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(écrit le 18 juillet 2002)
José Bové en prison : Ecrivez-lui !
Embastiller José Bové aura été le premier acte du gouvernement Raffarin, douze heures après la fermeture des bureaux de vote pour les législatives.
Mettre en prison, en commençant la mandature, un des leaders du mouvement de contestation internationale de l’OMC libérale ... pourquoi ?
José et les copains de Millau sont allés au bout de la logique qui consistait à dénoncer le bœuf aux hormones et l’incapacité des outils de l’OMC (organisation mondiale du commerce) à préserver la santé publique, les modes de vie, les diversités dans leur ensemble. Et lorsque les Etats-Unis ont surtaxé cent produits européens dont le roquefort, c’est un grave préjudice économique qu’ont subi des pans entiers en Europe. Non seulement les gouvernements de l’Union européenne, dont celui de la France, ont été incapables de prendre le problème à bras le corps, mais ils ont décidé de donner tous les pouvoirs aux multinationales afin de faire passer en force cette OMC libérale et destructrice.
Le démontage du Mac Do était la bonne cible et sans cet acte, jamais la prise de conscience planétaire n’aurait permis autant de constructions de résistances à l’OMC. Jamais l’ampleur du mouvement n’aurait connu une telle envolée pour la paysannerie planétaire, utile aux sociétés. N’est-ce pas aussi tout cela qui a permis de freiner l’ardeur des multinationales, maîtresses du monde, à vouloir imposer l’ordre marchand partout où elles le souhaitaient ?
José Bové est derrière les barreaux ! Il a toujours revendiqué ses actes, programmés et commis en réunion. Les copains de l’Aveyron avaient prévenu tous les échelons politiques qu’après un dialogue peu fructueux pour la diplomatie, il n’y avait plus qu’Ã transgresser la loi. Il est à rappeler que la condamnation de José pour ce démontage a été pour l’Etat une manière de faire taire le porte-parole du syndicat paysan, puisque c’est le Ministère public qui a poursuivi en appel, et non Mac Do.
Fallait-il descendre en prison tête basse, menottes aux poignets et faire le martyr ? Ceux qui connaissent José savent, comme ils aimaient à le rappeler dans les centaines de meetings ces mois derniers, que lorsqu’une action est légitime et reconnue, il faut l’assumer pleinement ! José est tout le contraire d’un malhonnête ou d’un hypocrite mais il dérange car il bouscule l’ordre établi.
De nombreuses voix s’élèvent pour exprimer les points de vue sur son emprisonnement . Des hommes politiques se frottent les mains : « Enfin il ne parle plus et nous le tenons ! »,- « Enfin les médias l’ont lâché et c’est terminé », « Enfin son embastillement va voir s’éteindre toute cette contestation qui freine l’économie et qui réduit la place de la France dans cette mondialisation tant attendue », etc.
D’autres échéances attendent José autour des condamnations sur les OGM, de même que de nombreux militants associatifs, ATTAC ou autres, sont lourdement condamnés : la prison les attend.
La loi d’amnistie débattue dans les deux assemblées ces jours-ci est restrictive car la récidive légale empêche son application dans de nombreux domaines autour des actions commises en réunion.
Pour le gouvernement qui a récemment « bidouillé » une extinction des actions contre d’autres syndicats agricoles, tout semble mis en place afin de laisser croupir José Bové en taule pour plusieurs mois et à partir de là , réduire au strict minimum la voix de la Confédération paysanne.
Dans l’affaire des OGM, sans les actions de nérac, du Cirad ou des champs d’essais, des centaines de milliers d’hectares d’OGM seraient plantés en Europe. Ces actions ont obligé l’Etat et l’Union européenne à bâtir « aux forceps » une législation sur tous les dossiers : semence, recherche, essais, traçabilité, étiquetage, etc.- bref, une application du principe de précaution qui a mieux amené les grands groupes industriels (firmes d’aliments) à développer des filières non OGM et agroalimentaires à refuser les produits OGM dans les rayons. Sans cette période, certes agitée mais ô combien justifiée, nous serions gavés aux OGMS
Alors oui, José est en prison, bien seul, oh pardon ! avec 730 autres prisonniers pour 350 places, ce qui n’arrange rien pour personne.
L’Etat français met en avant des arguments de choc : « Tolérance zéro, application stricte de la justice ». Il va en profiter pour faire passer en force sa politique sécuritaire et terrorisante en faisant peur partout où il le pourra.
Nous, militants, ne sommes pas des terroristes et n’avons pas le droit de laisser faire l’amalgame.
Le mouvement social ne peut se permettre de prendre des vacances. Un piquet de veille tournant est organisé devant la prison de Villeneuve-lès-Maguelonne. Tous les jours, une nouvelle région arrive sur place et le besoin de grossir les rangs se fait fortement sentir. Si vous êtes intéressés, appelez le 04 67 47 50 13 et faites un déplacement collectif. Si chaque militant, adhérent de nos réseaux fait un petit quelque chose, la mobilisation peut redémarrer.
Rentrez en contact les uns avec les autres et faites-le voir au plan local : visite chez le député ou le sénateur sur la loi d’amnistie, rassemblement devant les Palais de justice en y baptisant quelques rues ou places « Libertés syndicales ».
Je lance un vibrant appel à vous tous :.
Ecrivez nombreux à José, faites-lui suivre vos initiatives
ça aide à garder le cap !
François DUFOUR,
Paysan.
écrit le 20 juillet 2002
Le juge d’application des peines (JAP) a décidé vendredi 19 juillet 2002 de remettre en liberté José Bové. Mais celui-ci restera cependant en prison en raison de l’appel suspensif interjeté par le Parquet.
Selon des propos récemment rapportés par François Roux, avocat de M. Bové, le Juge a motivé sa décision en estimant que M. Bové « remplissait les conditions qui conduisent usuellement à accorder une libération conditionnelle ».
Cependant le procureur de la République de Montpellier, léonard Bernard de la Gâtinais, qui avait déjà estimé qu’il n’y avait « aucune urgence à libérer José Bové », compte tenu des « risques de récidive » et « d’incompréhension de l’opinion publique »(*) (José Bové reste passible de 14 mois de prison dans deux affaires de destruction de semences transgéniques) a fait appel de cette décision, appel suspensif.
L’avocat s’est dit « extrêmement choqué » par l’appel du Parquet, ajoutant qu’il n’en « comprenait pas les motivations juridiques ». Assurant ne disposer « d’aucune information sur la date » à laquelle l’appel du Parquet sera examiné, l’avocat a estimé qu’il n’y avait « aucune raison » pour que cela remette en cause la date du 1er août prévue pour la sortie de prison de M. Bové.
Citant son client, à qui l’avocat est allé rendre visite en prison pour l’informer de la décision du Juge, Me Roux a ajouté que José Bové « se considère plus que jamais comme un détenu politique en état de résistance et avec lui l’ensemble du mouvement social ».
(*) Opinion publique : selon Me Roux, l’opinion publique ressemble à cette bourgeoise bon chic bon genre qui parcourt le champ de bataille avec son ombrelle pour crever les yeux des Communards tombés à terre "
Lettre de remerciement de José Bové :
Villeneuve les Maguelone le jeudi 18 juillet 2002
Bonjour à toutes et à tous,
Depuis le 19 juin, il n’est pas un jour où je ne reçoive des messages de soutien et d’encouragement de votre part.
Quand on est derrière les barreaux, ces lettres, cartes, télégrammes sont tous importants. Ils vous relient au monde des vivants. Ils permettent d’appréhender ce qui fait le quotidien des femmes et des hommes qui luttent dehors.
Aujourd’hui je passe plus de quatre heures chaque jour à lire votre courrier. C’est extraordinaire ! Je vous en remercie tous. Ils me donnent beaucoup de force pour affronter cette incarcération !
Ne pouvant vous répondre à chacun (entre 200 et 400 lettres par jour), je vous envoie à travers le site de la Confédération paysanne un salut fraternel.
Globalisons la lutte pour globaliser l’espoir !
José Bové
(Note du 28 juillet 2002) :
José Bové sortira de prison le 1er août 2002
(écrit le 27 novembre 2002)
De nouveau en prison ?
Mardi 19 novembre 2002, la Cour de Cassation a rejeté le pourvoi de José Bové et de René Riesel, rendant définitive leur condamnation à 14 mois de prison ferme : 6 mois pour avoir détruit des plants de riz transgénique résistant aux insecticides et 8 mois pour une autre affaire de destruction d’OGm à Agen. Ils n’ont pas tué, il n’ont pas volé : ils ont fauché !
La Confédération Paysanne a lancé une campagne de lettres de demande de grâce au président de la République. Il paraît évident qu’un intouchable aux casseroles brinquebalantes ne laissera pas croupir dans un cul-de-basse-fosse de la République, un militant (qui a toujours revendiqué ses actes), qui a juste le tort d’être « un agité de la faucille » (comme dit Le Canard Enchaïné) et d’avoir mis sur la place publique la question des essais d’OGM en plein champ.
Faut-il rappeler que la Justice n’a pas les mêmes sévérités vis-Ã -vis du syndicat majoritaire FNSEA ? Par exemple, récemment, des membres de la FDSEA de Mayenne ont détruit de la marchandise chez Vivindus, une usine de transformation de viande, en plein conflit sur les importations. L’Etat a payé la facture : 10 millions d’euros. « L’Etat était notoirement informé et n’a pas employé la force pour maintenir l’ordre » constate le directeur de l’entreprise.
25 juin 2003 :
José Bové par la force
Le Pouvoir a choisi l’épreuve de force dans de nombreux secteurs, avec criminalisation des militants et syndicalistes. Par exemple, vers 6h00, dimanche 22 juin 2003, quelque 80 gendarmes munis de gilets pare-balles et de mitraillettes, ont enfoncé la porte de José Bové, porte-parole de la Confédération paysanne, dans sa bergerie du Larzac. Interpellé sans résistance, il a été aussitôt transféré en hélicoptère dans l’établissement pénitentiaire de Villeneuve-lés-Maguelone (près de Montpellier) pour y purger une peine de prison ferme de dix mois pour des destructions de plants d’OGM (organismes génétiquement modifiés
« On l’a cueilli dans son sommeil. Ca l’a surpris. Il n’avait pas l’air triomphant », a confié un gendarme à l’AFP, comme si c’était important . « Il a été embarqué comme un malfrat, sans avoir le temps de prendre ses affaires personnelles - même pas sa brosse à dents ! » a déclaré son avocat, qui s’est vu refuser l’accès à la maison d’arrêt.
La Confédération paysanne a appelé les opposants aux organismes génétiquement modifiés à « manifester bruyamment devant toutes les prisons de France et dans les champs où se déroulent des essais OGM ».
Les Verts, Sud-PTT, le syndicat de la magistrature ont aussitôt organisé des manifestations dans toute la France. Selon Noêl Mamère : « L’incarcération de José Bové est un acte politique grave, c’est la volonté exprimée par le gouvernement, au lendemain de la mobilisation du mouvement social, de montrer sa dureté et de dire que l’on n’accepte plus dans ce pays ceux qui expriment un point de vue critique sur la mondialisation libérale ». « Aujourd’hui, alors que les grands délinquants de la finance, de la drogue, de la corruption, des trafics d’arme, les assassins de préfet courent toujours, bénéficient de non-lieux ou de peines scandaleusement légères, ce sont les syndicalistes que l’on met en prison ! » dit ATTAC en appelant à soutenir les manifestations.
Les partis de gauche ont également vivement réagi à cette incarcération