Lord Balfour en 1917, par laquelle l’Angleterre s’engageait à favoriser « l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif », n’arrangea pas les choses. Cependant à cette époque, les juifs ne représentaient que 8 % de la population palestinienne qui comportait 568 000 Arabes Musulmans et 74 000 Arabes chrétiens.
L’arrivée d’Hitler au pouvoir provoqua un accroissement rapide de l’immigration juive en Palestine (30 000 personnes en 1933, 61 000 en 1935), ce qui provoqua une véritable révolte arabe en 1936, durement réprimée par les forces britanniques. En 1939, les Juifs représentaient 30 % de la population totale et les terres juives s’étaient étendues de 60 000 ha en 1922 à 155 000 ha en 1939, les juifs achetant des terres aux gros propriétaires ottomans, qui avaient besoin d’argent pour continuer leur vie de luxure .
Problème euro-européen
Les Juifs, aspirant à un véritable Etat Hébreu, déclenchèrent une activité terroriste qui atteignit son paroxysme vers 1946/47 . Le gouvernement anglais, qui contrôlait la Palestine, n’osa pas réprimer ce terrorisme, en raison de l’Holocauste, subi par le peuple juif, pendant la seconde guerre mondiale.
« Finalement, ce problème euro-européen a été exporté sur notre territoire, la Palestine. Le 15 mai 1948 eut lieu la création officielle de l’Etat d’Israë l et depuis c’est le conflit perpétuel. C’est un conflit que le monde entier n’a pas encore réussi à résoudre. Le rôle de l’Europe est de nous aider à trouver une solution. Actuellement 5 millions de Palestiniens vivent en dehors d’un état palestinien, et ceux qui sont en Palestine sont sans cesse contrôlés, limités dans leurs déplacements, » punis « par les israéliens »
« Nous voulons vivre en paix. On nous parle des attentats commis par les Palestiniens. Il n’y a pas de violence palestinienne. C’est une défense. Nous nous avons les pierres, eux ils ont les armes meurtrières. Nous ne détestons par les juifs, nous avons des amis israéliens. Nous avons le droit d’avoir un pays, le droit d’avoir notre dignité et notre liberté. Nous défendrons ces droits jusqu’au bout ».
Aucun espoir
Pourquoi sont-ils venus à St Aubin des Châteaux ? Les Palestiniens expliquent qu’ils ont besoin d’être écoutés, de faire connaître leur situation. « Nous venons chercher l’amitié, la solidarité internationale. Nous souhaitons que vous veniez chez nous, vous rendre compte de la situation : nous avons besoin de témoins. Et de plus, quand vous êtes là ... nous ne sommes pas bombardés ... nous sommes bombardés sitôt après ».
Comment voient-ils la situation ? « Nous n’avons aucun espoir actuellement. Si les israéliens ne prennent pas conscience que la guerre n’arrivera à rien. S’ils glissent vers l’extrême-droite, si, comme on le sent, ils s’orientent vers un durcissement, ils ne nous feront pas plier. Nous avons déjà cédé 80 % de notre territoire à l’Etat d’Israë l, que pouvons-nous donner de plus ?. Nous ne pouvons même pas nous jeter à la mer : l’accès nous en a été interdit. Toutes les résolutions internationales sont bafouées. Il nous reste la lutte légitime pour notre libération. Nous sommes condamnés à nous battre jusqu’au bout ».
Les Palestiniens ont expliqué encore : « on nous reproche les attentats à l’intérieur des territoires israéliens : mais nous ne pouvons pas assurer la sécurité à l’intérieur de territoires où nous n’avons pas accès ! Les Palestiniens ne sont pas des marionnettes que nous manipulons à notre guise. Nous ne pouvons pas accepter les punitions collectives, le bouclage des villes, les bombardements de villes entières. C’est ce que nous sommes venus vous dire pour que vous compreniez notre situation ».
Sur ces témoignages poignants, Louis David a conclu en souhaitant poursuivre les contacts avec les Palestiniens mais aussi avec les Israéliens, « pour les aider à concrétiser la paix au lieu de concrétiser la guerre »
(écrit le 31 octobre 2001)
Dans le cadre de l’insécurité mondiale, on a tendance à oublier ce qui se passe dans d’autres parties du monde. Israë l joue pleinement cette carte
Beit Rima
Le 24 octobre, au lendemain de l’intervention du président américain, George W. Bush, dans laquelle il demandait à Israë l de retirer ses troupes « le plus rapidement possible » des secteurs palestiniens réoccupés depuis le 18 octobre, le premier ministre israélien, Ariel Sharon, a répondu par une intensification des tirs militaires, en prenant le contrôle du village de Beit Rima, près de Ramallah, en Cisjordanie.
En pleine nuit, plus d’une quinzaine de chars et d’hélicoptères accompagnés de plusieurs centaines de soldats ont fait irruption dans ce village palestinien de 4 000 habitants, au motif que ce village abriterait de nombreux terroristes selon des renseignements officiels et que des tirs palestiniens auraient eu pour cible des positions israéliennes.
« Les morts sont au nombre de 16 et ils sont tous des civils. Ce massacre ne passera pas sans que Sharon et son armée d’occupation en paient le prix », a déclaré à Damas un porte-parole du FPLP, Maher Taher. Depuis le début de l’Intifada, en septembre 2000, le conflit a enregistré 904 morts, 726 Palestiniens et 178 Israéliens.
Comme au Viêtnam naguère, comme en Tchétchénie, comme en Afghanistan, la guerre s’enlise en Palestine et risque de conduire à une déflagration mondiale.
Mme Leïla Shahid, déléguée générale de la Palestine en France a affirmé que « si la communauté internationale continue de traiter la population palestinienne comme si elle était de la chair à canon, sans droit à la protection et à la justice, on va tomber dans le jeu de Ben Laden. Et le monde arabe et musulman tout entier aura l’impression qu’il n’y a pas d’autre moyen que d’avoir recours aux plus extrémistes ».
« Par son incapacité d’assurer une protection à la population civile palestinienne, la communauté internationale devient complice d’Ariel Sharon », a-t-elle d’autre part déclaré
« Dans ces massacres de Palestiniens, a-t-elle poursuivi, il y a une tentative d’obliger l’Autorité palestinienne de casser le cessez-le-feu qu’elle essaie de maintenir avec beaucoup d’efforts depuis le 11 septembre, et de créer ainsi une situation de guerre qui sabotera la coalition internationale qui lutte contre le terrorisme. » Mme Shahid s’est également interrogée sur le silence du « monde chrétien alors que Bethléem a été bombardée ».