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(écrit le 1er janvier 2002)
Un jour de l’an Mirif’hic
Je vous indique que ce fait fantastique n’est pas romantique. Il est plutôt épique, chimérique, homérique, un peu satirique, dramatique, érotique mais surtout cynique et tragique car véridique et authentique.
C’était une nuit féerique, premier janvier de l’an de grâce 1962.
Cette nuit-là un asiatique, d’allure anémique, rachitique et famélique, les cheveux plaqués de cosmétique et vêtu d’une tunique, sortit d’une boutique en roulant une barrique. Il boitait légèrement en raison d’une sciatique. Il passa devant la basilique catholique de style gothique et entendit le curé qui, d’une voix tonique, lisait un verset biblique admonestant les schismatiques et les hérétiques. Puis au son de l’harmonium, le prêtre entonna des cantiques et des chants liturgiques.
Notre homme continua son chemin, passa sous un portique et arriva dans un genre de petite crique granitique. Il faisait assez noir car des garnements avaient pulvérisé l’ampoule électrique. Les douze coups fatidiques de minuit sonnèrent au clocher. Une chouette hulula en guise de réplique. L’homme cracha sa chique.
C’est alors qu’il entendit des pas rapides et métalliques qui gravissaient le chemin chaotique. C’était une jeune Germanique,
professeur de physique, de mathématiques et de linguistique. Tapi dans l’ombre, l’homme attendit l’instant stratégique et lorsqu’elle arriva, il bondit et lui barra la route.
« Bonsoir, idyllique beauté nocturne, lui dit-il d’un ton ironique et sarcastique. Si vous le vouliez, nous pourrions faire un peu de gymnastique acrobatique et hygiénique »
La petite, très pudique, fut d’abord prise de panique et même de colique, mais eut rapidement la réplique et sur un ton laconique lui dit : « arrêtez votre cirque, vous avez certainement été piqué par un moustique mais je devine votre tactique, je connais la musique, vous n’êtes qu’une sale bourrique lubrique »
Elle s’empara d’une trique rustique et le rossa. Enfin elle l’assomma à l’aide d’une brique en céramique qui traînait par là . Elle devint euphorique, presque hystérique et entama une sarabande frénétique.
Mais voyant l’air paralytique et cadavérique de l’homme, elle le fit transporter dans une clinique. Après un viatique, et un traitement chimique, ce fut magique : le moribond retrouva une santé magnifique.
De cette affaire publique naquit une polémique et la justice fut appelée à trancher
pour que la force publique concoure au respect de la morale civique. Au tribunal, dans une emphase et une envolée pathétiques, l’avocat de la défense lança « Messieurs les jurés, ma cliente, la jeune et angélique Monique, par son comportement stoïque et disons-le héroïque, a empêché que cet individu ne la fornique. Je revendique son acquittement total »
L’avocat général, s’adressant à l’autre accusé demanda : « Et vous, Dominique, qu’avez-vous à dire sur votre comportement machiavélique et diabolique ? » . L’accusé se leva et avec une mimique tragi-comique balbutia : « Cette accusation est inique. Je vous présente une supplique en ma faveur. Je vous précise que j’étais dans un état alcoolique et que j’avais avalé un dangereux narcotique et des barbituriques. Donc voilà ce qui explique mes idées sataniques. Mais je vous jure que je ne suis pas un sadique et que cet égarement restera unique ».
Le procureur, après quelques critiques, haussa les épaules d’un air sceptique. Le verdict tomba. Les peines furent modiques, pour chacun le franc symbolique.
La jeune Monique jusqu’alors très mélancolique sauta de joie et s’écria : « Vive la République ». Toute l’assistance se leva et poussa un vibrant Hique, Hique, Hique, Hourra ! Hique, Hique, Hique, Hourra !, Hique, Hique ....... Hic !
Paul Chazé