(écrit le 16 avril 2003) - Précédente
Focast : un nouveau métaleurop ??
Lors d’un Comité d’entreprise le 25 mars 2003, la direction a annoncé du chômage partiel pour les deux secteurs (2 jours en Petites Pièces et 1 jour en Grosses Pièces). Mais il y a plus grave : « La charge est mauvaise et les mois à venir s’annoncent difficiles (cette situation est conjoncturelle puisque les autres fonderies du groupe chôment) » disent les organisations syndicales CGT-CFDT-FO qui se sont rendus vendredi 11 avril en manifestation à Paris devant le ministère des affaires sociales. « Sur tous les sites, l’angoisse grandit, les carnets de commande sont maigres, les conditions de travail se détériorent, le chômage partiel se développe. Il n’y a aujourd’hui aucune perspective sérieuse visant à pérenniser les activités industrielles et les emplois ». L’ensemble des syndicats dénonce « les patrons gangsters, la responsabilité des pouvoirs publics et du gouvernement ».
Situation suicidaire
La délégation intersyndicale a été reçue par M. MORDANT conseiller technique de François FILLON et Mme AGUETTANT qui s’occupe de formation professionnelle. Les syndicats ont fait part de leurs craintes par rapport à l’avenir industriel de Valfond : « les caisses sont vides, l’actionnaire UBS ne souhaite pas s’engager. Devant cette situation suicidaire, il faut que le gouvernement cesse de financer Valfond tant que l’actionnaire n’aura pas présenté des projets industriels fiables ». Devant les conseillers techniques de M. Fillon, effarés, les syndicats ont expliqué que diverses mesures sont employées dans différentes usines du groupe pour cacher des « plans sociaux » :
– chômage partiel (cela fait 22 mois que le site de Bléré est en chômage partiel)
– Convention de formation FNE (qui touche 130 personnes à Argentan)
– Plan amiante (qui concerne 200 personnes à Sadefa à Fumel)
Ces mesures, théoriquement, ne sont pas des outils pour se débarrasser des salariés, mais concrètement ils sont utilisés par les divers directeurs des usines du groupe Valfond, avec la bénédiction du gouvernement qui les finance.
Les syndicats ont dit STOP ! « Que l’Etat cesse de remplacer les actionnaires ! Il faut qu’UBS finance au moins la réindustrialisation du groupe et la possible casse sociale qu’il pourrait y avoir. L’Etat doit accompagner les restructurations et non pas continuer à subvenir aux besoins de l’actionnaire, sans lui demander sa vision industrielle à court et moyen terme ».
Passera pas l’été
L’expert-comptable du groupe confirme les inquiétudes syndicales, notamment en ce qui concerne l’état des finances du groupe Valfond qui, si elles ne sont pas renflouées par UBS, rapidement, ne permettront pas aux différents sites de passer le cap des congés payés.
Cette situation concerne aussi bien Focast que les autres usines du groupe Valfond. « Nous sommes au même point qu’il y a un an, avec des dettes en plus ».
Devant cet état de fait, (mais pas de fête !) le ministère va prendre contact au plus vite avec l’actionnaire pour lui demander comment il compte pérenniser l’avenir industriel de Valfond.
Par ailleurs le ministère va renouveler ses consignes auprès des préfectures et autres pouvoirs publics, pour que toute demande d’aide de la part d’UBS ne soit satisfaite que s’il y a une logique industrielle et pas seulement une logique financière.
Les organisations syndicales souhaitent que ces paroles seront suivies d’actes, et attendent la réunion du comité de groupe Valfond, prévue pour le 15 avril à Paris, pour savoir ce que la direction du groupe a pu concocter pour éviter encore une fois de jouer son rôle d’actionnaire.
Une de trop
A Châteaubriant, le groupe Valfond a prévu des investissements, montrant qu’il a une logique industrielle. Mais en même temps il a une logique financière. Reste à savoir à laquelle il donnera le plus d’importance, et quelle méthode il utilisera. Il a promis de ne pas licencier ... mais s’il réussit à dégoûter les salariés et à les faire partir un à un, il aura tenu sa promesse, tout en ayant obtenu un « dégraissage » !
Les syndicats ont appris que la direction commence à aborder doucement le rapprochement probable avec St Dizier. Pour eux il est hors de question de signer un chèque en blanc à O. SHMEER. « Les informations que nous avons sur les sites repris par tous ces » hommes de paille « ne sont pas bonnes, FOCAST a besoin d’un actionnaire solide financièrement ce qui n’est pas le cas de O. SHMEEr à nos yeux ».
Explication : O. Shmeer était depuis un an dans le groupe Valfond comme directeur de la branche des alliages légers ; Il a été « vendu » avec les meubles il y a 6 mois a Automotive Parts Manufacturing Group, (APM Group).(constitué par MM.Perronet et Migeon qui sont aussi actionnaires de Eurodec, ancienne filiale de décolletage de Valfond). O.Schmeer est donc devenu directeur général de APM Group (qui a repris 8 sites cédés par VALFOND). Mais voilà qu’au 14 mars 2003, O. Schmeer a été débarqué par la direction de APM. Il a alors réintégré VALFOND où il monterait un projet pour reprendre Focast-Châteaubriant et l’usine de St Dizier. L’actionnaire UBS lui donnerait un chèque en plus, soit-disant pour pérenniser les deux sites et un autre chèque pour services rendus à savoir : permettre le désengagement de UBs à moindre frais. Ceci aurait pu marcher si les syndicalistes CFDT-CGT Focast n’avaient pas balancé le pavé dans la mare en dénonçant l’opération dans un tract affiché dans l’entreprise.
« Les organisations syndicales ne signeront pas de chèque en blanc que ce soit à HOBSS, RIVEZ ou SHMEER » disent-elles. [Ron Hobbs est le PDG du groupe Valfond et représentant de UBS-Capital — Rivez est le directeur de la division industrie même si ses voyages à Châteaubriant se font de plus en plus rares.(il est venu à Rougé à la séance où la Communauté de Communes du Castelbriantais s’est engagée à soutenir le projet Focast).].
Tel que c’est parti, l’affaire Valfond risque de devenir une « affaire » aussi importante que celle de métaleurop (voir plus bas) et de Giat Industries, avec de nombreux licenciements à la clé. Sur le site de Bléré (Indre et Loire) 158 des 294 emplois sont menacés. A Laval, 40 emplois sur 210 sont sur la sellette. Le nouveau directeur de APM Group estime que, sur les deux usines d’Argentan (345 salariés) et des Ponts-de-cé (193 salariés), « il y en a une de trop ». On craint un dépôt de bilan de Sadefa (Ã Fumel) pour la fin du mois.
dégoûtés
dégoûter les salariés de Focast, c’est facile. La direction FOCAST a informé les syndicats « qu’elle n’est pas prête » à commencer la négociation annuelle sur les salaires, comme le prévoit la loi.
Naufrage
De façon tout-à -fait unitaire, tous les syndicats du groupe Valfond et de APM, se sont adressés aux salariés pour leur rappeler que lorsque UBS-Capital, filiale très argentée de l’Union des Banques Suisses, a racheté à Michel Coë ncas l’intégralité des parts du groupe Valfond, tout le monde s’est interrogé sur les raisons de cette décision « On a tenté de nous convaincre que nous allions voir ce que nous allions voir : la construction d’un véritable groupe industriel ».
« Trois ans après, et sans se soucier des conséquences sociales, industrielles, financières et économiques, ils osent tenter de quitter le navire sans assumer les responsabilités du naufrage. Ils osent nous dire : nous avons échoué, nous avons payé pour voir, nous ne donnerons plus un sou avant de partir ».
Pour les syndicats, c’est dans ce cadre qu’a commencé l’éclatement et le démantèlement du groupe Valfond. C’est dans ce cadre que la fuite de l’actionnaire a été organisée par un simulacre de dernier « sauvetage », de « plan de la dernière chance », avec la complicité du gouvernement et des collectivités locales.
Les syndicats accusent : « l’argent des contribuables, plusieurs centaines de millions d’euros, sont d’ores et déjà mobilisés dans les départements et régions pour parachever cette escroquerie. Nous n’acceptons pas qu’une des plus grosses banques du monde, une des plus riches, soit ainsi absente de ses très importantes responsabilités. Dans le droit français et international, les actionnaires, tant qu’il sont actionnaires, doivent assumer financièrement toutes les conséquences de leur gestion, a fortiori (ce qui est largement le cas) lorsqu’ils sont solvables ».
métaleurop, c’est cette usine de Noyelles-Godault (Pas-de-Calais). Largement subventionnée par les Pouvoirs Publics, qui a défrayé la chronique sociale en février-mars 2003 (830 licenciements), en fermant ses portes tandis que sa maison-mère se dérobait à ses devoirs de dépollution du site
Giat-industries (entreprise publique dans le domaine de l’armement) en est, en mars 2003, à son sixième plan de restructuration au prix de 3 750 suppressions d’emplois
Ecrit le 23 avril 2003 :
Vulcain
Vulcain , dieu romain de la métallurgie, va-t-il mettre le feu à ses ateliers ? C’est la question qu’on peut se poser au vu des conclusions du Comité de groupe Valfond qui s’est tenu à Paris le mardi 15 avril 2003.
On sait en effet que l’actionnaire UBS-Capital (Union des Banques Suisses) cherche à vendre la Fonderie Focast, pour laquelle la CCCastelbriantais a investi la somme de 2 027 372 euros HT . L’entreprise devrait intégrer une nouvelle unité provisoirement appelée Vulcain.
Une autre entreprise pose problème : l’entreprise Chaillous qui a des usines à Nantes, St Nazaire, Châteaubriant et Angers et qui, mardi 15 avril 2003, a annoncé la FERMETURE du site de Nantes, avec 26 suppressions de postes. et une quarantaine de mutations. Pas d’inquiétude pour Châteaubriant dans l’immédiat.
Ecrit le 7 mai 2003 :
SADEFA en dépôt de bilan : l’entreprise Sadefa à Fumel, 600 salariés, qui fait partie du groupe Valfond, et qui était déjà sous administration d’un mandataire depuis 3 mois, a déposé son bilan le 28 avril 2003. Le tribunal de commerce l’a mise en redressement judiciaire pendant 6 mois, avec obligation de faire le point tous les mois.
Un, deux, trois, virez ! : trois entreprises du groupe Valfond : SADEFA, FOCAST et St-DIZIER feraient partie d’un même projet de reprise par un cadre dirigeant que l’Union des Banques Suisses accompagnerait financièrement. En gros ça donne ça : « je te donne de l’argent, tu reprends les trois boites (qui sont en déficit), tu ne peux pas redresser la situation, alors tu fermes. Mais moi UBS, je ne serai plus accusée de liquider des entreprises ».(UBS a déjà fait ça pour une compagnie aérienne suisse)
Au feu : le feu a pris à la fonderie, mercredi 30 avril 2003 dans un réseau électrique, par suite de surchauffe. Heureusement il n’y a pas eu de dégâts. Ce ne serait pas le moment
(écrit le 14 mai 2003)
FOCAST
La CFDT et la CGT ont rencontré O. Schmeer qui a le projet, avec la bénédiction d’UBS (Union des Banques Suisses), de rependre 5 usines du groupe Valfond : trois en France (Focast, St Dizier et Sadefa), une au Luxembourg et une en Hollande.
Le patron potentiel est euphorique : « On va développer les secteurs grosses pièces et petites pièces, on va moderniser, on va retrouver la confiance des clients, on va gagner de l’argent ». mais la CFDT, qui en a vu d’autres, commente : « Ils disent tous ça. Alors, avec la CGT, nous avons demandé : vous avez les moyens de vos ambitions ? » - « Non pas encore, dit O. Schmeer, mais je négocie avec UBS ». négociation pas facile car la CFDT évalue à 15 millions d’euros le montant nécessaire pour relancer Focast et St Dizier, et 40 millions d’euros s’il faut y ajouter Sadefa. Ce qui veut dire que si le repreneur obtient moins, c’est l’échec à court terme.
Sous pression : pour l’instant on n’en est pas là , car la priorité d’UBS c’est la vente de ses « fonderies sous pression » (comme il y en a une à Rezé). « Mais si cela n’est pas réalisé au premier août, on va vers un dépôt de bilan général fin juillet. Or nous avons une réunion du comité de groupe le 16 juillet » commente Pascal Bioret avec inquiétude.
Ecrit le 21 mai 2003 :
Dans le groupe Valfond, dont dépend la fonderie Focast de Châteaubriant, les nouvelles se suivent et se ressemblent ...mauvaises.
SADEFA : il s’agit d’une autre usine du groupe VALFOND, qui doit, en principe, faire partie du même plan de reprise que Focast. Elle est en dépôt de bilan depuis le 28 avril 2003 et un Comité d’Entreprise extraordinaire s’est tenu le mercredi 7 mai, d’une part pour obtenir les salaires du mois d’avril, d’autre part pour accélérer le règlement des fournisseurs et faire rentrer d’urgence des matières premières (pour un montant de 600 000 euros). Les contrats CDD et intérim devraient être renouvelés pour faire face aux besoins de la production. Ceci prouve que l’entreprise a un carnet de commande correct. Ce qui lui manque, ce sont les fonds.
Les syndicats ont donc demandé le départ du directeur « actuel », M. Deval. Ce à quoi l’administrateur judiciaire leur a répondu que ... M. Deval était déjà parti et qu’un nouveau directeur allait être nommé, chargé de mettre en place une « Direction de crise ». La recherche d’un repreneur est activée et devrait paraître dans la presse spécialisée (Les Echos) prochainement, pour être bouclée avant le 16 juin afin qu’une décision soit prise avant le 15 juillet, date du Comité de Groupe Valfond. Tout cela donne une idée de l’urgence de la situation et n’est pas fait pour rassurer les salariés de chez Focast qui savent qu’un projet envisage de les embarquer sur le même bateau (revoir La Mée de la semaine dernière) : une reprise effectuée par M. Schmeer.
APM : 6 à 9 mois. On se souvient que le groupe Valfond a vendu huit de ses fonderies à une nouvelle entité dénommée « APM group » (sous la direction de M. Schmeer). Un comité d’entreprise a eu lieu le 12 mai 2003 pour écouter les propositions de M. Luc Féchant, directeur général d’APM Group. Il propose :
– Transfert à Argentan d’une partie des activités de l’entreprise Authion (qui se trouve aux Ponts de cé) à hauteur de 350 000 € de chiffre d’affaires par mois
– Survie de 6 à 9 mois pour les deux sites (Argentan et Ponts-de-cé)
– Licenciement de 45 personnes sur 192 aux Ponts-de-cé
– Licenciement de 252 personnes sur 358 à Argentan
Les syndicats ont évidemment rejeté un tel plan, en disant que leur rôle est de défendre l’emploi et non de négocier des licenciements.
UBS retrouve le moral ! ! !
Selon le journal La Tribune du 14 mai 2003, l’Union des Banques Suisses retrouve le moral, bien que son bénéfice net du premier trimestre soit en recul de 11 % . Ce bénéfice se monte quand même à 0,804 milliards d’euros ! Mais voyez-vous comment est faite l’information : 0,804 milliards, ça paraît moins, quand on lit rapidement, que 804 000 000 d’euros (ce qui fait 5,3 milliards de francs). Tout l’art d’informer ....en donnant le « sentiment » que la situation n’est pas florissante.
Et pourquoi qu’UBS retrouve le moral ? On vous le donne en mille, parce que, dit Peter Wuffli, directeur général de la Banque, celle-ci a mis en place « un strict contrôle des coûts et une gestion serrée des ressources en capital » qui se traduit par la suppression de 666 emplois pour ramener les effectifs à 63 400 personnes. Des suppressions d’emplois, c’est bon pour le moral ?