Ecrit le 11 mai 2011
La « Commission Ethique » du Lions’Club à Châteaubriant se préoccupe particulièrement des comportements sociaux. Cette année, elle s’intéresse aux Tsiganes, Roms et Gens du Voyage, population particulièrement rejetée et stigmatisée.
Qui sont les Tsiganes et Gens du Voyage, quel est leur statut administratif, quels sont leurs mode de vie et leur culture ? Le rôle du voyage, l’importance de la famille, les activités économiques, les marqueurs identitaires et culturels.
Et pourquoi cette difficile cohabitation entre Gens du Voyage et Gadjés ? d’où et comment nous regardons-nous ? Assimilation, intégration, insertion ?
Pour en parler, le groupe de Châteaubriant a invité Bernard Pluchon, sociologue, directeur de l’association SRI 44 (Service Régional Itinérant) et administrateur de la FNASAT : fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et Gens du Voyage. M. Pluchon est par ailleurs autour d’une thèse « Les Gens du Voyage », soutenue à l’Université de Nantes en 2009.
Le monde ne tourne pas Rom
Il évoque l’amalgame fait très souvent, aussi bien dans l’opinion publique que dans les hautes sphères de l’administration, entre la question du nomadisme, la question des revenus et la question de l’ordre public. " Par ailleurs, la catégorie administrative des Gens du Voyage est souvent perçue par les services sociaux comme une catégorie sociale située au plus bas de la hiérarchie sociale, associant la partie la plus défavorisée d’un ensemble (c’est-Ã -dire celle qui fait appel à ses services) à cet ensemble lui-même, pourtant très diversifié.
De même, pour les services de l’ordre public, police, gendarmerie, l’association de la partie avec laquelle ils ont le plus souvent à faire avec l’ensemble de la population est quasiment systématique.
Enfin, l’origine étrangère pourtant désormais fort ancienne d’une partie de cette population est toujours rapportée à son ensemble. En conséquence, la présomption de dangerosité, et la peur de l’étranger ont continué à guider une action publique qui cherche peu à s’adapter aux conditions de vie objectives des personnes c’est-Ã -dire à leur mode de vie itinérant. Ainsi, par exemple, elle leur impose l’obligation de rattachement à une commune sans la contrepartie d’une domiciliation systématique ni d’une inscription sur les listes électorales selon les mêmes modalités que les autres citoyens (y compris expatriés), lui donnant le sentiment d’une citoyenneté au rabais et elle continue à mettre en œuvre des dispositifs (dits d’accueil mais de plus en plus désincarnés et surtout largement insuffisants) exclusifs de stationnement situés à la périphérie des agglomérations, voire à la limite des territoires communaux.
Pour l’opinion publique (et la presse), le statut spécifique des Gens du voyage est généralement méconnu au profit de l’image d’une communauté culturelle présumée uniforme à laquelle sont identifiés et s’identifient eux-mêmes les Gens du voyage (). Ses membres sont généralement vus par l’extérieur comme étant marginaux, réfractaires, ayant des moeurs archaïques, des pratiques douteuses, hors-la-loi.
Cette image n’est pas conforme à la réalité de la majorité de ceux qui sont ou se disent Voyageurs ou Gens du voyage
Les ménages de Voyageurs même très précarisés se distinguent des catégories les plus défavorisées de non-voyageurs par l’aide, rarement démentie, de leurs proches. Pour cela, avec des fortunes diverses, des gadgé séduits, rejoignent le monde du voyage. En revanche, le lien avec le monde des sédentaires et notamment ses institutions reste difficile pour nombre de Voyageurs car il est perçu comme intrusif, obligé, trop répétitif. La peur d’y perdre son identité, ses traditions, sa culture est régulièrement évoquée. "
jeudi 19 mai 2011 à 20h30, dans l’amphithéâtre de l’IFSI (institut de formation de soins infirmiers), rue François 1er à Châteaubriant - Contact : 06 07 63 62 11