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Ecrit le 9 juin 2021
On ne plaisante pas, au boulot ! Quelques exemples Heureusement la justice, des fois ...
Chronodrive
Chronodrive, une entreprise de grande distribution en ligne, qui vante ses emballages écologiques. Mais une salariée, Rozenn, dénonce : « Je travaille à #Chronodrive, je vous dis même pas combien d’aliments on nous force à jeter simplement parce que l’emballage est un peu abîmé. Et on peut même pas les récupérer sinon on est accusé de vol Très écolo Chronodrive dis donc. »‰« . Une procédure de licenciement est engagée. On croyait que la loi protégeait les »lanceurs d’alerte « Dans cette entreprise, qui se glorifie de travailler avec la Banque Alimentaire, »« ‰On jette des litres de lessive parce que le bouchon est cassé ou l’étiquette déchirée, de la viande en quantité »‰" Un gâchis, alors que 70 % des employés sont des étudiants, parfois en grande difficulté financière. Beaucoup peinent à s’acheter les denrées qu’ils doivent mettre à la benne, et ne sont pas autorisés à les récupérer.
Pour la jeune fille, la mise à pied relève, d’après elle, d’une discrimination syndicale, réprimant son activité autour de la dénonciation du sexisme et du harcèlement moral dans l’entreprise. Elle y voit également une manière de déstabiliser la section CGT. « En octobre 2020, une collègue est venue me voir en me disant qu’elle était harcelée sexuellement depuis trois ans » se souvient-elle. « Elle a fait plusieurs dépressions, la direction n’a fait que la pousser à la démission ». Après l’avoir accompagnée dans ses démarches, Rozenn se retrouve, de fil en aiguille, réceptrice de plusieurs récits d’autres femmes employées dans cette entreprise. La section CGT décide alors de monter des vidéos « à destination de nos collègues de Lille et d’ailleurs »‰ ; puis de lancer une campagne de témoignages " raconte Rozenn
Allez, faites-la taire !
Clémentine
Quatre ans et deux procès aux Prud’hommes, pour une clémentine ! Il y a quatre ans, un employé de la Redoute, à Roubaix, avait été mis à pied une journée après avoir mangé un fruit à son poste de travail ; Ce jour de novembre 2017, il avait pris son poste de préparateur de commande à 4h30 du matin et travaillait normalement lorsqu’une « microcoupure » était survenue. Empêché un court instant de réaliser ses tâches, il en avait profité pour s’asseoir et manger un fruit en attendant la pause réglementaire de 10h. Lorsque l’incident avait été réparé, le préparateur avait posé les épluchures de clémentine à son poste et avait repris le travail. Mais sa manager, qui passait par là , lui avait reproché d’avoir mangé un fruit à son poste. Reproche qui avait débouché sur un rapport et une sanction disciplinaire : une journée de mise à pied avec retenue de salaire.
délégué syndical CGT, le salarié mis en cause avait contesté cette sanction devant les prud’hommes de Roubaix. La chambre sociale de la cour d’appel de Douai n’a pas invalidé les faits qui étaient reprochés au salarié, celui-ci ne les contestait d’ailleurs pas, mais a considéré que la sanction était « disproportionnée au regard des faits qui lui sont reprochés ». La sanction a donc été annulée et la Redoute devra payer au salarié « 70,49 euros à titre de rappel de salaire outre 7,04 euros pour les congés payés ». L’employeur devra aussi lui verser 1.500 euros pour couvrir les frais de justice.
Patate
Une jeune femme salariée dans un supermarché Leclerc du quartier du Stockfeld à Strasbourg (Bas-Rhin), avait été l’objet, fin mars 2021, d’un licenciement pour faute grave. La raison : elle avait fait deux modestes achats - une baguette et une patate douce - sur son temps de pause, sans respecter scrupuleusement le règlement intérieur. Elle avait alors publiquement révélé les faits, disant être « tombée des nues » quand elle avait appris son licenciement pour ce motif. « Faire quelques courses pendant sa pause est courant. Les chefs de caisse le font, les adjointes de caisse aussi, tout le monde le fait ! Dans ce cas, il faudrait virer tout le monde du magasin. » dit un collègue. La jeune femme, elle, a décidé d’entamer une procédure devant les prud’hommes. Une démarche qu’elle ne mènera finalement pas à son terme, en raison d’un accord amiable qu’elle a conclu avec l’enseigne. La médiatisation a payé !
Moussaron
L’Affaire de l’IME de Moussaron (1993-2018) est une série d’accusations de maltraitance des personnes handicapées hébergées dans un Institut médico-éducatif privé du Gers situé dans le château de Moussaron, près de Condom, en France.
En 1993, 1999 et 2013, trois anciens salariés de cet établissement y dénoncent des maltraitances. Les deux premiers sont condamnés pour diffamation, la troisième, Céline Boussié, étant relaxée. Un reportage est tourné en caméra cachée dans une aile ancienne de cet IME, montrant des enfants polyhandicapés qui dorment dans des box en plexiglas et défèquent, nus, dans des seaux. Il est diffusé sur la chaîne française M6 début 2014, suscitant de nombreuses réactions publiques et politiques.
Pendant plusieurs années, Céline Boussié a dénoncé, d’abord en interne, des maltraitances sur des enfants et jeunes adultes handicapées dans cet Institut médico-éducatif (IME). « dénoncer, ça a été un suicide moral, familial et professionnel » dit-elle en évoquant des pressions de sa hiérarchie. « On me répondait que je mentais, j’étais beaucoup plus contrôlée que les autres par la direction, on me refusait systématiquement Noë l en congé » . « ‹A cette pression, s’ajoutait celle, beaucoup plus insidieuse ou brutale, de certains collègues de travail. »Ils jouaient aux fléchettes sur une photo de moi placardée au mur de l’institution ; sur le marché de ma commune de résidence, certaines venaient distribuer des tracts à mon encontre, multipliant les accusations, propageant l’idée que j’aurais une vie dissolue. C’était dégradant. Un jour, ma hiérarchie m’a convoquée et a fait mention d’allégations de prostitution me concernant. « Finalement, à la suite d’un arrêt maladie, Céline Boussié est licenciée par ses employeurs en 2014 pour » inaptitude à tout poste « »‹. Elle a contesté son licenciement et la justice lui a donné raison.
Post-it
Mars 2015, cécile est aide à domicile, dans le canton du Sel-de-Bretagne en Ille-et-Vilaine. Son passage chez une retraitée se passe particulièrement mal et elle lui laisse, à son départ un post-it sur une table. « Madame, quand j’arrive chez vous la moindre des choses c’est de me dire bonjour et de m’accueillir, pas de m’engueuler parce que je n’ouvre pas la porte. Je ne suis pas un chien, mais une personne », reprochait-elle alors. Un message qui lui avait valu un licenciement « pour cause réelle et sérieuse » . Mais en 2017 le Conseil des prud’hommes de Rennes tranche en faveur de l’aide à domicile. Cependant l’association employeuse fait appel. c’est ce dossier qui vient d’être tranché dans un arrêt du 21 janvier 2021 par la cour d’appel de Rennes. l’association doit finalement payer 4.800 euros de dommages et intérêts « Ã titre de dommages-intérêts pour licenciement sans cause réelle et sérieuse ». 3.000 euros complémentaires devront aussi être versés, précise France Bleu.
Neuf heures
Une société bancaire n’était pas contente d’un trader. Elle l’a licencié, mais le salarié a dû subir un interrogatoire éprouvant de 9 heures au moment de la remise de sa lettre de mise à pied. La banque a multiplié les informations qui ont été diffusées auprès d’organismes financiers et ont obéré l’avenir de ce salarié en portant atteinte à sa réputation et à son honneur, alors qu’il n’avait que 35 ans. Ce salarié, en outre, n’a pu conserver l’emploi qu’il avait retrouvé en raison des pressions exercées sur son nouvel employeur. La Cour de cassation, Chambre Sociale, a caractérisé le comportement fautif de l’employeur ayant causé au salarié un préjudice distinct de celui résultant du licenciement.