Ecrit le 30 août 2006
La semence est un produit vivant de la nature que les paysans utilisent, multiplient et reproduisent dans leurs champs depuis que l’agriculture existe. Pouvoir la re-semer est un droit inaliénable des paysans. Il doit être reconnu et respecté.
Mais ....
Les paysans ont le droit de re-semer une partie de leur récolte, mais à condition de payer une redevance (une sorte de taxe sur les semis) aux obtenteurs (c’est-Ã -dire aux entreprises agro-alimentaires qui créent de nouvelles variétés)
Mais les paysans n’ont pas le droit d’échanger les semences et les plants.
Ils ont donc de plus en plus de mal à cultiver les savoureuses variétés anciennes ou de terroir, ou celles qu’ils mettent au point pour se passer de pesticides.
Les consommateurs se trouvent ainsi la plupart du temps face à des légumes, fruits, céréales et autres aliments issus de variétés standards, de plus en plus insipides, déséquilibrés et souvent chargés de résidus de pesticides.
Un agriculteur (un pépiniériste ou un semencier) ne peut diffuser ou échanger des semences ou des plants que si la variété est inscrite sur le « catalogue officiel » .
Or, cette inscription, outre un coût élevé inaccessible pour un paysan ( de l’ordre de 6000 €), exige de la part des variétés concernées une uniformité et des caractéristiques techniques qui ne sont pas adaptées à la diversité des terroirs ni aux modes de production écologiques.
Bio-uniformité
Ces contraintes s’opposent à l’indispensable préservation de la biodiversité.... Et voilà pourquoi, Madame, vos tomates sont insipides !
Certes, il existe une deuxième liste dite « ama-teur » qui permet la diffusion de quelques variétés anciennes de potagères et fruitiers... mais à condition qu’elles ne soient cultivées que pour la propre con-sommation du jardinier, sans aucune vente possible de la récolte. Les maraîchers n’ont pas le droit de les utiliser. Voilà pourquoi, hélas, se multiplient les pommes Golden quand les savoureuses « Chailleux » sont presque introuvables.
Semences chimico-traitées
Les semenciers et pépiniéristes industriels préfèrent multiplier leurs variétés sélectionnées pour les besoins d’une agriculture industrielle de plus en plus dépendantes de la chimie. Ce sont souvent des hybrides dont le paysan ne peut pas ressemer la récolte, demain ce pourrait être des OGM. Les variétés paysannes, traditionnelles ou de terroir, pourtant mieux adaptées aux conditions spécifiques et locales de culture, ne les intéressent pas.
Les consommateurs ont de moins en moins accès aux fruits, aux légumes ou aux céréales issus de cette biodiversité. On leur impose des variétés sélectionnées d’abord pour ... leur facilité de stockage et de conservation dans les supermarchés et pour les transformations industrielles. Et voilà pourquoi vos fruits ont l’air mûr mais ne le sont jamais...
Beaux et insipides
Il est urgent de changer cette réglementation qui détruit la biodiversité des espèces cultivées et concentre la production et la consommation autour de quelques variétés industrielles standards.
La rentrée parlementaire devrait voir l’adoption du projet de loi sur les obtentions végétales (déjà passé au sénat). Est-il encore temps d’obtenir la liberté de diffuser les plants et semences paysannes, comme le demandent ATTAC, la Confédération Paysanne, le Groupement des agriculteurs biologistes, Greenpeace, et d’autres.
Est-il encore temps ? Non, car tout le monde s’en fout.
Un site très completsur les OGM (organismes génétiquement modifiés)en agriculture :
http://terresacree.org