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Ecrit le 8 novembre 2000
Compte-rendu fait par la Confédération Paysanne du Maine et Loire
A la recherche ce printemps d’une parcelle de colza transgénique, nous avons appris par la DDA qu’une expérimentation de maïs OGM avait lieu dans la vaste commune de Longué-Jumelle (plus de 8000 ha et 250 agriculteurs).
Souhaitant en savoir plus, nous sommes allés consulter la fiche concernant cet essai et disponible au public en mairie de Longué. Plusieurs d’entre nous ont lu ce document assez brouillon et ont perçu que, derrière l’objectif principal affiché (« tester la toxicité et l’allergénicité de grains issus de cet OGM »), le but essentiel était surtout de mettre au point une nouvelle méthode de production de maïs hybride utilisant un gène de stérilité mâle et évitant ainsi la castration manuelle des lignées femelles
Secret industriel
Signalons que la fiche ne mentionne ni le lieu de la parcelle, ni le nom du paysan concerné (les essais OGM en plein champ sont ainsi protégés par le secret industriel...).
Pour connaître le but précis de cet essai, le « gène marqueur » utilisé, le type de stérilité, les risques de dissémination, etc., nous avons écrit le 15 juillet au Maire de Longué et à la société ayant mis en place l’essai (Biogemma). Une réponse assez imprécise de ce laboratoire nous est parvenue le 31 juillet ainsi qu’une lettre du préfet rappelant la loi et l’importance de protéger le secret industriel et commercial. Nous avons alors réalisé un quadrillage de cette vaste commune et nous avons trouvé, bien dissimulées, deux micro parcelles de 450 m2 de maïs répondant au descriptif de la fiche.
Un gène dominant
Nous avons alors envoyé le 10 août un second courrier à la mairie de Longué, à Biogemma (Ã la presse, etc...) en mentionnant qu’il fallait nous répondre plus sérieusement et que nous souhaitions un vrai débat sur cette expérimentation. Le 18 août, le laboratoire reconnaissait « évaluer un système de stérilité mâle efficace et fiable en production de semences hybrides de maïs » et ce « afin de compenser le différentiel de coût de main d’œuvre qui avantage les pays concurrents, en particulier les pays de l’Est ». Biogemma donnait également son accord pour la venue de deux de ses chercheurs le 26 août en mairie de Longué pour présenter son expérimentation et répondre aux questions du public.
Une centaine de personnes de divers horizons sont venues à ce débat qui a été assez riche malgré des incompréhensions manifestes entre un généticien courtois mais trop « scientiste » et des personnes sceptiques voire hostiles à son expérimentation et mettant en avant de solides arguments éthiques, économiques ou techniques. En questionnant avec insistance les chercheurs de Biogemma, nous avons appris que le gène de résistance au glufosinate est le gène marqueur, que le gène de stérilité introduit dans la lignée femelle est un gène dominant (ce dernier point est assez inquiétant pour l’environnement...) et que le quart des grains produits par ce type d’hybride OGM porteront ce gène de stérilité qui serait consommé par les animaux et les humains si ces recherches ont un jour un aboutissement commercial...
A la réflexion, l’enjeu de cette expérimentation est très important car la méthode testée à Longué par Biogemma serait probablement applicable à la fabrication d’hybrides d’autres plantes ayant principalement une fécondation croisée (tournesol, betterave, colza, féverole, sorgho, chanvre, diverses potagères, etc...). Cette méthode pourrait se substituer à la stérilité cytoplasmique, technique assez complexe à mettre en œuvre mais présentant le gros avantage de ne pas manipuler au hasard le génome des plantes concernées et de donner des grains de consommation ne comportant plus de trace de stérilité.
Visite pacifique
Suite à ce débat, nous avons organisé une visite pacifique dans la parcelle en compagnie des médias (dont FR3). La dite parcelle était « protégée » par une vingtaine de policiers (confirmant ainsi que nos intuitions étaient justes) mais les agriculteurs voisins interviewés par la presse n’en connaissaient pas l’existence... Sacrée transparence ! Les semenciers ont pourtant l’habitude de signaler leurs essais par de beaux panneaux publicitaires le long des routes... La recherche en matière d’OGM semble s’apparenter au secret défense...
Suite à cette action pacifique mais assez bien médiatisée, six épis transgéniques ont été prélevés et remis au préfet le 6/09 avec une lettre transmise aux Ministères de l’Environnement et de l’Agriculture (avec copie à la mairie de Longué, à Biogemma et aux médias), dans laquelle nous dénoncions le fait que la fiche d’information de cet essai était très insuffisante et en contradiction avec des articles de la loi du 13.07.1992. Nous refusions également la réalisation en plein champ d’une telle expérimentation alors que de très nombreux doutes subsistent sur le plan scientifique
Courrier
En conclusion de ce courrier, nous demandions la destruction de cette expérimentation. La réponse du préfet fût négative car cet essai lui paraît en accord avec la loi actuelle et présente à ses yeux toutes les garanties pour éviter les disséminations (les racines et tiges des plantes de maïs transgénique seraient même incinérées).
Faisant le bilan à ce stade, nous estimons que cette action aura, plus efficacement qu’une destruction brutale, permis de mieux comprendre les enjeux de cet essai, le peu de transparence avec laquelle sont actuellement conduites certaines expérimentations OGM en France, la nécessité d’un plus grand dialogue entre paysans et consommateurs et un laxisme des pouvoirs publics face aux firmes (la fiche d’information au public, très insuffisante, avait été avalisée sans problème en avril 2000 par les Ministères de l’Agriculture et de l’ Environnement...).
Des inconnus
Le samedi 9 septembre 2000, une quinzaine de personnes ont pénétré dans la parcelle pourtant gardée par une société spécialisée recrutée par Biogemma et « détruit » les plants transgéniques (en fait, selon la photo parue dans le Courrier de l’Ouest, beaucoup de plants de maïs ont seulement été couchés, ce qui n’empêchait pas leur venue à maturité et leur récolte ultérieure). Le groupe ayant réalisé cette destruction ne l’a pas revendiquée et n’a pas de liens avec la Confédération Paysanne du Maine et Loire (cette destruction non revendiquée gène d’ailleurs notre démarche qui vise essentiellement à établir la transparence et à modifier la réglementation).
Nous avons néanmoins maintenu le pique nique prévu le 16.09.2000 près de la parcelle. Nous avons alors constaté que la parcelle avait été broyée mais que, sur les tiges restantes de maïs et couchées au sol, les épis avaient été coupées de façon nette. Certains épis ont-ils été récoltés par Biogemma ? (on était proche du stade d’une récolte en épis).
Pour la Confédération Paysanne du Maine et Loire, les procédures de mise en place d’essais OGM rappellent celles adoptées pour l’enfouissement de déchets nucléaires dans le Segréen (et dans d’autres régions de France). Les décisions sont prises à Paris et il n’y a pas de débat préalable au niveau local. Ainsi, le conseil municipal de Longué n’a pas été consulté et les agriculteurs voisins de la parcelle transgénique n’ont pas su que cette parcelle comportait des gènes dominants de stérilité.
Pour remédier à cette carence en matière de démocratie locale, nous souhaitons que les essais OGM présentant d’éventuels risques en matière d’environnement, ayant des répercussions en matière d’emploi, etc... ne puissent être implantés dans une commune sans une présentation aux élus des tenants et aboutissants d’un tel essai suivie par un vote en conseil municipal.
Confédération Paysanne 49
C’est à la suite de cette action que des femmes, épouses de militants agricoles, ont été « invitées » de façon pressante à cracher sur un buvard pour qu’on puisse déterminer leur ADN. Procédé habituellement utilisé pour confondre des violeurs ou des criminels.
date ?
ADN et sang de navet
Pour du maïs couché
Crimes, viols : la police recherche l’ADN des personnes suspectées, pour confondre les coupables de ces actes graves. Elle a raison.
Mais voilà que cette procédure dérape : le 9 septembre dernier, à Longué, (entre Angers et Saumur), des personnes non identifiées (que la Confédération Paysanne ne reconnaît pas) ont couché clandestinement des pieds de maïs transgénique ! Crime absolu sûrement ! d’autant plus qu’une trace de sang a été retrouvée sur place. Sang de maïs, sang de navet ? sang d’un(e) militant(e) ?. L’enquête se devait de le déterminer. La gendarmerie de Bécon-les-Granits s’en est occupée, allant jusqu’à faire cracher des femmes de militants sur un buvard. Et pourquoi mon dieu ? Pour relever leur ADN !
Une enquête si approfondie, quand on sait le prix que coûte la recherche de l’ADN (que les autorités américaines refusent à certains condamnés à mort qui espèrent ainsi prouver leur innocence), ça nous faut dire que l’implantation du maïs transgénique a une importance bien plus considérable qu’on croyait.
Mireille Ferri
Mireille Ferri, conseillère régionale, a d’ailleurs écrit à ce sujet à M. BLANGY, préfet des Pays de Loire, en disant :
" Les informations qui nous parviennent sur l’enquête actuellement menée par la gendarmerie suite à la destruction le 9 septembre d’une parcelle de maïs OGm à Longué nous inquiètent fortement. En effet, il semblerait que les gendarmes convoquent et entendent à titre de témoin les personnes présentes lors du débat sur les OGM organisé le 26 août par le maire de Longué (NDLR : Edmond Alphandéry)
Lors de ce débat, les RG avaient ouvertement photographié les participants et relevé les plaques d’immatriculation des véhicules, ce qui pose une première interrogation sur la liberté d’opinion et de circulation dans notre pays. Madame Lebranchu n’avait-elle pas demandé aux citoyens de s’exprimer sur les OGM lorsqu’elle était secrétaire d’Etat à la consommation ?
Mais il y aurait beaucoup plus grave : la gendarmerie procèderait à des prélèvements de salive pour des tests ADN auprès des femmes interrogées. Certaines de ces femmes n’ayant d’ailleurs pas assisté au débat du 26 août, mais étant simplement compagnes d’un syndicaliste ou d’un militant associatif.
Si ces faits inadmissibles se révélaient exacts, et nous avons toutes raisons de penser qu’ils le sont, nous serions en droit de demander leur signification : il nous semble constituer une très grave atteinte à la liberté d’expression.
Nous demandons instamment votre intervention pour éclaircir les conditions dans lesquelles se déroule cette enquête, et savoir de quel droit la gendarmerie procède à des tests ADN, normalement réservés à des enquêtes criminelles.
Dans cette attente, (etc)
Mireille FERRI
Pour le Groupe « Les Verts et Apparentés »
Ecrit le 15 avril 2004 :
OGM : les questions d’avenir
Les risques d’une technique mal contrôlée
Les OGM ce sont les « Organismes génétiquement modifiés ».... Ils sont là , dans nos assiettes, mais on ne les voit pas, on ne les sent pas. Seules quelques personnes averties savent ce qui se cache derrière ces trois lettres : O...G...M...
Les surfaces en culture dans le monde augmentent sans cesse :
– 1997 : 10,9 millions d’hectares
– 1998 : 27,8
– 2001 : 52,6
– 2003 : 67,7
et deux grandes firmes semencières contrôlent tout le marché mondial. « Aux USA, les agriculteurs n’ont pas le choix : ils ne peuvent utiliser que des semences traitées OGM, sauf pour le blé, parce que la résistance des pays européens leur fait perdre des marchés ». Très bientôt peut-être le monde entier sera-t-il contrôlé par ces deux firmes, réduisant à néant la diversité qui fait la richesse de la planète.
Tels sont les chiffres donnés le 1er avril 2004 au cours d’une réunion à St Vincent des Landes ; Des écologistes ? Non : des agriculteurs, tous syndicats confondus, qui s’inquiètent de l’avenir de la planète.
Du scorpion dans le coton
Un OGM est défini par la réglementation européenne comme « un organisme dont le matériel génétique a été modifié d’une manière qui ne s’effectue pas naturellement par multiplication et/ou par recombinaison naturelle ». Un gène de papillon peut être introduit dans les pommes de terre pour leur donner plus de résistance à la maladie. Un gêne de scorpion peut donner au coton plus de résistance aux insectes. Un gêne de souris peut modifier le tabac pour limiter l’accumulation des métaux lourds.
Les produits « OGM » sont obtenus par transgénèse, c’est-Ã -dire que les laboratoires des grandes firmes repèrent un gène qui les intéresse (par exemple un gène capable de tuer les insectes). Ils « coupent » alors un morceau d’ADN contenant ce gène et l’insèrent, par exemple, dans la cellule du maïs. Pourquoi pas ? C’est ainsi que se fait l’évolution génétique, et la production de médicaments. A condition que ces pratiques soient évaluées (étude d’impact).
Bidouillage sans contrôle
Les problèmes sont de deux sortes :
– 1.- Ce n’est pas de la « micro-chirurgie » : le morceau d’ADN qu’on coupe peut aussi contenir d’autres gènes ... gênants. C’est ainsi qu’il a fallu interdire des organismes génétiquement modifiés qui transmettaient à l’homme une résistance aux antibiotiques, mettant ainsi la santé en jeu. C’est du « bidouillage » sur le vivant.
– 2.- L’impact de ces plantes génétiquement modifiées n’a pas été étudié. Un médicament est testé pendant 10 ans avant d’être mis sur le marché. Une semence OGM est utilisée tout de suite car les industries agro-alimentaires sont pressées : si elles attendent 10 ans, il y aura sur le marché, par sélection génétique traditionnelle, des semences plus performantes que les semences OGM.
Cette étude d’impact est indispensable car les OGM ne restent pas sagement dans les parcelles cultivées. Le colza par exemple a de nombreuses « cousines sauvages » qui se trouvent contaminées par les OGM par suite de croisement avec le colza OGM.
Ces semences OGM sont-elles utiles ? Non, disent les chercheurs indépendants qui remarquent qu’elles ne donnent pas des rendements supérieurs. « Elles luttent contre certains insectes, mais il y a d’autres moyens, pas plus onéreux pour l’agriculteur ». Et puis, dans certains cas, il n’y a pas besoin de lutter du tout : « Dans les zones d’élevage, le maïs est récolté avant que la pyrale puisse se manifester »
Non visé ... touché !
Quant à tuer des insectes, les plantes OGM ne font pas de détail, elles affectent des insectes « non cibles » c’est-Ã -dire non visés par la modification génétique, mais touchés quand même, sans qu’on sache l’effet du déséquilibre des espèces ainsi provoqué.
Le danger de la non-expérimentation préalable a été remarqué dans un autre domaine : celui des insecticides comme le Gaucho ou le régent, qui ont affecté les abeilles. Patrick pérès, agriculteur à Villepôt, explique : « Ces insecticides induisaient des changements de comportement de l’abeille, sur la fleur, et dans la ruche. Sur la fleur on a vu des abeilles vaciller, perdre le sens de l’orientation. Dans la ruche, ces abeilles perturbées n’ont pas été acceptées. La taille des essaims s’est donc considérablement réduite tandis qu’un tapis d’abeilles mourantes ou mortes, exclues de la ruche, s’étendait aux alentours ». De 11500 ruches on est ainsi passé à 6500 ruches l’année suivante.
Longtemps cela a été le pot de miel contre le poids de fer. Les agriculteurs ont gagné en partie avec l’interdiction du Gaucho et de régent.
De même, on ne sait pas l’effet à long terme des semences OGM dans le monde. « Il ne faut pas laisser les recherches sur le vivant à des sociétés privées financées par les fonds de pension des retraités américains qui cherchent la rentabilité financière à deux chiffres » a dit Valentin Beaumal, producteur de semences en Anjou, et consultant du CIRAD (centre international de recherche agronomique pour le développement durable).
Les risques futurs
La culture de plantes transgéniques entraîne, par les pollens, la possibilité de diffusion des gènes introduits par transgénèse aux variétés non modifiées de la même espèce ou aux espèces apparentées (les rendant alors par exemple résistantes à un herbicide). Cette dissémination de gènes - qui existe d’ailleurs déjà entre les plantes à l’état naturel - est appelé « flux de gènes ».
On considère que le maïs, la pomme de terre, le tabac ou le soja, qui ne sont pas originaires d’Europe, ne posent dans l’ensemble pas de problème de transmission aux espèces sauvages apparentées car il n’existe dans l’écosystème européen aucune espèce sauvage avec laquelle ces plantes soient susceptibles de se croiser. Mais pour d’autres espèces, comme le colza, la betterave ou la chicorée, le problème se pose différemment, en Europe surtout, terre d’origine de ces plantes : la probabilité d’un flux de gènes au sein de l’espèce et avec des espèces proches n’est pas nulle.
Le problème se pose avec plus d’acuité encore en Afrique où les pays sont « aidés » par les USA, c’est-Ã -dire envahis par ces semences OGM, blé par exemple, dont les Européens ne veulent pas. Cette invasion conduit à la disparition des semences locales, donc à la dépendance économique des pays africains vis-Ã -vis des USA.
En plus du risque de dépendance, il existe un risque de résistance : les plantes génétiquement modifiées pour s’autoprotéger contre un insecte (comme le maïs résistant à la pyrale) peuvent susciter l’apparition d’insectes résistants à ces plantes transgéniques, à la suite d’une mutation génétique « naturelle » de ces insectes. En Malaisie et au Japon, l’application répétée, sous forme de pesticide, de la bactérie Bacillus thuringiensis, a entraîné la sélection de ravageurs capables de résister à l’action de ce produit.
Enfin on sait que les firmes privées produisent des semences porteuses du germe « terminator », celui qui rend ces semences stériles, empêchant les agriculteurs de les re-semer, et les obligeant à en acheter de nouvelles chaque année.
Responsabilité
Un agriculteur qui utilise des semences traitées OGM est tenu de respecter une certaine distance avec les cultures de ses voisins. Mais il ne commande pas au vent ! Que se passe-t-il si les cultures du voisin sont contaminées ? Qui est responsable ? Ce n’est pas tranché. Et si le voisin perd ainsi sa reconnaissance « agri-culteur biologique », qui est responsable de sa perte de valeur ?
Les maires, en tout état de cause, ont un devoir de police. C’est pourquoi certains d’entre eux ont pris des arrêtés interdisant l’emploi de semences OGM sur le territoire de leur commune. Ce fut le cas de Fercé depuis 1992, puis de la Commune du Gâvre. Cette dernière a vu son arrêté contesté par la Sous-préfecture. Si elle veut maintenir sa décision, il faut qu’elle indique, une à une, les parcelles concernées.
En Poitou-Charentes, depuis qu’elle est présidente de la Région, ségolène Royal a appelé les maires à reprendre les arrêtés d’interdiction sur les essais d’OGM en plein champ - des arrêtés que les préfets ont pourtant systématiquement annulés jusqu’ici. « Je me porterai garante auprès d’eux en cas de contentieux, au nom du principe de précaution et de l’incompatibilité avec la mise en place d’une filière d’agriculture biologique », a affirmé l’ancienne ministre socialiste.
Ecrit le 15 avril 2004 :
L’honneur retrouvé du bousier
Des bouses de vaches à perte de vue, séchées par le soleil, dures comme pierre, sous lesquelles grouillent des milliards de mouches, vecteurs de maladies et de stress pour le bétail. Des prairies où l’herbe ne pousse plus et des vaches qui continuent de tapisser le sol de douze bouses par jour. Un vrai bourbier, un cauchemar sans fin. Même dans un pays aussi vaste que l’Australie, quand un million d’hectares la surface de l’Ile-de-France disparaît sous la merde, la situation est grave.
Mais pas désespérée : les éleveurs australiens sont allés chercher à Pretoria et à Montpellier des « bousiers », ces insectes coprophages qui se repaissent des déjections animales. En grignotant les bouses fraîches, en les dilacérant, en les enfouissant, ces auxiliaires discrets ont assuré un recyclage naturel qui a sauvé les prairies australiennes.
« Il en a tout de même coûté 1 dollar par tête de bétail et par an, pendant quinze ans, aux éleveurs australiens pour mener à bien ce programme d’importation », précise Jean-Pierre Lumaret, chercheur en écologie à l’université de Montpellier. « C’était un énorme problème écologique et économique ». Et une démonstration parfaite des dégâts induits par la disparition des bousiers. (*)
« Quand les colons sont arrivés en Australie il y a deux cents ans, ils ont emporté avec eux des vaches et moutons. Mais les bousiers australiens, habitués aux bouses de kangourous, n’ont pas trouvé à leur goût les déjections des bovins anglo-saxons. Et, dans les années 60, quand le bétail australien a atteint trente millions de têtes, le problème de ces bouses non dégradées est devenu crucial. ». explique un article du journal Libération.
Suceurs de sang
Ce scénario australien a servi de toile de fond aux travaux d’un collectif de laboratoires de l’Inra et de l’université de Montpellier-III. Leurs résultats ont été présentés au colloque d’écotoxicologie à Lyon fin mars 2004. Un colloque destiné à montrer comment les scientifiques peuvent aider à la gestion des milieux naturels. « Notre recherche a débuté dans les années 90 autour de médicaments vétérinaires donnés au bétail dont certains pouvaient avoir des effets nocifs sur les insectes coprophages. »
Les chercheurs se sont intéressés particulièrement à un antiparasitaire, l’Ivermectine. Un produit très efficace et apprécié des éleveurs : il combat les vers dans l’appareil digestif ou pulmonaire des bovins et les protège des parasites suceurs de sang par voie externe (gales, tiques). « Norma-lement, les déjections animales sont englouties par les insectes coprophages et les vers de terre, explique Jean-Pierre Lumaret. Nous redoutions que les molécules d’Ivermectine non digérées par le foie du bovin et relarguées dans les bouses aient un effet insecticide sur les coprophages. »
Hypothèse validée aujourd’hui : « Tous nos résultats convergent : les bouses des animaux traités entraînent la mort des larves de coprophages, donc la disparition progressive de l’espèce et du coup un ralentissement net de la dégradation des déjections. » Les travaux ont aussi révélé un risque de contamination du milieu aquatique par les eaux de ruissellement lorsque les vaches défèquent dans les ruisseaux.
Les chercheurs s’inquiétaient spécialement de l’Ivermectine sous forme de « bolus intraruminal » : une capsule qu’on fait avaler au bovin libère le produit durant quatre mois environ en continu. « La vache traitée relargue alors douze bouses toxiques par jour pendant 135 jours ! C’est un risque majeur pour l’environnement », juge Jean-Pierre Lumaret. Avec l’Ivermectine sous forme percutanée, qui protège l’animal pendant un mois, on peut demander à l’éleveur de différer le traitement pour éviter la période de ponte des coprophages. Mais quand le produit est libéré pendant 4 mois, c’est ingérable.
Les chercheurs ont été entendus : l’Ivermectine sous forme de « bolus » est en voie d’être interdite en France. Plus important encore pour Jean-Pierre Lumaret : ces travaux ont contribué à une prise de conscience sur les risques environnementaux induits par les médicaments vétérinaires et sur « la nécessité d’imposer des tests écotoxicologiques standardisés aux firmes productrices avant leur mise sur le marché ». Sans oublier l’honneur retrouvé du bousier...
(article extrait de Libération,)
Cette histoire montre bien la nécessité d’une expérimentation à long terme sur toutes les conséquences des manipulations du vivant.
Notons seulement que, depuis des siècles, les agriculteurs de certaines îles bretonnes n’ont pas eu besoin de « bousier » : les bouses, séchées au soleil, servaient de combustible naturel et bon marché.
Ecrit le 26 mai 2004 :
Le maïs BT-11 autorisé
Pour la première fois depuis 1999, la Commission européenne a autorisé, mercredi 19 mai 2004, l’importation d’un aliment génétiquement modifié, le maïs « BT-11 ».
Cette décision intervient au moment même où la firme semencière Monsanto a été obligé de renoncer à commercialiser le blé transgénique, car les agriculteurs américains ont pris conscience de la dépendance envers les multinationales dans laquelle les OGM les placent et des dommages à l’environnement qu’ils provoquent.
La situation en France
En France on a déjà annoncé 66 essais nouveaux pour le seul maïs. Ces essais ne portent que sur des propriétés déjà connues et sont donc parfaitement inutiles. L’objectif est autre : il s’agit d’imposer les OGm à des populations qui les rejettent, d’enfermer les paysans dans ces cultures et de donner le pouvoir aux grandes entreprises sur nos systèmes alimentaires
dénonciations de la Confédération Paysanne
La Confédération Paysanne, dans un communiqué, rappelle l’avis négatif de l’AFSSA (agence française de sécurité sanitaire des aliments). Elle dénonce les Politiques qui laissent les Commissaires se substituer à eux, et ceci à quelques semaines seulement des élections au Parlement Européen et à quelques mois du renouvellement de la Commission.
La Confédération Paysanne interroge : « depuis le moratoire de 1999, qu’est-ce qui a changé ? » . Et elle répond :
« Les OGM proposés sont toujours les mêmes. Leur seul intérêt est de permettre aux firmes de vendre leurs produits phytosanitaires. Les OGM » miracle " se font attendre
Les risques potentiels évoqués pour instaurer le moratoire sont toujours là . Aucun étude n’a démontré que ces risques étaient infondés, bien au contraire
La population, producteurs et consommateurs, s’est largement emparée de ce débat. La très grande majorité des Français et des Européens refusent de se voir imposer les OGM "
La Confédération Paysanne estime que la décision de la Commission Européenne tend certainement à éviter un conflit avec les Etats-Unis devant l’Organisation Mondiale du Commerce. Elle renouvelle sa position : la recherche sur les OGM doit être publique et réalisée exclusivement en milieu confiné.
La position régionale
Dans le même ordre d’idée, dans un communiqué du 17 mai 2004, La Région des Pays de Loire, qui souhaite inscrire son action dans le développement durable, manifeste son opposition à tout essai privé ou public de culture OGM en plein champ sur le territoire régional
La Région souhaite que dans chaque commune concernée, le maire mette en œuvre ses prérogatives pour interdire de telles cultures sur le territoire de la commune afin de protéger la santé, la salubrité publique, la biodiversité et les productions existantes en agrobiologie ou labellisées,
Enfin la Région décide de soutenir la recherche sur la mise en place de productions innovantes et de qualité afin de valoriser les potentiels de nos territoires et de contribuer au développement économique et de l’emploi.
NOTES:
Un site très completsur les OGM (organismes génétiquement modifiés)en agriculture :
(*) Le bousier est construit comme un petit bélier mécanique. Sa tête se termine par un rebord dentelé en forme de pelle, avec laquelle il découpe la bouse. Ses pattes de devant, larges et aplaties, sont de véritables truelles lui permettant de façonner en boule la matière fécale. Les pattes postérieures de l’insecte, longues et minces, maintiennent la boule pendant qu’il la pousse vigoureusement à reculons en se propulsant à l’aide de ses robustes pattes antérieures. En se sauvant avec son butin, le scarabée sacré évite la compétition des autres insectes, qui, eux, demeurent sur le site de la bouse. Il s’enterre avec son trésor et peut ainsi s’en nourrir en toute tranquillité,
Le bousier s’appelle aussi scarabée sacré parce que les anciens Égyptiens l’associaient au dieu Rê.
L’insecte poussant sa boule évoquait pour eux le dieu du soleil
qui assurait le déplacement de l’astre du jour dans le ciel.