Ecrit le 26 janvier 2011
désarroi
Devant le plaidoyer des chefs d’entreprise en faveur du métier de métallurgiste, une lectrice, épouse d’un ouvrier de ce secteur, nous écrit :
Connait-on des enfants de métallurgistes qui prennent aussi le métier ? Nous qui sommes dans le milieu, nous n’en connaissons pas.
Beaucoup encouragent leurs enfants à faire des études. Pour échapper au destin qui a été le leur, eux qui, fils d’agriculteurs, pensaient trouver dans l’industrie une meilleure vie.
La promotion possible ? Pour les petits chefs qui jouent les garde-chiourmes, oui, pour les autres non.
Verra-t-on lors de la prochaine journée du savoir-fer des cinquantenaires qui ont commencé au bas de l’échelle et qui sont des professionnels techniciens aujourd’hui ? On verra sans doute comme d’habitude des chefs, comme X. des ABRF, qui disent à leurs futurs retraités « tu vas pas baisser les bras » pour user les ouvriers jusqu’à la moë lle.
Il y a peu de formation interne.
Le mépris , les ouvriers le connaissent, d’abord le premier c’est celui de l’encadrement et des bureaux d’étude.
Le cloisonnement entre les ateliers et les bureaux est difficile à supporter.
La taille humaine et le rôle social du travail sont des valeurs complètement bafouées.
Quant aux hauts dirigeants, ils n’habitent effectivement pas à Châteaubriant. On n’imagine pas leurs enfants dans les mêmes écoles « rurales » que les enfants de leurs ouvriers.
Certes la région de Châteaubriant a une tradition métallurgique et les départs en retraite seront nombreux dans les années à venir. Il faut avoir du personnel formé mais pas pour faire du sale boulot, mal payé et pénible par les cadences. Contrairement à ce qu’on énonce ; ça existe toujours.
Et les « avantages sociaux » s’agit-il, comme aux ABRF des primes placées en actions qui sont réduites à presque zéro par des dirigeants qui n’ont pas fait leur boulot ?
Bref, si les employeurs veulent communiquer sur la beauté du métier, il faut qu’ils communiquent aussi, et de façon très concrète, sur les conditions de travail et sur les salaires.
Ecrit le 26 janvier 2011
Le bien-être au travail
Fin novembre 2010 est paru le premier baromètre du bien-être au travail des Français.
On peut en tirer deux enseignements majeurs indiquant clairement la nécessité et l’intérêt d’agir : les salariés tirent la sonnette d’alarme mais reconnaissent les bienfaits des actions lorsqu’elles sont menées.
1. Le niveau de bien-être au travail est jugé majoritairement satisfaisant par les personnes interrogées. Mais il semble s’être dégradé depuis 6 mois. Une proportion importante de personnes estime que leur travail actuel est susceptible de leur causer de graves problèmes psychologiques et une majorité d’entre eux (54%) ne saurait pas vers qui se tourner pour avoir de l’aide.
2. qu’il s’agisse des cadres, des agents de maîtrise, des employés ou des ouvriers, le bien-être au travail représente un vrai sujet. Il correspond à des attentes fortes et très concrètes. Et 42% des personnes interrogées estiment que leur performance est affectée par le manque de bien-être.
La visibilité professionnelle, le temps accordé au dialogue dans l’équipe, l’écoute du management et le confort de l’environnement de travail sont les axes clés à privilégier.
c’est dans le domaine de l’organisation du travail dans l’entreprise et de la reconnaissance du travail que les efforts des Directions sont les mieux perçus.
Des signaux inquiétants
- 62% des salariés affirment ressentir un niveau de stress élevé.
- 57% des salariés déclarent souffrir souvent de troubles musculo-squelettiques
- 51% des cadres estiment que les nouvelles technologies affectent leur efficacité et niveau de stress
11% des salariés sont en détresse
Attentes ...
Chez les employés, les aspirations d’évolution professionnelle et de reconnaissance s’expriment tout aussi fortement que chez les cadres ou au sein de la maîtrise. Sans oublier l’amélioration du confort du poste de travail et des espaces de détente.
Les ouvriers tirent la sonnette d’alarme. Leurs motifs d’insatisfaction et de mal-être sont nombreux et très divers : manque d’épanouissement professionnel, mécontentement relatif aux rapports entretenus avec leurs supérieurs hiérarchiques, manque de temps pour assimiler les changements qui touchent leur métier, rythme de travail jugé inadéquat.
Surtout, ils sont ceux qui souffrent le plus d’intense fatigue et de troubles musculo-squelettiques. La pénibilité est fortement ressentie. Physique, la souffrance des ouvriers est également psychologique.
En quête d’épanouissement et de reconnaissance, quatre ouvriers sur dix disent même avoir des difficultés à éprouver du plaisir dans leur travail au quotidien.
Parmi les salariés « en détresse » (1 sur 10 selon Ipsos) la majorité appartient au monde ouvrier d’entreprises de taille moyenne. Ils considèrent comme élevé le risque de connaître des troubles psychologiques graves (dépression, épuisement professionnel), d’autant qu’ils ne savent pas vers qui pourrait les aider en cas de graves difficultés.
Dialoguer
Pour améliorer le bien-être, les salariés plébiscitent le dialogue : ils ne sont pas des machines !
– 41% des salariés français souhaitent avoir de la visibilité sur leur évolution professionnelle
– 32% souhaitent bénéficier d’espaces de détente
– 29% souhaitent avoir un supérieur hiérarchique plus disponible, plus à l’écoute et mieux formé
Le niveau de bien-être est supérieur au sein du secteur public (71% au lieu de 61%), et pourtant le risque de « burn out » (brûlage) est plus important chez les fonctionnaires : ils sont aussi nombreux que les salariés du privé à considérer que leur bien-être s’est dégradé au cours des six derniers mois. Ils ressentent un niveau de stress élevé et sont particulièrement sujets à des troubles du sommeil ou à des moments d’intense fatigue. Ils déplorent un manque de visibilité sur leur évolution professionnelle, et jugent majoritairement que leur travail n’est pas apprécié à sa juste valeur. Ils expriment un besoin de temps d’échange sur le travail et les améliorations à apporter.
Le bien-être au travail : puissant vecteur d’engagement des salariés français
Source : www.capital-sante.fr
La soirée du savoir-fer
Le 28 janvier 2011 aura lieu la soirée du « Savoir fer » à partir de 16 heures, au Lycée Etienne Lenoir à Châteaubriant, ouverte à tous et plus spécialement aux jeunes et aux familles : occasion de découvrir les locaux, les machines, les enseignants et les chefs d’entreprise. Ce sont les jeunes actuellement en formation qui feront visiter les équipements du lycée et montrer l’ampleur de leur savoir-faire.
Et puis, début février, auront lieu des visites d’entreprises (mais uniquement sur réservations au 02 40 44 60 59)
Ecrit le 26 janvier 2011
Travailler ... à coups de bâtons
La situation économique s’améliore un peu, dit-on, du moins du côté des entreprises. Les salariés ont senti peser le poids de la crise en pertes de salaires voire perte d’emplois et maintenant qu’ils recommencent à espérer c’est le bâton qui les attend : les conditions de travail, déjà dures, vont se durcir encore en Italie, en Espagne. Demain en France ?
En Italie, menacés de chômage, les salariés de Fiat ont accepté une réorganisation de leur temps de travail. Travail 24h/24 et 7j/7, réduction des pauses, triplement du nombre d’heures supplémentaires (passant de 40 à 120 heures par an), sanctions en cas d’absentéisme ou de grève... En échange la direction promet une hausse des salaires de 300 € par mois en moyenne.
En Espagne, à Barcelone, le groupe japonais Nissan lancerait une usine automobile : une nouvelle camionnette, qui garantirait des emplois pendant une période de 10 ans. Mais le personnel doit s’engager à un blocage de salaires, une augmentation du temps de travail assortie d’une contrainte à être en poste 15 samedis par an, et la flexibilité, et une suppression des temps de pause. Les salaires augmenteraient seulement de 2 % entre 2012 et 2014.
En France, en septembre dernier, les salariés de l’équipementier automobile allemand Continental ont ainsi accepté, un gel de leur salaire, une diminution de leur prime d’intéressement et la suppression de deux jours de RTT par an.
En France, les décrets soumis aux partenaires sociaux dressent un véritable parcours du combattant pour le salarié qui voudrait partir plus tôt en retraite.
Le malaise en entreprise
Un rapport du sénat, publié le 19 janvier 2011, s’intéresse au malaise actuel dans l’entreprise. Il relève :
– « des gains salariaux ralentis, des inégalités salariales croissantes, des revenus du capital en forte augmentation »
– « de fortes tensions sur les conditions de travail »
– « des relations sociales dégradées et une gouvernance déséquilibrée, avec une translation du pouvoir vers des investisseurs financiers »
– « les salariés »oubliés« de la gouvernance au nom de l’efficacité économique »
Pour le sénat, cela risque de déboucher sur ce qu’il appelle « le scénario du pire » : « La croissance potentielle baisserait, notamment sous l’effet du choc démographique. L’épargne de précaution pèserait sur la consommation sans s’investir pour autant sur le territoire économique national faute de perspectives de croissance » () On assisterait à « une prolifération de troubles psychosociaux, une désincitation au travail, la prolifération du travail clandestin et l’amplification d’une émigration économique ».
En résumé :
« Sans une amélioration significative du pacte social dans l’entreprise, dans le sens d’une meilleure reconnaissance des salariés et d’une revalorisation du travail, l’économie et la société s’exposeraient à de sérieux revers ».
Nous voilà prévenus
http://www.senat.fr/presse/cp20110119.html