Ecrit le 5 novembre 2008
Des nouvelles de mon île déserte
Je suis toujours au soleil tranquillement sur mon île. Quel bonheur d’être loin de l’agitation de ce monde chaotique !
Un de nos lecteurs assidus m’a envoyé cette citation par télépathie : « Si vous voulez aller sur la mer, sans aucun risque de chavirer, alors, n’achetez pas un bateau : achetez une île ! » de Marcel Pagnol dans Fanny. Merci beaucoup, elle me va très bien.
Je méditais joyeusement cette phrase lorsque j’ai été abordé par une bande de singes surexcités (pas par mon sex à piles, je vous rassure tout de suite). Ils voulaient m’échanger mon couteau (mon unique couteau) contre des infos de première importance sur les meilleurs coins de l’île pour se nourrir. J’ai tenté de leur expliquer que ces données ne me serviraient à rien si je n’avais plus de couteau. Ils n’ont rien voulu savoir. Mon esprit a fait tilt : « Quoi - me dis-je en mon for intérieur ou fort intérieur - les singes d’une île déserte sont eux aussi pourris par l’esprit capitaliste au point de vendre n’importe quoi même si ça ne te sert à rien ! » . Je les ai tués, avec mon couteau et je les ai mangés.
Depuis tout est calme et tranquille, je profite du soleil.
Si quelqu’un a une recette à base de singe au cas où une autre troupe viendrait m’embêter ... les singes sans sauce, c’est un peu fade !
[Ndlr : il va sans dire que la Rédaction désapprouve ce meurtre simiesque.]
Ecrit le 12 novembre 2008
Et le bonheur, c’est pour quand ?
J’ai reçu de nombreux messages de sympathie, euh non de télépathie concernant mon incident avec les singes. Je soigne mon langage moi zaussi : à la Caisse d’Epargne, quand ils perdent 700 millions d’euros, ils disent incident. Je peux bien le dire moi zaussi pour quelques malheureux singes tués et mangés. Je vous y verrais sur une île déserte où y a rien à foutre de la journée, même pas un troquet ni un bowling et en plus il faudrait supporter des singes surexcités ... Ah ça non !
C’est du passé, passons aux choses sérieuses. J’apprends toujours par télépathie que le moment de la vie où on serait le plus heureux se situe entre 65 et 70 ans. Les boules, tout ça pour ça. Se faire chier pour arriver à 65 ans, ce qui est loin d’être gagné pour tout le monde, en profiter pendant 5 ans puis commencer son Alzheimer en prenant l’infirmière pour sa mère !
J’ai pas signé pour ce merdier, moi. Je veux être remboursé. Je demande la mise en place directe d’un droit opposable au bonheur. Tiens, pendant le G20, le week-end prochain, ça pourrait leur faire un bon sujet de discussion entre la poire et le fromage
Ecrit le 19 novembre 2008
Le bonheur se partage-t-il ?
A priori ma proposition de la semaine dernière a fait un flop : le droit opposable au bonheur ne verra pas le jour lors du G20. Je continue donc ma petite vie tranquille sur mon île loin des soucis quotidiens de cette société qui marche sur la tête.
Quoi ? On me prévient que je pourrais être dérangé par les navigateurs du Vendée Globe ? Je ne comprends pas trop l’intérêt de cette épreuve. Faire le tour du monde en partant de Vendée pour y revenir, c’est quand même pas de chance. Mais en plus, s’ils viennent perturber ma quiétude, rien ne va plus. Je me suis fabriqué un grand panneau annonçant : « Ceci est une île désagréable. Vous n’êtes pas les bienvenus. Continuez votre chemin ». Si cela ne suffit pas, je suis prêt à me battre jusqu’Ã la mort pour conserver mon droit à la tranquillité. Ils sont sportifs ces navigateurs : ça doit faire de la bonne viande, non ?
A part ce petit souci, tout va bien. Je me lève avec le soleil, je cueille quelques fruits en guise de petit déjeuner, je flâne et je réfléchis sur la société qui se trouve loin de moi. Tiens, je vous livre ma question de la semaine : comment faire évoluer la société afin que chacun vive mieux en faisant en sorte que ce ne soit pas les plus fragilisés qui paient le prix fort de la crise ? Houla, je philosophe, j’arrête là ...surtout que j’aperçois une voile à l’horizon.
Ecrit le 26 novembre 2008
Padtraka sauve le PS ?!!!
Tranquille sur mon île déserte, je rêvassais douceusement - ou doucerettement comme vous voulez - en admirant un superbe ciel étoilé lorsque ma sonnerie télépathique a résonné au cœur de mes neurones vides de toute réflexion. C’était François - François Hollande.
– C’est pour quoi ? lâchai-je sèchement. Je n’aime pas qu’on m’embête pour de basses choses terrestres au milieu d’une contemplation.
– C’est le bordel ici. Peux-tu faire quelque chose pour nous ? m’expliqua François.
– C’est toujours le bordel dans cette société. Alors que se passe-t-il d’extraordinaire ? lui demandai-je.
– Ben les élections au PS, c’est la cata !
Et le voilà qui m’explique le topo que vous connaissez tous autant que moi. Je ne recommence pas l’explication sinon je vais dépasser mon quota de parole et ma rédaction va me brouiller les ondes. J’ai d’abord décliné l’offre en décrivant les avantages de mon île déserte et les nouvelles joies que je découvre, puis j’ai craqué.
– Ecoute bien, François, c’est à prendre ou à laisser. Tu les amènes toutes les deux sur mon île et on les laisse deux semaines seules. Celle qui arrivera à se débrouiller le mieux sera première secrétaire.
– Okay, a répondu François.
Voilà comment je vais peut-être sauver le PS. Il me reste juste à revenir dans cette société. Ca m’arrange un peu, je cherchais une chute à cette histoire d’île totalement absurde. Nan, ça faut pas le mettre dans le papier .....