Ecrit le 11 septembre 2013
Vilain jeu
La roulette russe est un jeu de hasard consistant à mettre une cartouche dans le barillet d’un revolver, à tourner ce dernier de manière aléatoire, puis à pointer le revolver sur sa tempe avant d’actionner la détente. Si la chambre placée dans l’axe du canon contient une cartouche, elle sera alors percutée, et le joueur mourra ou sera blessé. C’est exactement ce qui se passe avec les ABRFi à Châteaubriant. Selon Ouest-France, le géant russe Uralvagonzavod est arrivé mercredi 4 septembre au Tribunal de commerce d’Orléans, sans le chèque de 500 000 €, garantie du rachat des deux sociétés ABRF et SDH, arguant de difficultés de trésorerie à la fonderie Sambre-et-Meuse (Nord), déplorant que Guillaume Pepy, PDG de la SNCF ne leur ait pas confirmé les garanties sur de futures commandes. « Normal, la SNCF attendait l’arrivée des Russes. On tourne en rond ! », s’indigne Eric Vinassac, PDG des ABRFi.
Tout était prêt pourtant, croyait-on. « Il y avait une vraie volonté d’UVZ, une stratégie industrielle », explique Michel Le Roc’h, secrétaire adjoint de l’Union départementale CGT-FO. « On avait réussi à négocier 15 000 € d’indemnités spéciales pour chaque salarié licencié (54 licenciements sur 136 salariés). Rien ne laissait présager un tel revirement. »
Une nouvelle audience est prévue vendredi 20 septembre. Eric Vinassac veut présenter un nouveau plan de continuation, espère trouver des commandes du côté de la STVA - filiale fret de la SNCF - revoir la trésorerie. L’entreprise Millet - location de wagons et locomotives - pourrait passer commande d’une centaine de wagons porte-ballast Dernier espoir ? Espoir quand même En attendant les salariés sont priés de rester chez eux : il n’y a pas de travail à leur donner.
Ecrit le 24 septembre 2013
ABRF : l’espoir s’amenuise
La reprise des ABRFi par le groupe Uralvagonzavod (UVZ) est, cette fois, définitivement abandonnée. Vendredi 20 septembre après-midi, la délégation russe n’est même pas venue au Tribunal de Commerce, sans avoir prévenu, d’ailleurs !
Le syndicat Force Ouvrière, cependant, garde un petit espoir car « la liquidation judiciaire n’a pas été évoquée ». Le Tribunal de Commerce croit manifestement à l’avenir de l’entreprise et à la qualité de ses travaux et laisse le temps au PDG actuel, Eric Vinassac, de proposer un plan de continuation, s’appuyant sur des perspectives de commandes pour l’année prochaine. Car le gouvernement a mis l’accent sur la rénovation des trains du quotidien et la création d’une « autoroute ferroviaire » pour relancer le fret ferroviaire et le fer-routage. Il faudra donc des wagons. Il serait dommage de perdre le savoir-faire des ABRFi.
Mais, attendre, combien de temps ? Mercredi prochain, 25 septembre, le procureur se prononcera, « pour le bien des salariés » dit-il et, en tout état de cause, il y aura une cinquantaine de licenciements.
Ecrit le 26 septembre 2013
Ouf ... mais 67
Ouf, le plan de reprise proposé par le PDG Eric Vinassac, a été accepté hier par le Tribunal de Commerce d’Orléans, mais il y aura quand même 54 licenciements soit 40 % de l’effectif.
Voir ci-dessous les articles de Ouest-France et France 3, documents jpeg.
SDH Ferroviaire, basé à Saint-Denis-de-l’Hôtel, dont le passif atteint près de six millions d’euros, et ABRF Industries, implanté à Châteaubriant (Loire-Atlantique), dont le passif frôle les dix-neuf millions d’euros, vont donc pouvoir poursuivre leurs activités liées à la réparation et à la construction de wagons.
67 emplois supprimés
Un plan de redressement prévoit le désintéressement progressif des créanciers sur une période de dix ans. Par ailleurs, 13 postes sur 91 seront supprimés à Saint-Denis-de-l’Hôtel. A Châteaubriant, ce sont 54 emplois sur 136 qui disparaîtront.
De toute évidence, le tribunal de commerce n’a pas accordé spontanément sa confiance à Éric Vinassac. « Le tribunal, tout en rappelant la fragilité du projet de plan de continuation, souhaite éviter une procédure de liquidation judiciaire », écrivent prudemment les juges consulaires.
En dépit du soutien du ministère du Redressement productif, dont se prévalait volontiers Éric Vinassac à la sortie de l’audience, il n’est nullement fait mention, dans les décisions rendues par le Tribunal de commerce, de commandes fermes de wagons. Les salariés s’en inquiètent. Que donnera le rendez-vous avec le Ministre du Redressement Productif ?
Ecrit le 27 septembre 2013
Soutien du ministre
ABRF : l’espoir renaît
Nouvel espoir aux ABRF : après 4 ans d’incertitudes et tergiversations diverses, après la démission de son PDG Jean-Luc Remondeau (actionnaire majoritaire), après des perspectives de rachat par une entreprise indienne puis par un constructeur russe, après des reports de décision successifs, le Tribunal de commerce d’Orléans n’a pas prononcé la liquidation : il a accepté le plan de reprise du PDG actuel, Eric Vinassac, qui va se traduire, quand même, par 54 licenciements (sur 136 salariés) à Châteaubriant.
Promesse SNCF
La moitié de ces salariés seraient en départ volontaire. Pour les autres, il y aurait proposition d’emploi par la SNCF. En effet, dans un communiqué du 25 septembre, le ministre évoque cette possibilité en écrivant :
" Arnaud Montebourg, Ministre du Redressement productif regrette que la société UVZ ait retiré son offre de reprise des sociétés ABRF et SDH malgré une mobilisation forte des acteurs publics, nationaux et régionaux, comme le député Yves DANIEL et la députée Valérie CORRE qui ont participé à l’effort du Ministère du Redressement productif pour que le plan de continuation d’activité [ndlr : des Russes] soit accepté.
« Arnaud Montebourg apporte tout son soutien au plan de continuation d’activité proposé par le management et poursuivra ses efforts pour que les commandes de wagons de filiales de la SNCF soient honorées. d’ores et déjà Guillaume PEPY, président de SNCF, a assuré au Ministre du Redressement productif que la SNCF proposera un poste à chaque salarié qui ne fera pas partie du plan de reprise ».
Notons dans ce long combat, le rôle très positif joué par la section Force Ouvrière, en contact permanent avec le député Yves Daniel. Une réunion au Ministère doit avoir lieu le 4 octobre, pour consolider l’espoir, notamment par des commandes.
Et il y a du travail à faire !
Car, en ce qui concerne le frêt, l’âge moyen des matériels constituant le parc français est particulièrement élevé : il s’établit pour la majorité entre 30 et 50 ans selon la catégorie de wagons. Des opérations de régénération ont eu pour effet de prolonger de façon significative la durée de vie des matériels, par exemple pour les wagons « porte-autos » initialement conçus pour une durée de vie de 40 ans que des transformations ont permis de repousser à 50 voire 60 ans. Ce parc spécialisé a aujourd’hui une moyenne d’âge de 40 ans car à peine plus de 1 000 wagons de ce type ont été construits en Europe au cours des vingt dernières années.
Renouveler le matériel (donc accroître la sécurité) et assurer l’emploi en France : beau chantier qu’il est urgent de commencer.
Le syndicat Force-Ouvrière témoigne de l’engagement permanent du député Yves Daniel à ses côtés.