J’avais 23 ans en 1989. L’arrivée de la gauche je m’en souviens pour avoir vécu ces moments, pas toujours faciles à vivre au quotidien, même si pleins d’espoir pour toute une population, notamment du monde ouvrier qui n’avait jusqu’alors jamais été écouté par la municipalité de l’époque.
Comment oublier comment cet homme avide de pouvoir, apeuré de perdre le sien, a miné la reprise des Etablissements Huard par Rouiller, qui garantissait alors de maintenir les emplois. Mais voilà, ce monsieur faisait également de la politique, alors le maire s’est sans doute dit que si le plan de reprise marchait il risquait de perdre son fief. Tant pis donc pour les emplois, les charrettes ont traversé la ville, Kuhn est arrivé, la peine dans beaucoup de foyers ouvriers avec, ce souvenir crée en moi beaucoup d’émotion, des gars sacrifiés pour juste ça.
Et qu’est ce qu’il a gagné le maire ? Tous les « Huard » comme on les appelait ont perdu et ...lui aussi car ces fameux petits gars, simples ouvriers, avec d’autres bien sûr que je n’oublie pas, se sont retrouvés sur une liste électorale commune des forces de gauche castelbriantaise, et pan ! Le maire dehors, au premier tour en plus.
Je me rappelle de ce soir là, dans le hall de la mairie, toute une population attendait fébrile, les petits fours et verres de champ’ passaient pour fêter l’après-élection, comme à la bonne habitude, tellement sûr de lui qu’il était.
Papa avait les résultats de l’école Marcel Viaud, il avait l’habitude, il savait que ces derniers étaient très représentatifs de la ville, je le voyais recompter et il disait « c’est pas possible, on va passer du premier coup, c’est pas possible, je dois me tromper ».
Coup de tonnerre, la gauche a viré Hunault, j’ai vu des anciens syndicalistes de la première heure, que toute petite j’ai vu de toutes les manifs, avoir les larmes aux yeux. Ceux de Châteaubriant qui avaient tant lutté avaient leur 10 mai à eux.
Alors si aujourd’hui certains n’ont pas connu cela, s’ils ne se rappellent pas, qu’ils relisent les archives de la Mée, car côté démocratie le Père Hunault c’était pas franchement ça....
J’ai été un peu longue, mais c’est drôle comment une image des forges peut faire ressurgir tant de souvenirs, d’images, de paroles. Comme quoi personne ne guérit vraiment de son enfance...