Ecrit le 28 mars 2018
La déception s’étend en France, nombre de ceux qui espéraient un changement positif avec le nouveau président, déchantent de plus en plus en voyant s’accumuler les soucis sur les catégories les plus ’inférieures’.
Les EHPAD
Ce ne sont pas les salariés qui se plaignent. c’est un rapport parlementaire de Monique Iborra (La République en marche) et Caroline Fiat (La France insoumise) qui fait le constat d’une « profonde crise » dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).
Après avoir visité 19 établissements dans toute la France et effectué des déplacements aux Pays-Bas et au Danemark, Monique Iborra et Caroline Fiat préconisent des mesures immédiates pour répondre à la crise actuelle mais appellent aussi à repenser le « modèle même de l’Ehpad » et à réinventer « le financement et la gouvernance de la prise en charge des personnes âgées dépendantes ». Leur rapport égrène 31 propositions avant la tenue d’un « grand débat national » et de grandes orientations promises pour fin mars par la ministre de la Santé.
Elles proposent de doubler le taux d’encadrement de soignants, de lutter contre la perte d’autonomie notamment en développant la prévention. Et de baisser les coûts et le reste à charge pour les résidents.
Les urgentistes
Chaque matin, les médecins urgentistes se chargent de compter les patients sans lit avant de publier ces chiffres sur internet. Ainsi, depuis le mois de janvier, ils en ont compté 15 000. S’agissant de la nuit du 13 au 14 mars, ils ont recensé 287 personnes contraintes de dormir sur un brancard en France. Les hôpitaux sont confrontés à un afflux de patients, au vieillissement de la population et à des restrictions budgétaires.
En 20 ans, le nombre de consultations aux urgences a doublé, passant de 10,1 millions de consultations par an à 20,3 millions en 2015, selon le dernier bilan du ministère de la Santé. « Pour plusieurs raisons : la difficulté d’avoir accès à un médecin généraliste près de chez soi, des problèmes sociaux d’accès aux soins pour ceux qui ne peuvent pas payer une consultation, un changement sociétal dans les attentes des gens qui veulent une réponse tout de suite à leur problème. Enfin, avec le vieillissement de la population de plus en plus de personnes âgées consultent avec des polypathologies », explique Thomas Mesnier, député LREM de Charente, médecin urgentiste chargé d’un rapport par Agnès Buzyn sur les soins non programmés.
Les services peuvent parfois chercher un lit pendant plus de 50 minutes pour un patient qui doit ensuite être hospitalisé pour une période plus longue dans un autre service, selon une étude de la Drees.
Les postiers
A Rennes, le mouvement de grève débuté le 9 janvier entraîne une large paralysie de la distribution du courrier : 350.000 lettres seraient en attente. Le mal-être de Rennes est le même partout.
Les postiers du centre-ville de Nantes expliquent : « Depuis le 20 février, une nouvelle organisation a été mise en place pour la distribution des courriers et colis : faire le même travail avec 6 emplois en moins, avec une partie des facteurs qui font désormais deux tournées par jour au lieu d’une... dans deux parties différentes de Nantes. Le résultat : d’énormes retards dans le traitement et la distribution des courriers et des colis. Le résultat : de nombreux facteurs ne mangent pas le midi, une explosion des heures supplémentaires, un épuisement physique et moral généralisé. On a vu un facteur ayant embauché au petit matin repartir pour faire une autre tournée à 16h A plusieurs usagers en colère, il a été répondu que les facteurs de Nantes Bretagne sont en grève... c’est faux. Il n’y a pas eu un jour de grève depuis le 20 février ».
Mêmes échos du côté de St Herblain : « De plus, ces importants changements se passent dans une atmosphère délétère puisqu’entre autres conséquences de tout ce bazar, les réclamations et incivilités sont nombreuses de la part des usagers/clients exaspérés par les très nombreux retards de leurs courriers et autres colis, ainsi que par les changements d’heures de distribution, en sachant qu’aucune mesure de prévenance n’a été mise en place par la direction de la Poste ».
A Châteaubriant les postiers ne sont pas encore touchés par « la méridienne » mais ils craignent que cela n’arrive.
Retraités
La hausse de la CSG des retraités (Cotisation Sociale Généralisée) de 1,7 point pour financer une baisse de cotisations sociales des actifs touche quelque 60 % des retraités français, soit environ 7,5 millions de personnes qui s’étonnent d’être considérés comme « aisées » à partir de 1200 €/mois. Et encore, ils ignorent qu’en France, au ministère des finances, 150 cadres gagnent plus de 12 500 € /mois. On dirait qu’il y a une injustice quelque part
Le premier ministre a promis de faire un geste pour 100 000 d’entre eux. Il restera donc 7,4 millions de retraités pénalisés.
Impôts
Dans un communiqué, le syndicat CGT des Impôts dénonce un service à deux vitesses !
Fini les remises pour les pauvres.
Certains services, sur consignes hiérarchiques, ne traitent pas les demandes de remises gracieuses, déposées par les personnes en difficulté de paiement. Les demandes sont alors stockées pendant des semaines, laissant nombre de personnes dans l’embarras et dans l’angoisse, avant d’être trop souvent rejetées dans l’urgence sans même être examinées sur le fond.
Parallèlement, on n’applique pas les majorations aux déclarations « tardives » des « rapatriés fiscaux » (avoirs détenus à l’étranger non déclarés) sans majoration !
Les Directions demandent aux agents d’appliquer des procédures inappropriées pour taxer les contribuables qui ont omis de déclarer leurs revenus au printemps dernier. En effet, la loi prévoit, pour ces « défaillants », l’envoi d’un courrier de mise en demeure de déposer une déclaration de revenus dans un délai de 30 jours. Sans réponse du contribuable, une procédure de Taxation d’Office est alors mise en œuvre.
Mais désormais, les services fiscaux n’envoient plus de mise en demeure (et surtout pas en recommandé !). Afin de taxer plus vite, pénurie d’agents oblige, une Procédure de Rectification Contradictoire (PRC) est enclenchée, en courrier simple (pour faire des économies d’envois postaux). Et pourtant, la loi n’a pas prévu cette procédure pour ce genre de cas.
Ce traitement est réservé aux contribuables dont l’impôt est estimé à moins de 1800 € ou 1500 € (selon le Service Impôt des Particuliers, le seuil n’est pas le même !). Les responsables des services fiscaux ont estimé sans doute que, sous un certain seuil, personne n’aura le courage d’aller devant le tribunal administratif pour faire annuler la procédure.
Mais il est vrai qu’Ã l’époque des économies et de la destruction des services publics, l’égalité devant la loi est sans doute un principe archaïque et obsolète. « Selon que vous serez puissant ou misérable... »